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CLAVIERS!

ELECTRONIC 
PERFORMANCE 

 
 

AN INNOVATIVE COMPOSER

UN CHAMPS DE SONS ÉLARGI PAR
UNE DIMENSION INHABITUELLE !

"J'ai commençé a  manipuler les sons dès mes débuts

à la télévision puis au cinéma. J'ai tout de suite sentit que

l'électronique allait me permettre d'obtenir des ambiances

uniques".

Jerry Goldsmith

"La composition pour l'electronique n'a rien à voir avec celle conçue pour l'orchestre, on est seul avec

les claviers. Je suis un mordu de sons synthétiques et J'aime qu'on me sollicite pour faire cela .

©Jerry Goldsmith

 

 

 
De l'électronique pure à l'intégration symphonique...

 

Attiré très tôt par toutes les possibilités sonores de l’électronique, Goldsmith débuta rapidement ses premières expériences du genre en incorporant des parties pour synthétiseur dans « Freud » de John Huston (1962).L’électronique, typique ici des années 60, est rendue quasiment méconnaissable grâce à la façon dont Goldsmith utilise le synthétiseur comme un instrument à part entière de l’orchestre. Cela va d’ailleurs devenir sa signature musicale sur chacune de ses partitions qui intégreront l’électronique aux parties acoustiques/orchestrales.

 

Il y a d’ailleurs fort à parier que le « Spellbound » (1945) de Miklos Rozsa qui utilisait habilement un instrument électronique célèbre à l’époque, le theremin à qui Goldsmith vouait une grande admiration dans sa jeunesse, aura eu une répercussion majeure sur la personnalité musicale de Jerry Goldsmith et son goût pour l’électronique.


Goldsmith a de nouveau recours à l’électronique dans « Shock Treatment », où il semble rendre hommage à Rozsa en utilisant à son tour le theremin à l’instar de son mentor. Le score, écrit en 1964, est aussi l’un des premiers à introduire l’échoplex, ce fameux effet sonore d’écho que Goldsmith utilisera souvent dans certains scores des années 60/70 (l’exemple le plus célèbre restant « Alien »). L’électronique est de retour dans « The Satan Bug », obscur thriller de John Sturges sorti en 1965. Goldsmith réunit ici un ensemble instrument hétéroclite incluant des claviers Novachord et Solovox, synthétiseurs très à la mode dans les années 60 c’est aussi l’un des premiers scores à utiliser des éléments de musique sérielle – Les synthétiseurs sont aussi présents dans « Our Man Flint » (1966) mais ils ponctuent ici un ensemble plus jazzy et plein de dérision. Goldsmith utilise ensuite fréquemment l’électronique dès que le sujet s’y prête, ou lorsqu’il est question de psychologie ou de suspense fantastique.

Dans « Seconds » (1966), Goldsmith crée une ambiance étrange et ambiguë en incorporant l’échoplex et les synthétiseurs à son orchestre. Dans « The Detective » (1968), l’électronique sert de support aux solistes de l’orchestre. Dans « Planet of the Apes », Goldsmith répond à l’univers sauvage des singes par des collages sonores sidérants et l’utilisation de nouveaux effets étranges d’échoplex, bien que la partition reste en grande partie orchestrale –

 

Dans « The Illustrated Man » (1969), Goldsmith saisit l’opportunité d’écrire ses tous premiers morceaux entièrement électroniques, évoquant dans le film les décors futuristes du 21ème siècle dans cette adaptation tiédasse de Ray Bradbury, le score fait aussi explicitement référence à la musique sérielle/dodécaphonique de l’école viennoise au début du XXe siècle, Les échoplex reviennent dans la musique de « Brotherhood of the Bell » (1970) pour renforcer le climat de conspiration de ce brillant téléfilm avec Glenn Ford, et atteignent leur point culminant dans « Patton » (1970), le chef-d’oeuvre de Franklin J. Schaffner pour lequel Goldsmith signe une partition inoubliable.

