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LE RENOUVEAU

MUSICAL

​

  TELEVISION PROGRAMME

 

 

TELEVISION ACADEMY

FOUNDATION

Masada Pictures © 1981 Universal TV - DR

AVEC PEU D'INSTRUMENTS,

JERRY GOLDSMITH CRÉÉ

DES AMBIANCES

HYPERTENDUES !

 

 
Un sens obtu de la dramatique

et du mystère...

 

Évoluant de la radio à la télévision puis au cinéma, la carrière de Jerry Goldsmith est typique du parcours suivit par la génération de compositeurs ayant débuté dans les médias américains des années 50. Souplesse, professionnalisme et facilité d'adaptation sont les vertus indispensables pour faire reconnaître son talent, et la grande créativité du jeune musicien, particulièrement dans le domaine télévisuel, en sera un bel exemple. Certaines compositions pour des séries comme « Thriller » et surtout « The Twilight zone » sont significatives de l'orientation de la musique de film de cette période. Avec Jerrald Goldsmith, les sources d'inspirations stylistiques mutent et l'on ne se réfère plutôt à l'école de Vienne qu'aux romantiques. Après la télévision, le cinéma à son tour commence a assumer ce nouvel héritage, tel le score de "Freud" du réalisateur John Huston.

 

On remarquera dés les débuts du musicien les modifications de rythmes, les modulations de timbres, et l'emploi du seriel, avec une propension à vouloir s'échapper de l'obsession du thème. Jerry Goldsmith est très vite considéré comme l'un des musiciens les plus talentueux, osé et ambitieux de la toute jeune génération auquel il appartient et son style va contribuer à faire abandonner la loi de la spécificité musicale des genres. Grace à ce formidable savoir-faire, les possibilités d'intervention sont multiples...

 

Jerrald King Goldsmith a 22 ans lorsqu'il entre à la radio. En 1950, par un concours de circonstances, il se trouve un emploi de copiste dactylo dans les bureaux de la célèbre radio américaine CBS (Columbia Broadcasting System). Ce travail administratif de routine ne lui permet pas encore de s'adonner à la composition musicale à temps plein, cependant le jeune homme écrit de la musique pour des petites formations dans lesquelles il se produit le weekend.


En 1953 on lui propose d'intervenir en tant que conseillé musicale sur des plateaux radio. Son aide précieuse et constructive porte ses fruits car l'année suivante, il accède à un poste de superviseur musical. C'est à cette occasion qu'il croise de jeunes metteurs en scène tels que John Frankenheimer, Franklin J. Schaffner ou encore Ralph Nelson, tous co-producteurs de shows. Lors de sa première, on assiste à la scène suivante : une actrice crie devant la caméra puis s’effondre, quelqu’un agite alors le bras et c'est au compositeur de lancer sa musique jouée en direct...

  

 

 Boris Karloff's  THRILLER - The poisoner © DR

Pour ses premières créations, Jerrald Goldsmith ne dispose que de trois ou quatre musiciens, lui-même se mettant au piano ou à l’orgue, mais ce manque d’effectif ne lui permet pas toujours de concrétiser les expériences musicales qu'il a à l'esprit. Ces années de formation à la radio s'avèrent difficiles pour le jeune compositeur qui doit bien souvent enregistrer et jouer sa musique avec des budgets extrêmement restreints et la concurrence est rude car beaucoup de jeunes et bons musiciens émergent du système.


Mais ses idées plaisent. Ses premières compositions pour des émissions radio comme ‘Romance' et ‘CBS Radio Workshop' lui permettent de faire ses armes et l'amènent progressivement vers la télévision. Goldsmith travaillera pour la CBS jusqu'au début des années 60 et signe pour elle la musique de plusieurs épisodes d'une célèbre série télévisée ‘Studio One'. On le retrouve également sur différentes émissions et séries telles que ‘Hallmark Hall of Fame', ‘General Electric Theater', et ‘Climax!' (où il rencontre le réalisateur Jack Smight avec lequel il allait collaborer sur certains films dans les années 60/70).

