" Lorsque vous confiez la musique de votre film à
un compositeur comme Jerry Goldsmith alors il faut
vous attendre à l'originalité la plus totale !"
Franklin J. Schaffner. 1983
1920
1989
THE STRIPPER
PLANET OF THE APES
PATTON, PAPILLON
THE BOYS FROM BRAZIL
ISLAND IN THE STREAM
LIONHEART
UNE COLLABORATION SANS FAILLE !
En 1962, « The Stripper », plus connu en France sous le titre « Le loup et l’agneau », marque le début de la collaboration cinématographique entre Franklin J. Schaffner et Jerry Goldsmith.
Adapté de la pièce de théâtre « Loss Of Roses » de William Inge, ce film dramatique met en scène la sulfureuse Joanne Woodward qui incarne Lila Green, une show-girl qui voit sa vie basculer du jour au lendemain.
Pour ce premier film de Schaffner, Jerry Goldsmith, alors âgé de 33 ans, conçoit un score dramatique solide et audacieux. Loin des expériences atonales de " Twilight Zone" et de la série TV "Climax", le jeune Goldsmith aborde une écriture symphonique sensible et raffinée à partir d’un petit ensemble orchestral auquel il ajoute des nuances jazzy chaleureuses et modernes, typique des années 60. Véritable continuum musical d’un genre déjà abordé au cinéma par des compositeurs comme Alex North, Georges Dunning ou encore Leonard Bernstein, «The Stripper » deviendra une partition de transition entre le Golden Age et le Silver Age hollywoodien.
Une création de jeunesse certes pour Jerry Goldsmith dont il parlera peu mais qui lui aura permis de s’associer pour une longue période avec un metteur en scène pointilleux et audacieux avec lequel il a réellement envie de travailler.
Trois ans plus tôt, au département musique de la CBS, Schaffner côtoie des compositeurs de musique pour la télévision, des maîtres chevronnés comme Bernard Herrmann, Franz Waxman, Alex North mais également les jeunes premiers, émergeant du système, des musiciens déjà bien renommés tels que Lalo Schifrin, Dave Grusin ou Quincy Jones.
A la fin des années 50, Jerry Goldsmith est un jeune compositeur dont l’innovation ne fait pas peur. L’expérimentation musicale et la création d’ambiances tendues et complexes vont vite devenir sa principale marque de fabrique. Son inventivité lui vaut la reconnaissance de certains jeunes metteurs en scène qui aspirent à retravailler rapidement avec lui. Son travail de qualité et de précision sur les séries TV « Thriller » et « Twilignt Zone » lui assurent un avenir prometteur.
Au cinéma…
Leur collaboration amicale sera fructueuse, basée sur la proximité et les échanges brefs et concis. Schaffner, qui a fait ses débuts à la CBS au département musique, a une idée très précise des fonctions de la musique sur les images et de son impact sur la dramaturgie du film.
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Metteur en scène évolutif et créatif, son association avec un compositeur aussi talentueux et sensible que Jerry Goldsmith allait lui permettre d’élaborer dans les années à venir de nouveaux concepts créatifs pour le cinéma. Malgré son infidélité précoce dans les années 60 avec trois films sans grande résonance, « The Best Man », « The War Lord » et « The Double Man », c’est sur le projet « Planet of the Apes » que Goldsmith et Schaffner se retrouvent et se trouvent enfin...
D'une façon générale, c’est l’œuvre la plus aboutie et la plus originale de Franklin J. Schaffner et Jerry Goldsmith.
Une collaboration en symbiose et en constante évolution
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PLANET OF THE APES,1968
Le score le plus inventif de tout les temps !
