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LES CHEF-D'ŒUVRES DE   

 

PARAMOUNT PICTURES

ORIGINAL SOUNDTRACK

 

1966

 

AN IMPORTANT SCORE

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SECONDS

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Seconds’ marque la deuxième collaboration entre John Frankenheimer et Jerry Goldsmith après ‘Seven Days in May’ en 1964. Goldsmith a écrit pour ‘Seconds’ une partition baroque et sombre particulièrement envoûtante et inquiétante, toute à l’image du film de Frankenheimer.

 

 

JERRY GOLDSMITH PHOTO BY

RUDY KOPPL/SOUNDTRACK MAGASINE

Le compositeur utilise ici un orgue d’église, instrument principal de la partition de ‘Seconds’, accompagné de l’orchestre symphonique habituel et de quelques synthétiseurs (Goldsmith commence à utiliser l’électronique dès 1962 dans sa partition de ‘Freud’ de John Huston). 

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On n'a rarement la possibilité de faire ce que l'on veut

en musique pour le film. Pour Seconds, ce fut une belle expérience Jerry Goldsmith© 

 

 

SECONDS 1966 - PARAMOUNT PICTURES- ALL RIGHTS RESERVED

Dès le générique de début, Goldsmith crée une ambiance quasi surréaliste et hallucinée alors qu’un violon soliste joue successivement deux mystérieux intervalles de tritons avant l’arrivée de l’orgue qui se lance dans une sorte de toccata baroque à la Jean-Sébastien Bach. Le thème principal fait son apparition, tout à fait reconnaissable à sa mélodie sombre aux consonances typiquement baroques d’esprit.

La gravité de cette introduction gothique plonge immédiatement le spectateur dans un certain malaise, alors que l’on aperçoit à l’écran des plans déformés du visage de Rock Hudson. A noter des effets de trilles stridentes des cordes qui annoncent la reprise plus ample du thème principal aux cordes. On est immédiatement frappé ici par l’intensité de cette introduction brumeuse qui évoque par moment le style des anciennes partitions horrifiques gothiques des films de la Hammer, façon années 30/40. Avec son thème principal baroque qui hante l'esprit (même longtemps après la vision du film) et son orgue religieux, Goldsmith crée une atmosphère musicale ensorcelante assez insolite pour le film de John Frankenheimer. Le caractère religieux suggéré par l’orgue pourrait représenter l’idée de la résurrection, de la renaissance d’Arthur Hamilton dans la peau d’un nouvel homme, une référence quasi christique implicitement suggérée avec brio par la musique de Goldsmith.

IL Y A DES MUSIQUES QUE L'ON NOUBLIE JAMAIS ! 

Covering score

Cette pochette

n'existe pas.

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Saul Bass

inspiration

poster film 

©1966

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Saul Bass opening title ©1966

A Joel's production INC. 

Paramount Pictures©1966 photos DR.

Dès le générique de début, Jerry Goldsmith crée une ambiance quasi surréaliste et hallucinée alors qu’un violon soliste joue successivement deux mystérieux intervalles de tritons avant l’arrivée de l’orgue qui se lance dans une sorte de toccata baroque à la Jean-Sébastien Bach. Le thème principal fait son apparition, tout à fait reconnaissable à sa mélodie sombre aux consonances typiquement baroques d’esprit.

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La gravité de cette introduction gothique plonge immédiatement le spectateur dans un certain malaise, alors que l’on aperçoit à l’écran des plans déformés du visage de Rock Hudson. A noter des effets de trilles stridentes des cordes qui annoncent la reprise plus ample du thème principal aux cordes. On est immédiatement frappé ici par l’intensité de cette introduction brumeuse qui évoque par moment le style des anciennes partitions horrifiques gothiques des films de la Hammer, façon années 30/40. Avec son thème principal baroque qui hante l'esprit (même longtemps après la vision du film) et son orgue religieux, Goldsmith crée une atmosphère musicale ensorcelante assez insolite pour le film de John Frankenheimer.