Dans les années 70, Goldsmith commence à utiliser plus fréquemment les synthétiseurs, poussé par son goût perpétuel pour l’expérimentation et la recherche sonore, ainsi que l’évolution de la technologie musicale des seventies. Dans le film de guerre « Tora ! Tora ! Tora ! » (1970), le maestro réemploie à nouveaux l’échoplex. Pour le film d’épouvante satanique « The Mephisto Waltz » (1971), Goldsmith expérimente autour de l’électronique dans un registre atonal assez brutal et résolument avant-gardiste. L’électronique est aussi incorporée à l’orchestre dans la musique du téléfilm « Pursuit » de 1972, tout comme dans « The Don is Dead  » (1973) ou, plus étonnant, dans « Breakheart Pass »  de Tom Gries (1975) avec Charles Bronson, fait plutôt inhabituel à l’époque pour une musique de western. Goldsmith va encore plus loin dans l’expérimentation sonore en concoctant un vrai canevas électronique sonore étrange, abstrait et inquiétant dans « The Reincarnation of Peter Proud » (1975), thriller psychologique tombé dans l’oubli sur le thème de la métempsycose. Goldsmith expérimente aussi autour de l’électronique dans un autre western, « Take A Hard Ride » (1975), notamment pour évoquer ici le chasseur de prime campé dans le film par Lee Van Cleef.

 

Dès lors, l’électronique devient un élément standard des musiques de Jerry Goldsmith. On retrouve ainsi les synthétiseurs dans « Cassandra Crossing » (1976), le classique de la science-fiction « Logan’s Run » (1976), qui contient quelques unes des plus belles expérimentations électroniques futuristes que Goldsmith ait écrit pour un film, et que l’on retrouve aussi dans un autre film de science-fiction, « Damnation Alley » (1977). Dans « Coma » (1978) et « Alien » (1979), Goldsmith réemploie les effets d’échoplex de manière fort inventive. Dans « Star Trek the Motion Picture » (1979), Goldsmith utilise un instrument électronique fort intéressant, le Blaster Beam, et crée des sonorités insolites et étranges pour le mystérieux Véjur dans le film de Robert Wise.

Mais c’est à partir du thriller « Outland » de Peter Hyams (1980) que Goldsmith va généraliser l’électronique comme instrument à part entière de l’orchestre. Chaque score qu’il compose dans les années 80/90 contient quasiment un ou plusieurs éléments électroniques, utilisés plus ou moins avec parcimonie suivant le sujet : « The Final Conflict » (1981), « Raggedy Man » (1981), « The Salamander » (1981), « First Blood » (1982), « Psycho II » (1983) ou « Under Fire » (1983). Dans « Gremlins » (1984), Goldsmith expérimente de manière décalée autour de l’électronique pour concevoir des sonorités étranges et ironiques sur le film de Joe Dante.

 

La même année, Goldsmith sait la chance d’écrire enfin une partition 100% électronique pour la série-B d’action « Runaway » avec Tom Selleck et Cynthia Rhodes. Etrangement, Goldsmith conserve dans cette musique une approche orchestrale en imitant la répartition des pupitres sur ses synthétiseurs. Le score de « Runaway » ouvre ainsi la voie à de nouvelles possibilités : l’électronique devient instrument soliste ou élément moteur de certaines musiques d’action du milieu et de la fin des années 80 (« Supergirl », « Baby », « Legend », « Rambo II », « Link », « Poltergeist II », « Extreme Prejudice », « Innerspace », « Lionheart », « Rambo III », « Rent-a-Cop », « The Burbs », « Leviathan », « Star Trek V », « Warlock »). C’est d’ailleurs en 1988 que Goldsmith réitère l’expérience de « Runaway » en concoctant une nouvelle partition 100% électronique pour le thriller « Criminal Law » (1988), musique qui sera hélas injustement mécomprise de la critique et du public de l’époque.