Suivront ‘The Lineup', ‘Playhouse 90', ‘Gunsmoke' et ‘Have Gun – Will Travel'. Ces deux dernières, se déroulant dans l'univers du Far-West, ont sans doute contribué à stimuler le goût du compositeur pour les musiques de western, il en écrira tout au long des années 60/70.

  

 

THRILLER HAVE GUN WILL TRAVEL, BARNABY JONES, PLAYHOUSE 90, DR KILDARE...

Marié depuis 1950 à la chanteuse Sharon Hennigan, il est père d'une petite fille, Ellen. Il dort peu et les journées sont longues mais la composition pour le petit écran lui permet de bien gagner sa vie. Les contraintes en studios sont nombreuses et il lui arrive même de composer plusieurs musiques à la fois sur des journées de 24 heures de travail. Souvent le soir, en rentrant chez lui, Goldsmith s’assoie à son piano et, en boulimique de travail, décompresse en écrivant une pièce de musique classique.

  

A la CBS, il rencontre Lalo Schifrin, John Williams, Quincy Jones, Dave Grusin et surtout Bernard Herrmann avec qui il co-compose (sur ‘Studio One’ ou ‘Have Gun - Will Travel’ par exemple). Ce petit monde se croise dans les couloirs et si chacun possède son propre bureau, l'espionnage musical est courant ; une certaine émulation non dénuée de rivalité les amènent à écouter le travail des autres car il faut donner sans demi-mesure le meilleur de soi.

 

Dans ce défi permanent, Jerry Goldsmith franchira finalement le cap qui sépare la télévision du cinéma avec beaucoup de succès. En 1957, Jerry Goldsmith voit pour la première fois son nom s'afficher au générique d'un long-métrage. Produit par Warner Bros, ce sera ‘Black Patch' (L'homme au bandeau noir), western noir d'Allen H. Miner avec George Montgomery et Diane Brewster. Entre deux compositions pour la télévision, Goldsmith écrit la musique de deux autres films : ‘City of Fear' thriller d'Irving Lerner (1959) avec Vince Edwards et Lyle Talbot et le western ‘Face of a Fugitive' (Paul Wendkos – 1959, avec Fred MacMurray et Lin McCarthy) il est crédité sous le nom de ‘Jerrald Goldsmith'.

 

A l’aube des sixties

 

Vers la fin de l'année 1950, le créateur Rod Serling, bien connu à la télévision pour les scénarios de la série "Playhouse 90", propose à la chaine CBS un nouveau concept Fantastique/fiction pour le grand public , son nom : « The Twiligh zone Â». Ce programme, qui s'annonce colossal est basée sur des histoires inventées par Serling lui-même. Bernard Herrmann est à l’origine du thème de la première saison (1959) avant d'être remplacé pour la deuxième à la demande expresse des concepteurs de la série. Marius Constant prend le relais. A noter que plusieurs thèmes ont été soumis, certains de Bernard Herrmann, de Jerry Goldsmith, et de Leith Stevens.

 

Le directeur musical de la CBS Lud Gluskin fait donc appel à Constant, qui écrit six pièces pour petite formation, le compositeur apprendra bien plus plus tard que son célèbre thème est né de l’assemblage de deux de ses six pièces, composées à l’origine pour la série et intitulées respectivement « Etrange 3 Â» et « Milieu 2 Â». The Twiligh zone fera son retour sur le petit écran en 1985, accompagnée d’un nouveau générique, une improvisation rock basé sur celui de Constant par le groupe ‘The Greatful Dead’.

JERRY GOLDSMITH

AT CBS STUDIOS 

JERRY GOLDSMITH

CD Prometheus

Covert art.

THE WALTONS, DR KILDARE, BEN CASEY...

Lloyd Bridges

as William Colton, 1965.

THE LONER

TV SERIES

JERRY GOLDSMITH

CD Filmscore Monthly

Covert art.