Le caractère religieux suggéré par l’orgue pourrait représenter l’idée de la résurrection, de la renaissance d’Arthur Hamilton dans la peau d’un nouvel homme, une référence quasi christique implicitement suggérée avec brio par la musique de Goldsmith.

Le second thème de la partition se veut quand à lui plus intime et retenu, une mélodie mélancolique et amère jouée par un piano solitaire et entendu durant la scène où Arthur est seul avec sa femme Emily au début du film. La musique illustre durant cette scène les regrets du personnage principal qui s’aperçoit que son existence toute entière a été un grand vide sans passion ni accomplissement. Puis, la musique devient à nouveau plus sombre et inquiétante durant la scène où Hamilton se présente aux bureaux de l’organisation secrète. Goldsmith utilise ici des effets d’écho crée électroniquement, annonçant clairement certaines sonorités de ‘Planet of the Apes’ (1968). A noter que le compositeur s’inspire pour l’occasion de quelques mesures de sa partition pour ‘Freud’ (1962), probablement à la demande du réalisateur lui-même.

L’orgue baroque à la Bach reste quand à lui toujours présent, sur fond de contrebasses menaçantes qui semblent suggérer que quelque chose de grave va se produire par la suite. La scène de la transformation physique d’Arthur Hamilton et Tony Wilson nous permet d’ailleurs de retrouver le très inquiétant thème principal joué par des violons torturés sur fond de nappes d’orgue graves. Les effets de trilles restent d’ailleurs toujours présent ici, un élément musical assez représentatif de la musique de ‘Seconds’.

La nouvelle vie de Tony Wilson commence alors, mais la musique de Jerry Goldsmith n’a cependant pas perdu de sa noirceur psychologique et baroque. Les effets de trille sont repris ici par les cordes lorsque Wilson découvre sa nouvelle demeure, comme pour suggérer les doutes et les hésitations du personnage principal quoi doit encore prendre le temps de s’accommoder de sa nouvelle vie. Le temps passe alors, au son de pizzicati de cordes et de trilles de violons pour une scène plus légère au bord de la plage, là où Wilson fait la connaissance de Nora (Salome Jens), permettant au compositeur de reprendre pour l’occasion son thème mélancolique aux cordes. On retrouve des références à ce thème mélancolique lorsque Wilson revient chez lui. La mélodie est toujours jouée au piano, avec un rappel du thème principal baroque. C’est au cours de cette scène où l’on comprend mieux les références baroques de la partition de ‘Seconds’ : Goldsmith utilise un style musical du passé comme pour rappeler le passé de Tony Wilson qui était autrefois Arthur Hamilton. C’est une subtilité que le compositeur assume pleinement ici avec une grande intelligence. A noter que c’est finalement le thème mélancolique de piano qui conclut le film sur une ultime touche de tristesse, la musique évoque les regrets d’un homme qui a gâché son existence et qui la finit de façon tragique et horrible (la fin du film est absolument terrible!).

‘Seconds’ est au final une partition assez minimaliste mais particulièrement intéressante dans ses références à la musique baroque et son utilisation assez insolite d’un orgue quasi religieux d’esprit. Il règne dans la musique de Goldsmith une certaine spiritualité et un sens du tragique sous-jacent et réellement poignant, et ce tout au long du film.

La musique illustre parfaitement à l’écran l’idée de la résurrection, des regrets, des doutes, de l’errance, de la tristesse, etc. Autant de sujets et d’états d’âme que le maestro californien retranscrit à la perfection dans sa musique, sans jamais tomber dans de l’expérimental avant-gardiste et complexe comme le compositeur a pu en faire sur certaines partitions précédentes. Au contraire, le compositeur joue ici la carte de la retenue et de la sobriété même si la musique possède une écriture musicale réellement très riche et contrapuntique, héritée du langage tonal 17èmiste allemand de J.S. Bach, cohabitant avec une esthétique plus sombre proche de la musique savante atonale du 20ème siècle. Jerry Goldsmith nous livre au final une partition psychologique et tourmentée toute à l’image du personnage de Rock Hudson dans le film de John Frankenheimer. ‘Seconds’ fait incontestablement partie de ces partitions méconnues de Jerry Goldsmith à redécouvrir absolument !