 

Aucune surprise dans les années 90 qui sont dans la continuité directe des expérimentations des années 80 : les synthétiseurs sont très présents dans quasiment toutes les musiques de film écrites par Goldsmith jusqu’à la fin de sa vie.

On notera néanmoins quelques perles comme « Total Recall » (1990) qui utilise les éléments électroniques de manière admirable afin de concevoir un climat musical surréaliste et futuriste, comme il le fera aussi dans « Hollow Man », autre film de Paul Verhoeven en 2000. Ses musiques d’action/suspense des années 90 utilisent d’ailleurs fréquemment des éléments électroniques rythmiques comme base de ses partitions plus musclées (« Chain Reaction, « Air Force One », « The River Wild », « Executive Decision », « Deep Rising », « U.S. Marshals », « Along Came A Spider », « The Sum of All Fears », etc.), et ce jusqu’à sa toute dernière partition, sa superbe musique rejetée pour « Timeline » (2003).

 Une démarche personnelle mais demandée aussi...

 

Certains films ont donné l'occasion à Jerry Goldsmith de s'investir pleinement sur le plan de l'expérimentation musicale.

Des cinéastes comme Franklin J. Schaffner et Michael Crichton ont su tirer parti de l'incroyable potentiel créatif du musicien. ‘Planet of the Apes’, ‘Freud’, ‘The Illustrated Man’, ‘The Reincarnation of Peter Proud’ et ‘Coma’ sont des exemples concrets de créations musicales originales qui participèrent intrinsèquement à la réussite des films.

Pour ‘Coma’ par exemple, le musicien créa un climat de malaise exceptionnel traduit par des flopées d'échoplex à base de piano martelés alterné de silences, des effets dissonants et des distortions musicales qui conféraient au film une dimension exceptionnelle et unique.

Dans ‘Planet of the Apes’, ses instrumentations spécifiques et son esthétique musicale sérielle permirent au maestro d’écrire l’une de ses musiques les plus singulières de toute sa carrière. Jerry Goldsmith fut l’un des rares musiciens à savoir rendre un film incroyablement musical, même dans l’expérimentation la plus dense.

 

Pour le film ‘Runaway’ de Michael Crichton, Jerry Goldsmith, en accord avec le cinéaste, opta pour une structure sonore entièrement synthétique. Il est certain que l'électronique face aux images créa une certaine distance avec les personnages et l'histoire, rendant l'atmosphère du film plus froide et très spéciale comme dans les films de John Carpenter.

Un phénomène qui n'existe pas avec l’approche symphonique sauf dans quelques cas d'utilisation d'oeuvres dites ‘classiques’ qui annulent in facto toute notion de temporalité et d’intemporalité. Pour Jerry Goldsmith, le score de ‘Runaway’ fut accueilli très moyennement par le public et la critique.

Perçue comme une oeuvre à part entière dans une expérience cinématographique spécifique, elle donna l'occasion à Jerry Goldsmith de transcender une envie, un essai, mais aussi de concrétiser un travail qui le passionne depuis longtemps, la création électronique dans sa matière, dans sa pureté, avec toute la complexité et le risque d’imposer ce type d'instrumentation à l’écran et le fait que les sonorités synthétiques, liées à la technologique analogique de l’époque (les années 80), sont irrémédiablement vouées à vieillir et à subir difficilement l’épreuve du temps, sans oublier un autre risque majeur aussi, celui de déstabiliser, de déplaire aux fans, un maître face à un auditoire intransigeant, qui a l’habitude de placer la barre toujours très haut et de ne jamais rien laisser passer au compositeur (c’est la rançon du succès !).