Bernard Herrmann et Nathan Van Cleave sont les premiers compositeurs à avoir officié sur ‘The Twilight Zone’, offrant des partitions souvent riches, modernes, voire expérimentales. Jerry Goldsmith, déjà présent à la CBS et ayant fait forte impression sur Rod Serling fut vite du voyage. Ses précédentes approches, toujours très créatives, sur les séries ‘Thriller’ et ‘Playhouse 90’ lui ont permit de mettre en place les bases d'un style très "novateur" pour l’époque avec ici, une nouvelle démonstration de l’étendue et de la pertinence de ses idées musicales.


Jerrald Goldsmith compose ainsi la musique de sept épisodes de ‘The Twilight Zone’ entre 1960 et 1961 : ‘The Four of Us Are Dying’, ‘The Big Tall Wish’, ‘Nightmare as a Child’, ‘Nervous Man in a Four Dollar Room’, ‘Dust’, ‘Back There’ et ‘The Invaders’.


Particulièrement bien ficelée, la partition aux ambiances jazzy de ‘The Four of Us Are Dying’ apporte dés les premières mesures un « son » nouveau et témoigne d'un formidable «savoir-faire » annonciateur des futurs "Chinatown" et "Détective". Une performance approuvée par Serling et la production qui rapidement confient à Goldsmith la composition de deux autres segments "The big tall wish", et "Nightmare as a Child’, musiques cette fois discrètes et nostalgiques.


‘Nervous Man in a Four-Dollar Room’ s’avère être particulièrement inventive et ironique avec une utilisation astucieuse des instruments : cordes, piano, flûte, flûte alto, vibraphone, xylophone, guitare basse, maracas. Cet épisode raconte l’histoire de Jackie Rhoades, un jeune gangster de 34 ans qui attend son patron dans une chambre d’hôtel. Ce dernier le charge de liquider le propriétaire d’un bar mais lorsque Jackie aperçoit une image différente de lui-même dans un miroir de l’hôtel, il décide de changer de comportement et de donner un nouveau tournant àson existence. La musique s’avère être plus restreinte mais aussi plus légère que pour les épisodes précédents avec le rôle prédominant d’une petite rythmique de maracas qui parcourt l’ensemble des 8 minutes de la suite. Goldsmith développe avec cohérence certains motifs qu’il n’hésite pas à faire passer d’un groupe d’instruments à un autre, que ce soit les flûtes ou le piano.

 

Le maestro, toujours très inventif crée des couleurs orchestrales à la fois légères et un peu étranges, avec une tension sous-jacente mais jamais agressive ou explosive. En 1999, le label Silva Screen a édité un coffret de 4 CD réunissant quelques uns des meilleurs moments musicaux de la série. La partie consacrée à Jerry Goldsmith débute avec ‘Back There’, partition avant-gardiste sombre et dissonante qui instaure à l’écran une tension permanente par l'emploi d’une écriture tourmentée des cordes, du piano et du clavecin (à noter ici l’utilisation d’une formation instrumentale réduite, typique des musiques télévisées à budgets modestes).

L’épisode raconte l’histoire de Peter Corrigan, un jeune journaliste américain qui remonte le temps et atterrit en 1865 afin d’empêcher l’assassinat d’Abraham Lincoln. Dans ‘Back There’, on reconnaît dès 1960 le style "viennois" de la partition de ‘Freud’ que Jerry Goldsmith composera deux ans plus tard pour John Huston. Le compositeur passe ici en revue certaines techniques instrumentales modernes de cordes et utilise le clavecin pour créer un sentiment d’étrangeté (Goldsmith réutilisera d’ailleurs cet instrument dans ‘Freud’). On retrouve par moment un style harmonique et mélodique proche de Berg et de Bartok (l’écriture des cordes rappelle beaucoup certains ‘quatuors à cordes’ de Bartok).

JERRY GOLDSMITH

CD Filmscore Monthly

Covert art.

JERRY GOLDSMITH

CD Filmscore Monthly Vol.1

Covert art.