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Frankenheimer aux commandes !

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Film majeur dans la filmographie du réalisateur John Frankenheimer, ‘Seconds’ (L’opération diabolique) fut malheureusement un très vif échec commercial dès sa sortie en salle en 1966. Mal accueilli par la critique, le film de Frankenheimer dérangea par son côté trop novateur et insolite pour l’époque. Adapté d’un roman de David Ely, ‘Seconds’ raconte la terrible histoire d’un vieux banquier nommé Arthur Hamilton (John Randolph). Arthur s’ennuie profondément avec sa femme Emily quasiment devenue une étrangère pour lui. Un jour, son vieil ami Charlie lui téléphone et le met en contact avec une mystérieuse organisation qui lui propose de changer d’identité et de recommencer une nouvelle vie dans la peau d’un autre homme. Hamilton accepte l’offre et se voit transformé en Tony Wilson (Rock Hudson).

Il est dorénavant un peintre talentueux qui vit dans une luxueuse villa au bord de la plage en Californie. Mais Tony a bien du mal à se faire à sa nouvelle existence, et même si tout semble lui sourire (l’argent, les femmes, les amis, etc.), il se sent mal à l’aise et décide de prendre à nouveau contact avec l’agence, qui s’inquiète de plus en plus de son comportement. Mais Wilson va découvrir que son ‘pacte’ avec l’organisation secrète possède un prix terrible : sa propre existence!

Provocateur et innovant pour l’époque, ‘Seconds’ permet à John Frankenheimer d’expérimenter de nouvelles façons de filmer, comme lorsqu’il met une caméra embarquée sur John Randolph au début du film (scène dans la gare), proche de la façon de filmer des Steadicam modernes, sans oublier ces plans de corps déformés totalement surréalistes et expressionnistes dans le générique de début, etc. Le réalisateur multiplie les trouvailles visuelles et crée une ambiance insolite pour son film, instaurant un malaise constant essentiellement psychologique et viscéral. Frankenheimer va même jusqu’à braver la censure américaine de l’époque en filmant une scène d’orgie païenne lors des festivités de Bacchus au milieu du film, scène totalement démesurée et d’une longueur épouvantable mais qui a aussi sans aucun doute largement contribuée au succès du film par la suite. Ainsi donc, les scènes mémorables s’enchaînent à une vitesse ahurissante, servi par la photographie de James Wong Howe, qui fit un travail artistique remarquable sur ‘Seconds’.

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L’histoire même est étonnamment moderne pour l’époque : le changement d’identité à travers une opération de chirurgie esthétique, la quête d’une meilleure existence et d’une nouvelle jeunesse, etc. Bien sur, on ne pourra pas passer à côté de l’inoubliable performance de Rock Hudson qui s’est vu offrir avec ‘Seconds’ l’un des meilleurs rôles de toute sa carrière. L’acteur, connu pour avoir caché pendant toute sa carrière son homosexualité, interprète dans le film de Frankenheimer un Tony Wilson totalement dépassé par les évènements, avec une scène d’une intensité rare, celle où Tony, complètement soul au cours d’une soirée, commence à révéler les secrets de son pacte avec l’organisation secrète.

 

Manipulant l’image de différentes façons, jouant sur un noir et blanc gothique, accumulant les scènes provocantes et dérangeantes (et ce jusqu’à un final absolument terrifiant et tragique), ‘Seconds’ est un film choc trop en avance pour son temps, ce qui explique sans doute que le public l’ait boudé à sa sortie en salle en 1966.

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Quentin Billard

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