Adapté d'un roman de Pierre Boulle, le film raconte les péripéties d'un astronaute américain, Taylor, incarné par l'excellent Charlton Heston, qui atterrit accidentellement avec son astronef sur un monde mystérieux dans lequel vit une société de singes. Dans cette société civilisée, les hommes sont réduits à l'état de bêtes primaires, traités par les singes comme des animaux. Le film nous propose ainsi une brillante réflexion sur la nature meurtrière de l'homme, pleinement mise en évidence à la fin du film, lors de la terrible découverte de Taylor, une pure scène d'anthologie cinématographique aussi parfaitement ancrée dans l'état d'esprit des sixties - le film date de 1968 - La mise en scène est très réussie comme dans la plupart des films de Schaffner, qui arrive à rendre son film parfaitement captivant de bout en bout sans jamais relâcher la pression.
Dans cette aventure, Rod Serling, créateur de la serie "Twilight Zone", est appelé à la rescousse pour finaliser le scénario du film. Il conforte Schaffner et incite la production à engager Jerry Goldsmith pour le score, une décision évidente pour Schaffner qui voit en Jerry Goldsmith le compositeur le plus talentueux et le plus expérimenté de l’époque pour concevoir une musique très spéciale sur son film. Après quelques heures passées autour d’un bon repas à parler des grandes lignes directrices du score, Schaffner annonce « Jerry, le score est dans ton camp ! ».
Quelques semaines plus tard, Goldsmith propose à "Hank" Schaffner de lui faire écouter au piano ses premières recherches et de lui parler des options expérimentales du score… Particulièrement impressionné mais non surpris de l’audace annoncée par Goldsmith, Schaffner lui propose de travailler définitivement dans ce sens…
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PAPILLON,1973
Une pépite indétronnable !
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Pour beaucoup, c'est probablement avec Schaffner que Goldsmith a écrit ses meilleures musiques de film. 'Planet of The Apes', 'Lionheart', 'Patton', 'Islands in The Stream', 'The Boys from Brazil', tous ces films sont restés des chefs-d’œuvre dans la carrière exemplaire du maestro, même si les films en eux-mêmes sont de qualité largement inégale. 'Papillon' est généralement considéré comme la meilleure partition qu'ait écrit Goldsmith pour un film de Schaffner.
Brillantissime, ce film dénonce les conditions inhumaines des prisons françaises au début du XXème siècle. 'Papillon' raconte l'histoire vraie du prisonnier français Henri Charrière surnommé 'Papillon' à cause de son tatouage sur le torse (et son envie de toujours s'évader). Steve McQueen interprète Charrière dans sa lutte pour survivre et tenter de s'évader de la prison de L'île du diable avec l'aide de son ami Louis Delga (Dustin Hoffman). F.J. Shaffner a laissé quelques grands films derrière lui et 'Papillon' reste un classique incontournable du genre, intéressant de par sa mise en scène, sa direction d'acteur et, évidemment, sa splendide partition musicale de Jerry Goldsmith.
'Papillon' est sans aucun doute l'une des plus belles musiques écrite pour un film de Schaffner au côté du superbe 'Patton' et du très épique 'Lionheart' mais aussi une des plus grandes musiques de films de l'époque tout simplement. Avec 'Papillon', Goldsmith a sut montrer toute l'étendue de son talent d'écriture symphonique, de jeu orchestral avec des sonorités instrumentales particulières mais aussi sa manière d'aborder les scènes et d'approfondir toujours plus l'émotion d'une scène ou d'une séquence (la mort d'Antonio, le voyage en bateau, les adieux à la fin, etc.). Bien plus qu'un thème principal très inspiré, 'Papillon' est avant tout un monument dans la carrière de l'un des maîtres de la musique de film, aux côtés de 'Patton', 'Planet of The Apes'.
ISLAND IN THE STREAM,1977
Le coup de cœur de Jerry Goldsmith !
'Islands In The Stream' est la quatrième collaboration entre Franklin J. Schaffner et Jerry Goldsmith. Le maestro considère que ce score est sa meilleure partition, sa BO favorite et ce qu'il a écrit de mieux au cours de toute sa carrière. Le score du film est entièrement instrumental avec des orchestrations très colorées typiques de l'esprit symphonique du Goldsmith des années 70, la partition adoptant un ton orchestral proche des compositeurs impressionnistes français du début du XXème siècle comme Claude Debussy ou Maurice Ravel.