JERRY GOLDSMITH

CD Filmscore Monthly

Covert art.

CD cover Art BSX Records

STAR TREK VOYAGER

TWILIGHT ZONE - INVADERS

Dans un registre assez similaire, ‘The Invaders’ prolonge le climat de mystère et de suspense en utilisant ici un langage dodécaphonique typique des expérimentations du Goldsmith des années 60. On retrouve une formation assez restreinte : cordes, piano, vibraphone, harpe, célesta et cloches.

 

L’épisode raconte la confrontation terrifiante entre une vieille femme vivant seule dans une petite maison et un groupe d’extraterrestres issus d’une soucoupe volante ayant atterrit non loin. La vieille femme défait les envahisseurs et l'on s’aperçoit qu’ils ne sont pas des aliens mais bien des spationautes humains voyageant dans une capsule de l’U.S. Air Force.

Goldsmith instaure tout au long de l’épisode une tension permanente avec un motif de tritons de violon, idée que'il reprendra 11 ans plus tard dans sa partition expérimentale ‘The Mephisto Waltz’ (1971). A ce motif aux accents diaboliques s’ajoute un second motif rythmique inquiétant de deux notes, illustrant la menace des envahisseurs.

Goldsmith maintient tout au long de l’épisode une écriture sérielle dissonante. Son utilisation du violon solo et son jeu extrêmement staccato inspireront d’ailleurs en 1984 le compositeur pour le segment ‘Nightmare at 20.000 Feet’ de ‘Twilight Zone The Movie’ (épisode réalisé par George Miller).

 

Enfin, signalons la musique de ‘Dust’ représentant le style d'inspiration western de Jerry Goldsmith avec une anticipation sur ‘A Patch of Blue’ et ‘Lilies of the Field’. Cet épisode possède certainement l'effectif instrumental le plus restreint des épisodes, l’harmonica dominant la partition du début jusqu’à la fin, la progression lente du score de ‘Dust’ aboutit cependant à un petit thème très lyrique de quelques secondes. Un accord particulier que l'on jugera plus tard typique de son auteur.


Assurément, la participation à ‘The Twilight Zone’ marque un tournant décisif dans la carrière du musicien, et les pages de ‘Back There’ ou ‘The Invaders’ possèdent quelques unes des "recettes" musicales qui jalonneront sa création cinématographique ultérieure. Ce fut une grande expérience pour le compositeur, mais aussi une confrontation entre deux générations ; Bernard Herrmann, qui travaillait sur la série, voyait d’un mauvais Å“il les idées nouvelles et avant-gardistes du jeune Goldsmith. Ce dernier allait bientôt quitter la "Herrmann Zone" pour développer enfin un son déjà très personnel, il pouvait dés lors mettre à profit toute une expérience acquise à la CBS alimentée par son génie d'autodidacte.

 

Engagé par Revue Studios, Goldsmith écrit en parallèle la musique de plusieurs séries TV incluant ‘Wagon Train', ‘Perry Mason', ‘Wanted: Dead or Alive' (ces deux dernières produites par CBS),

 

sans oublier ‘Thriller' au début des années 60, fameuse série d'anthologie horrifique présentée par Boris Karloff. Sa participation à quelques séries de Revue Studios l'amène par la suite à mettre en musique des séries plus célèbres telles que ‘Dr. Kildare' ou ‘The Man From U.N.C.L.E.' (des agents très spéciaux). 

 

Entre 1961 et 1962, il signe les musiques de quelques épisodes de la série TV ‘Thriller’ dont certains développent des éléments musicaux issus de ‘The Twilight Zone’, puis en 1965, on retrouve ses accords dans un épisode de la série ‘Voyage to the Bottom of the Sea’ intitulé ‘Jonah and the Whale’. ‘Voyage to the Bottom of the Sea’ raconte les aventures mouvementées du sous-marin américain, le ‘SSRN Seaview’, chargé de scruter le fond des mers à la recherche des mystères des profondeurs. Le thème principal est introduit dès le ‘Main Title’, mélodie mystérieuse et ample utilisant des cuivres en sourdine graves et quelques synthétiseurs « sixties Â» aux sonorités étranges, il restera très présent tout au long de l’épisode pour être largement développé dans le morceau ‘A Whale of a Whale’. Goldsmith y développe des orchestrations plus riches, complexes et massives. A noter que les cordes sont absentes de l’orchestre, le compositeur ayant décidé de n’utiliser que le pupitre des cuivres, des bois et des percussions (un peu comme le fit Bernard Herrmann sur certaines partitions plus anciennes).