 

La tentative ‘Runaway’ ne fut qu'un préambule sonore à l'expérience électronique de Goldsmith qui allait trouver un second écho en celui de ‘Criminal Law’ (1989), excellent thriller froid et noir du cinéaste néo-zélandais Martin Campbell, une expérience efficace mais décisive et tranchante pour le musicien californien qui recevra pour l’occasion quelques unes des pires critiques de sa carrière, un flop hélas renforcé par l’échec cuisant du film de Martin Campbell au box-office 89, film massacré par la presse et le public en général.

 

Oeuvres de contexte passionnées et exercice de style parfaitement réussi, uniquement réalisé dans une démarche filmique et dramatique, ‘Runaway’ et ‘Criminal Law’ sont des musiques comparables à certains romans ésotériques, des scores qui s’adressent à des initiés ou des inconditionnels de la musique synthétique ouverts d’esprit. Evidemment, ces partitions ne sont pas commerciales destinées à satisfaire le plus grand nombre. La critique a certainement oublié ce détail important, mais ces bandes originales n’ont jamais été conçues dans l’optique de plaire au grand public. Pour Goldsmith, il s’agissait avant tout de tenter autre chose, d’aborder le terrain de l’électronique, plus vaste et expérimental (rappelons qu’au même moment, d’autres compositeurs de film venant du symphonique suivirent la même voie, comme c’est le cas notamment pour Maurice Jarre), des expériences boudées par le public de l'époque, qui considéra majoritairement que Jerry Goldsmith avait écrit pour Criminal Law, l’un des plus mauvais scores de sa carrière !

 

Libre à tous d’apprécier aujourd’hui ces travaux mésestimés à leur juste valeur, ou bien de les honnir, tout en sachant que le mauvais jugement n’est pas le propre de la liberté, car le cinéma est avant tout fait pour être regardé ! Jerry Goldsmith a toujours su nous émerveiller, nous surprendre et répondre positivement à chacune des images qui lui ont été confiées. Qu’elle soit symphonique ou synthétique, peu importe, sa musique invite les images à être toujours meilleures.

 

Pascal Dupont et Quentin Billard

 

 

RUNAWAY,

Un score synthétique d'exception signé Jerry Goldsmith

 

Après les excellents scores pour 'Coma' et 'The Great Train Robbery', Jerry Goldsmith revient à nouveau sur un film de Michael Crichton, 'Runaway'. Pour ce film, Goldsmith a composé un score étonnant puisque tout est entièrement synthétique. Interprété par le compositeur lui même sur un clavier Yamaha et une série de samplers, le score de 'Runaway' est une musique de thriller glaciale et froide avec quelques rares moments plus doux. Le choix pour lequel a opté Goldsmith paraît évident pour deux raisons: d'abord, le budget du film étant assez bas, Goldsmith ne pouvait pas tellement se permettre d'utiliser un orchestre de 90 ou 100 musiciens. Deuxièmement, le climat futuriste et robotique du film a imposé de lui même sa propre musique: une musique électronique, en accord avec le climat de science-fiction du film (après tout, la majorité du film parle de robots). Les scores entièrement électronique chez Goldsmith sont plutôt rares. Dans le même registre, on aussi le très impopulaire 'Criminal Law' (1988).

 

Le 'Main Title' du film pose tout de suite l'ambiance: Goldsmith utilise des sonorités bizarres et assez sombres avec un côté menaçant, tandis que, très vite, le thème principal (le seul thème du score) fait son apparition pour évoquer le héros du film (un thème mélodique qui sera repris de manière très romantique dans le final du score et du film). Très vite, Goldsmith installe une ambiance de suspense saisissante, parsemant ses morceaux de sonorités toujours plus sombres et menaçantes, comme c'est le cas lorsque Ramsey va dans une maison pour stopper un robot ménager devenu fou. (le suspense qu'installe Goldsmith dans cette scène là est remarquable) Le compositeur s'est d'ailleurs arrangé pour éviter que son score sonne trop vite ringard. C'est pour cela que, aujourd'hui encore et même si le score sonne toujours synthé années 80, 'Runaway' n'a pas vraiment pris une ride. On y retrouve le même style suspense/action que dans ses BO orchestrales, sauf qu'ici, le choix des sonorités priment sur toute la musique. Et on peut vraiment dire que Goldsmith a bien choisi les sons qu'il devrait utiliser. (à noter que c'est son fils Joel Goldsmith qui s'est occupé de la programmation du synthétiseur).