Adapté d'un roman d'Ernest Hemingway, 'Islands In The Stream' (L'île des adieux) nous narre l'histoire de Thomas Hudson (formidable et poignant George C. Scott qui avait déjà brillé dans un autre grand film de Schaffner, 'Patton', où l'acteur interprétait avec maestria le célèbre général) un ancien artiste habitant d'une petite île tropicale de Bimini durant la seconde guerre mondiale et qui se retrouve un jour réuni avec ses trois fils durant un court laps de temps avant que la guerre ne les sépare à nouveau.
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Une écoute attentive de la musique dans le film nous permet de mieux apprécier cette partition riche et humaine, respirant le lyrisme et le drame au sein d'une oeuvre que le compositeur lui-même affectionne tout particulièrement, Goldsmith regrettant d'ailleurs que le film de Schaffner ne soit pas plus connu que cela. Evidemment, après les superbes partitions de 'Planet of The Apes', 'Patton' et 'Papillon', 'Islands In The Stream' peut paraître moins original et plus anodin en apparence, mais il n'en est rien. Certes, ne vous attendez pas à retrouver l'originalité de 'Planet of The Apes' ici ni la complexité psychologique de 'Patton', 'Islands In The Stream' est avant tout un score simple reposant sur l'aspect émotionnel et lyrique de cette histoire au bord de l'Océan sur "l'île des adieux", un score très impressionniste, évoquant l'île tropicale, la beauté insondable et les milles secrets de la mer, à la manière des esquisses symphoniques de "La Mer" de Claude Debussy. Un petit chef-d'oeuvre rare dans le monde de la musique de film hollywoodienne...
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BOYS FROM BRAZIL,1978
Une création proche de la musique pure
En 1978, Jerry Goldsmith retrouve une fois encore Franklin J. Schaffner. Pour « The Boys from Brazil », film inspiré du best-seller d’Ira Levin, Goldsmith nous livre une très solide partition mystérieuse au suspense très soutenu.
On affirme bien souvent que « The Boys from Brazil » est l’un des plus grands chefs-d'oeuvre du maestro californien. On pourra néanmoins tempérer ce jugement en précisant que « The Boys from Brazil » est une partition fantastique de Goldsmith qui ne possède ni l’audace ni la ferveur d’un « Patton » ou d’un « Planet of the Apes ». Ceci dit, impossible de résister au charme de son impressionnante valse viennoise, le morceau-clé emblématique du score, preuve une fois encore que le compositeur trouve toujours ses plus grandes mélodies lorsqu'il travaille avec Schaffner.
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LIONHEART,1987
Un score énorme, un film tombé dans l'oubli !
C’est l’un des films les moins connus du brillant Franklin J. Schaffner et aussi l’un des moins bons de son auteur, mais ‘Lionheart’ (Coeur de Lion) est en revanche plus connu pour la splendide musique que composa le grand Jerry Goldsmith pour sa dernière collaboration avec Schaffner, son réalisateur fétiche. Les deux hommes ont œuvré ensemble depuis ‘The Stripper’ en 1963 suivi de ‘Planet of the Apes’ (1968), ‘Patton’ (1970), ‘Papillon’ (1973), ‘Islands in the Stream’ (1977) et ‘The Boys from Brazil’ (1978), mais avec ‘Lionheart’, on peut dire que Goldsmith conclut cette collaboration exceptionnelle en beauté ! ‘Lionheart’ est l’exemple même d’un compositeur qui, face au film le moins intéressant de Schaffner, trouve encore la force et les facultés d’offrir à son metteur en scène préféré une musique grandiose, riche et inspirée.
Visiblement très impressionné par cette épopée moyen-âgeuse, Jerry Goldsmith, qui a toujours été attiré par les sujets médiévaux (on se souvient qu’il rendit visite à l’ancien réalisateur du film « Dragonheart » dans les années 90 pour le supplier de faire son film!), nous offrit pour le film de Schaffner son ultime chef-d’oeuvre qui bouclera une passionnante collaboration d’environ 24 ans, un véritable sans-faute pour le musicien californien !
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