La musique s’avère être agressive, dissonante et tonitruante, utilisant divers effets instrumentaux inédits (avec notamment des effets de flatterzunge agressifs de cuivres), typiques du Goldsmith ‘60s’. A noter également l’importance des cuivres dans ‘A Meal Fit for a Whale’ avec le développement d'un motif menaçant de 4 notes à travers lesquelles le maestro continue de développer des effets instrumentaux impressionnants, étranges, et réellement terrifiants. Le sentiment de puissance et de chaos usant d’un langage musical atonal doit autant à Stravinsky qu’à Bartok (on pense par moments à la violence du ‘Mandarin merveilleux’ de Bartok). ‘Collision Course I & II’ développe l’obsédant motif de 4 notes rendu encore plus inquiétant par ses cuivres graves et massifs à la Bernard Herrmann. 

 

La même année, le maestro travaille sur une autre série en faisant escale à la NBC pour ‘Dr. Kildare’ (1961) dont l'action se déroule dans le milieu hospitalier américain, celle-ci réuni quelques grands noms du cinéma hollywoodien avec Richard Chamberlain, Leslie Nielsen, Martin Balsam, William Shatner, Jack Nicholson, Ricardo Montalban ou bien encore James Earl Jones ou Fred Astaire. Jerry Goldsmith est amené à écrire le thème et la musique de quelques épisodes, occasion pour le compositeur d’écrire une musique pour une plus grande formation avec un thème romantique riche et développé. Le travail effectué sur ‘Dr Kildare’ aura lui aussi un certain impact sur la filmographie TV du compositeur, toujours crédité au générique en tant que Jerrald Goldsmith- , son thème fera ainsi le tour de l’Amérique et de l’Europe. 

 

Le cinéma est en pleine mutation et les idées nouvelles de certains metteurs en scène conduisent ainsi tout naturellement vers un renouveau de la musique de film. John  Huston, metteur en scène de génie, annonce en 1962 sont nouveau projet ‘Freud’, avec l’acteur Montgomery Clift dans le rôle du célèbre psychanalyste viennois et offre son entière confiance au jeune Jerry Goldsmith qui est alors engagé par la Universal. Enregistrée à Rome sous la direction de Joseph Gershenson, cette musique sera un autre électrochoc dans la carrière naissante de Goldsmith et sera toute aussi déterminante pour l’avenir du musicien qui sera nominé pour la première fois aux Academy Award. Jerry Goldsmith, sans le savoir, venait d’ouvrir de nouvelles portes et était désormais promis à un grand avenir dans la musique de film hollywoodienne. Tout au long de sa carrière de compositeur pour le cinéma, il ne cessera jamais de travailler pour la télévision, restant toujours persuadé qu’il y a beaucoup à faire dans ce domaine, apportant, comme Lalo Shifrin à la même époque, sa patte indélébile à des séries devenues cultes comme ‘Barnaby Jones’, ‘Anna and the King’, ‘The Waltons’, ‘Room 222’ et bien d’autres. 

‘The Man from U.N.C.L.E.’ (Des agents très spéciaux), la célèbre série d’espionnage des « sixties Â» aux deux agents secrets, Napoleon Solo (Robert Vaughn) et Illya Kuryakin (David McCallum), permet à Goldsmith d’écrire quelques nouvelles compositions majeures dont le thème de la première saison, ainsi que la musique de trois épisodes : ‘The Vulcan Affair’, ‘The Deadly Games Affair’ et ‘The King of Knaves Affair’.