 

Très vite et alors que Ramsey découvre la vérité à propos de robots devenus tueurs, le score tourne à l'action pour les scènes de fusillade ou de courses poursuites (c'est le cas pour la poursuite en voitures ou pour la fusillade avec les balles à tête chercheuse). Dans les morceaux d'action, on retrouve le style de Goldsmith avec ses plages sonores en ostinato, ses rythmes percutants et l'utilisation très appuyée des percussions samplées elles aussi sur le synthé. Il est marrant d'entendre Goldsmith réutiliser des sonorités électroniques déjà entendues dans certaines de ses oeuvres précédentes.

Par exemple, il y'a un son de synthé récurrent qui me rappelle beaucoup les sons de synthé qui servait de basse rythmique dans 'First Blood'. Le thème principal est toujours présent même si ce n'est pas vraiment l'aspect thématique que Goldsmith a privilégié dans ce score. Froid, glacial, métallique, le score de 'Runaway' est très sombre et aussi très flippant(essentiellement au début et à la fin du film, le milieu du film étant plus dans le style action).

Goldsmith arrive malgré tout à rendre les scènes d'action excitantes avec son synthétiseur et il est marrant de voir à quel point le compositeur Californien arrive à donner une force et du rythme à ces scènes avec l'aide d'un clavier et d'un peu de matériel, la preuve que même sur un synthé, Goldsmith arrive toujours à trouver la BO adéquate pour les films qu'il met en musique. Pour apporter un peu de relief dans ce score de thriller futuriste, Goldsmith propose de respirer un bon coup avec les deux passages où Ramsey se retrouve seul avec son fils le soir avant que ce dernier n'aille dormir. Doux, tendre et nostalgique à la fois, on sent l'amour que Ramsey porte à son fils qu'il doit élever seul depuis la mort de sa femme il y'a de nombreuses années.

 

Finalement, l'aventure touche à sa fin avec un final clairement romantique reprenant le thème principal sous une forme romantique accompagné par un rythme de batterie et des harmonies bien majeures (le reste du score étant atonal et dissonant). On sent véritablement une libération émotionnelle en écoutant ce très beau final, surtout après autant de suspense et de tension. (il est marrant de constater à quel point ce final rappelle un peu le style du 'Main Title' de 'Rent-A-Cop' que Goldsmith composera plus tard en 1988).  L'émotion n'est donc pas mis de côté dans ce score même si les passages calmes sont très rares durant le film qui est en fin de compte très rythmé.

 

Pour conclure, nous dirons que l'un des principaux aspects du score de 'Runaway', c'est la recherche de sonorités et d'alliages de sons que Goldsmith a effectué durant tout le film. Une fois de plus, le compositeur se montre très à l'aise sur le synthé même si l'on les puristes pourront regretter l'absence totale d'un orchestre. 'Runaway' est dans la même veine que le score de Brad Fiedel pour 'The Terminator' de James Cameron, à la différence près que 'Runaway' me semble avoir largement mieux vieilli que 'Terminator'. Ceci dit, 'Runaway' n'est pas une BO très facile d'accès et le style atonal entièrement synthétique risque d'en rebuter plus d'un. Par ailleurs, on ne peut pas dire que ce score fasse partie des chefs-d'oeuvre du compositeur. Néanmoins, ce n'est pas une raison pour sous-estimer cette BO qui donne beaucoup de force au film qui une fois encore ne serait rien sans sa musique.

 

Quentin Billard

THRILLER TRAILER ACCESS  

 

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