Au début des années 60, la série « Dr. Kildare », avec en vedette le tout jeune Richard Chamberlain, offrit l’occasion à Jerry Goldsmith d’écrire un très beau générique lyrique, ample et développé. Le caractère de la série ne favorisait pas « l’urgence » comme pouvait l’être certains thèmes de séries de cette époque se déroulant dans le milieu hospitalier. Goldsmith opta alors pour une écriture beaucoup plus noble qui reflétait toute les valeurs internes de la série.

Très vite, son succès incita ses producteurs à faire adapter le thème musical de en chanson. « Three Stars will Shrine Tonight » sera ainsi le nom de la cette dernière adaptée par Jerry Goldsmith avec la complicité du parolier Hal Winn.

Cette adaptation fut avant tout une expérience nouvelle et imprévue dans les débuts de carrière du jeune musicien qui ne pensait pas faire de son thème, un tube !

Rappelons au passage que ce fut Dimitri Tiomkin qui  apporta auparavant des lettres de noblesse à la chanson à la télévision avec le thème chanté de la série « Rawide »,  interprétée par Franky Laine.

 

La chanson ne fut pas une priorité majeure dans sa carrière de Goldsmith entant que compositeur de musique de films. Laissons plutôt à John Barry les meilleurs fleurons de ce concept avec la série des James Bond…

 

Cependant, pour certains films et souvent à la demande de la production,  Jerry Goldsmith adaptera quelques uns de ces thèmes sous la forme de chansons. Dans les années 1960, le compositeur adaptera son thème pour le film « Stagecoach » avec le titre « I Will Follow » (en collaboration avec le parolier Ruth Batchelor), puis dans le film « Fate is the Hhunter »  avec une nouvelle chanson interprétée par le chanteur Jerry Write. Pour le film « The Troubles with Angels » sorti en 1966, Goldsmith fera une adaptation de son thème en collaboration avec parolier Ernie Sheldon, chanson interprétée par le groupe vocal « The Devils ». Cette même année, on pourra également noter l’adaptation du thème du film « In Like Flint » sur des paroles du fameux Leslie Bricusse. 

​

L’année 1968 marquera le début d’une collaboration entre Jerry Goldsmith et l’auteur/parolier Hal Shaper. Tous deux travailleront ensemble sur l’une des chansons du film « Sebastian », «  Comes the Night », interprété par Jimmy A Hassel.

 

Pour les compositeurs de musique de film, les années 70 privilégierons davantage le concept et l’impact même de la chanson dans un film et l’adaptation de certains thèmes musicaux. Chaque année, la guilde de l’Academy Award © récompense un compositeur autant pour son travail sur le score que sur sa chanson. 

 

Pour le film de Sam Peckinpah « The Ballad of Cable Hogue » (1970), le maestro Jerry Goldsmith ouvrira le film avec une superbe chanson de Richard Gillis, intitulée « Tomorrow Is The Song I Sing ». L’année 1971 marquera ensuite les retrouvailles entre le maestro et le parolier  Hal Shaper pour le superbe générique du film « The Last Run » interprété par le chanteur/crooner Steve Laurence. Toujours en 1971, Jerry Goldsmith introduira Ellen, sa fille aînée, pour la chanson  « Texas Ranger » écrite pour le western de Blake Edwards, « Wild Rovers ».

 

1971 sera également une année importante dans la vie du compositeur, puisqu’il rencontrera la chanteuse/auteur Carol Heather (futur madame Goldsmith) avec la chanson du film « The Don is Dead » de Richard Fleisher, intitulée « Our Last Night ».

 

En 1973, le succès du film « Papillon » de Franklin J. Schaffner et l’impact magistral du magnifique thème écrit par Goldsmith donneront naissance à une nouvelle chanson. Pour la version française du film, la musique du générique final sera remplacée par « Toi qui regarde la mer », composé par Jerry Goldsmith sur des paroles de Jacques Plante et interprété par la chanteuse Nicoletta. En Amérique, la chanson du film sera interprétée par des chanteurs de renommée tel que Andy Williams…. 

 

En 1975, le maestro composera et écrira en compagnie de son épouse Carol les chansons du téléfilm « Babe » de Buzz Kulik. « Babe » permettra à Jerry Goldsmith de remporter son premier Emmy Award.

 

En 1976 et 1978, Jerry Goldsmith retrouvera son complice Hal Shaper dans un premier temps pour « The Cassandra Crossing » avec la chanson intitulé «  i’ll be on my Way » interprétée par la très séduisante chanteuse/mannequin Ann Turkel (madame Richard Harris à l’époque et actrice dans le film). En 1978, Jerry Goldsmith écrira pour le film de Franklin J. Schaffner « The Boys From Brazil » la chanson « We’re Home Again », interprétée par Elaine Paige, toujours sur des paroles de Hal Shaper.

 

1976 sera pour le compositeur l’année de la consécration avec un Oscar remporté pour le score de  « The Omen ». Pour ce film réalisé par Richard Donner, la production demandera au musicien d’y inclure une chanson. Jerry Goldsmith adaptera ainsi le seul thème lyrique du film pour une chanson intitulée « The Piper Dream », en collaboration avec sa femme Carol (elle sera à la fois l’interprète et la parolière de la chanson). En 1978, Jerry et Carol se retrouveront sur la chanson « Sunday's Moon » pour le film « Coma » de Michael Crichton.

 

Il faudra ensuite attendre 1982 avec le film « First Blood » pour lequel Jerry Goldsmith écrira certainement le plus beau thème de sa carrière et une partition grandement mémorable. Le film marquera aussi les retrouvailles entre le maestro et le parolier Hal Shaper. Ensemble, ils créeront la version chantée du film que le compositeur intitulera « It’s a Long Road », titre évocateur d’une carrière remarquable en tout point. La chanson reprend ainsi le thème principal du score dans une version pop puissante, interprétée par Dan Hill. A noter que les arrangements seront signés David Paich et Marty Paich, célèbres musiciens fondateurs du groupe « Toto ». « It’s a Long Road » apporte une émotion intense au générique de fin du film. Les paroles évoquent la solitude du personnage de John Rambo (Sylvester Stallone) et rappellent le sujet du film, la marginalisation forcée des anciens combattants du Vietnam accueillis comme des pestiférés à leur retour au pays. De toute évidence, Goldsmith signe pour « First Blood » l’une des plus belles chansons de toute sa carrière, assurément !