Le générique s’apparente à une marche plutôt entraînante avec ses trilles de trompettes enjouées. Les orchestrations sont vives et inventives et le maestro développe des accents issus du jazz saupoudré de quelques touches d’humour bien placées, la musique des trois épisodes oscille entre moments légers un brin kitsch et morceaux d’action enlevés. FSM (Film Score Monthly) a consacré une série d’enregistrements à la série, incluant également le travail Morton Stevens, Walter Scharf, Lalo Schifrin, Gerald Fried, Robert Drasnin, Richard Shores et Nelson Riddle. Rappelons que Goldsmith a aussi écrit la musique du pilote de la série, ‘To Trap a Spy’, réalisé par Don Medford en 1964, et qui met déjà en place une partie des éléments musicaux de la série TV.

 

En 1968, Goldsmith signe pour un téléfilm de 15 minutes nommé ‘Nick Quarry’, court-métrage policier avec Tony Scotti et Gena Rowlands dont les influences jazz sont dans la lignée directe du film « Warning shot Â». Il utilise une formation instrumentale avec orgue hammond, guitare basse, batterie et section de cuivres, le tout avec, comme toujours, un thème principal de grande qualité. Là encore, la musique a été publiée par FSM, sur l’album contenant la musique de ‘The Stripper’ (1963).

 

Comme souvent dans ses musiques « sixties Â» plus populaires, Goldsmith glisse quelques allusions à la musique pop kitsch de l’époque préparant par moment les passages assez datés de ‘Escape from the Planet of the Apes’ (1971).‘Nick Quarry’ s’avère donc entraînant, frais, résolument populaire, et finalement typique des musiques de polar de l’époque.

 

L'année suivante, Goldsmith écrit pour l’épisode ‘The Whispering Tree’ de la série TV ‘Gunsmoke’, renouant avec son style western entendu dans les films ‘Rio Conchos’, ‘Stagecoach’ ou encore ‘Lonely Are the Brave’. Il compose aussi le thème principal ainsi que l’un des épisodes de la série ‘Jericho’ qui se déroule pendant la seconde guerre mondiale, l'occasion pour lui de croiser Richard Donner avec lequel il collaborera 10 ans plus tard sur ‘The Omen’.

 

Goldsmith conclut sa décennie « sixties Â» avec la musique du pilote de la série TV ‘Room 222’ (1969), évocation du milieu scolaire californien où des professeurs tentent d’éduquer de jeunes gens contre les problèmes de la société américaine des années 60. Le très beau thème principal se distingue par un ton résolument léger et apaisé où la flûte à bec soliste est incorporée à l'orchestre (guitare, guitare basse, batterie, cuivres, flûte, percussions, cordes). Goldsmith y exprime clairement toute sa sensibilité, tandis que certains morceaux, plus enjoués, évoquent quand à eux la jeunesse californienne de façon plus exubérante.

 

 

L’essor des productions télévisées durant les seventies.

 

 

Le passage aux années 70 permet au compositeur d’œuvrer davantage encore pour la télévision américaine, multipliant ses interventions pour des téléfilms tels que ‘Brotherhood of the Bell’, thriller dramatique avec Glenn Ford et Rosemary Forsyth (1970) qui demeure sans doute l’une des meilleures partitions TV de cette période.

Suivront une tragédie familiale ‘The Going Up of David Lev’ (1971), un drame ‘A Step Out of Line’ (1971), des comédie ‘Do not Fold, Spindle or Mutilate’ (1971) un polar ‘Crosscurrent’ alias ‘The Cable Car Murder’ (1971). Pour ce dernier téléfilm, Goldsmith écrit une très sombre partition dans la lignée de ‘Escape from the Planet of the Apes’ et ‘The Last Run’ avec ce mélange particulier de pop 70s : guitare basse/batterie et de percussions syncopées électronique d'avant-garde … Le compositeur clos cette nouvelle décennie avec ‘The Homecoming : A Christmas Story’, une partition lyrique et chaleureuse.

 

Poursuivant ses compositions pour le cinéma en parallèle, Jerry Goldsmith occupe une bonne partie de l’année 1972 à mettre en musique des téléfilms et séries TV en tout genre, parmi lesquels on pourra citer l'horrifique ‘Lights Out’, le thriller ‘Crawlspace’ ou la série ‘Anna and the King’ avec Yul Brynner et Samantha Eggar, musique élégante et raffinée teintée des touches asiatiquesqui évoquant les sonorités du film ‘The Chairman’ (1969). Cette même année marque également la rencontre entre Jerry Goldsmith et Michael Crichton sur le téléfilm à suspense ‘Pursuit’ qui narre la poursuite entre des agents du gouvernement américains et un terroriste qui menant de répandre un gaz mortel sur la ville de San Diego. Là encore, la musique renoue avec un certain style «70s Â».

 

Viennent trois autres partitions de productions télévisées majeures : ‘Hawkins on Murder’, film de procès réalisé par Jud Taylor avec James Stewart dans le rôle de l’avocat Billy Jim Hawkins chargé de défendre un homme accusé d’un triple meurtre. Goldsmith utilise des synthétiseurs aux étranges nappes en écho couplés à l'orchestre et à l’inévitable batterie pop. Le thème principal du téléfilm, plutôt entraînant et majestueux, rappelle certaines mélodies des premiers westerns qu'accompagnent les sonorités synthétiques. Certains passages à l'instrumentation restreinte s'avèrent mélancoliques et romantiques, grâce notamment à l'emploi d'une guitare sèche. Enfin, Goldsmith nous réserve quelques beaux moments de suspense avec des touches dissonantes réellement impressionnantes (et toujours des synthétiseurs expérimentaux). Les deux autres musiques de téléfilm composées par Goldsmith en 1973 sont pour le western avec ‘The Red Pony’, et le polar avec ‘The Police Story’ aux ambiances sombres, dissonantes et agressives, teintée de touches funky. ‘The Police Story’ résume ainsi parfaitement toutes les expériences menées en 1971 et employées dans ‘Escape from the Planet of the Apes’ de Don Taylor, qui, décidément, demeure une oeuvre phare du compositeur.

 

Dans un registre similaire, Goldsmith écrit la musique du thriller ‘Winter Kill’ basé sur un travail de synthétiseurs  impressionnant aux résonances abstraites, qui annonce clairement le style de ‘The Reincarnation of Peter Proud’ (composé l'année suivante). Le téléfilm raconte le combat d’un shérif contre un sniper meurtrier dans une petite station balnéaire, ce téléfilm marque les débuts du jeune et encore méconnu Nick Nolte. La musique contient aussi un thème western interprété par des synthétiseurs extrêmement kitsch sur fond de guitares aux accents de chevauchée. Malgré l’intrusion de ce joyeux thème mélodique, le score de ‘Winter Kill’ se concentre essentiellement sur du suspense pur et dur avec une atonalité angoissante reposant sur un travail électronique une nouvelle fois complètement expérimental.

 

Toujours pour le petit écran il signe en 1974 la musique du drame intimiste de Joseph Hardy ‘A Tree Grows in Brooklyn’ avec Cliff Robertson  puis compose la musique de la très ambitieuse mini série ‘QB VII’ de Tom Gries  produite par Screen Gems.  QB VII raconte l’histoire d’un très long procès mené contre un ancien criminel de guerre nazi. A l'affiche se succèdent Ben Gazzara, Anthony Hopkins, Leslie Caron, Lee Remick et John Gielgud. 10  nominations seront obtenues et six Emmy Awards remportés. Programme avoisinant les 390 minutes, il s'agit sans doute là de la production télévisée la plus ambitieuse à laquelle Jerry Goldsmith ait participé.

 

Le compositeur retourne ensuite au monde des séries TV en écrivant l’épisode ‘Shades of Blue’ pour la série ‘Archer’ (1975). La même année, c'est à la série ‘Adams of Eagle Lake’ qu'il prête son talent ; en fait un spin off de ‘Winter Kill’, avec quelques uns des acteurs du téléfilm de 1974 (Nick Nolte et Andy Griffith qui reprend son rôle du shérif ). Vient également la musique de ‘Medical Story’ (le pilote et quelques épisodes), le téléfilm sportif ‘Babe’ et l’épisode ‘The Cut Man Caper’ de la série TV ‘Police Story’. Après 1976, Jerry Goldsmith, qui vient d’obtenir son tout premier Oscar sur l’inoubliable ‘The Omen’, se concentre dorénavant davantage au cinéma, avec parfois quelques nouvelles échappées vers la télévision (‘The Hemingway Play’ de Don Taylor et le thriller ‘Contract on Cherry Street’ avec Frank Sinatra en 1977). Il n’écrira ensuite plus de musique de téléfilm ou de série TV pendant quelques années.


Les productions télévisées dans la filmographie

de Jerry Goldsmith, à l’aube des eighties.

 

Avec ‘Masada’ de Boris Sagal en 1981, Jerry Goldsmith se laisse de nouveau séduire pour un projet télévisuel. La thématique abordée, celle de la persécution du peuple juif le touche personnellement et l’amène à travailler avec une rigueur et un sérieux digne de ses meilleures Å“uvres pour le cinéma. Cette épopée Ã©pique narre donc la résistance d'une poignée de juifs de la forteresse de Masada assiégée par la garnison romaine de Flavius Silva, une belle occasion pour Goldsmith d’écrire une somptueuse musique basée sur un élan à la fois fort et touchant. ‘Masada’ est aussi particulièrement soigné sur le plan du casting avec une interprétation sans faille du trop rare Peter Strauss et de l’excellent Peter O’Toole.

 

Renouant avec une inspiration liée à ses origines, il compose une musique au message fort et aux consonnances culturellement très identifiables. S'occupant des deux premiers segments, les deux suivants sont confiés au compositeur Morton Stevens. Cette belle performance lui vaut en 1981 un quatrième Emmy Award. Signalons en 1986 la musique de l’épisode ‘Boo’ réalisé par son grand comparse et ami Joe Dante pour la série ‘Amazing Stories’ produite par Steven Spielberg.

 

Les années 90 seront entre autre marquées par les fruits d'une belle collaboration entre Jerry et son fils, Joel, qui assistait alors son père depuis quelques années déjà. Ensemble, ils travaillent sur la série western ‘Brotherhood of the Gun’ appelée encore ‘Hollister’ (1991), avec James Remar et David Carradine. Joel travaillera sur une partie de la première saison, laissant le thème principal à son père. Pour ‘Hollister’, Jerry Goldsmith renoue enfin avec les plus grands moments de son style western pour un thème très évocateur, parsemé de nostalgie, dans lequel on retrouve le solo de trompette à la ‘First Blood’ ainsi que certains grands passages héroïques de ‘Rio Conchos’. Jerry Goldsmith continuera ensuite à travailler avec son fils sur le thème de la série ‘H.E.L.P.’ (1990).

 

Leur travail en commun se prolonge ensuite exclusivement pour le cinéma avec notamment ‘Star Trek First Contact’ pour lequel Joel Goldsmith aura l'occasion de développer un grand potentiel d'idées de son père. Celui-ci dirigera également l'orchestre pour son fils lors des sessions d'enregistrement du remarquable score de ‘Shiloh’ (1996), démontrant le grand potentiel de Joel Godsmith pour le cinéma. Quelques années plus tard, Jerry Goldsmith remporte un cinquième Emmy Award pour le thème de la série ‘Star Trek Voyager’. Ce sera sa dernière grande récompense pour la télévision.

PETER STRAUSS, PETER O'TOOL, JERRY GOLDSMITH, UN COCKTAIL TÉLÉVISÉ EXPLOSIF
UN OPENING TITLE IMPECCABLE !
  
 
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