THE GOLDSMITH SCORE
A LEGEND FOR
A LEGEND_
THE MOST
ENCHANTING SCORE IN THE WORLD
Jerry Goldsmith retrouve à nouveau Ridley Scott pour qui il avait déjà composé son chef-d'oeuvre de 1979, l’inoubliable Alien , film pour lequel le maestro californien avait connu beaucoup de problèmes. Le sort semble s’acharner sur le compositeur, puisque Ridley Scott va lui réserver le même sort sur 'Legend', le réalisateur ayant en réalité complètement viré sa musique de la version américaine du film pour la remplacer par une nouvelle musique du groupe électro 'Tangerine Dream', qui a écrit un score électronique new age totalement inintéressant, à des années lumières de la richesse d'écriture et de la complexité de l'une des plus belles oeuvres du maestro dans sa période 80’s. Aujourd'hui, le réalisateur admet enfin avoir commis une erreur en rejetant le score de Goldsmith que l'on ne pourra alors entendre que dans la version européenne du film.
Jerry Goldsmith photo DR - All rights reserved © 2008
LP - Silva Screen FILMLP 1492 GB
LP - Japan IMPORT
CD - Filmtrax UP-ART 86002 ALL
CD - Silva Screen SILCD1183 GB
CD - Varese Sarabande VSD-5645 US
CD - Milan Records 198 416-2 EU
CD - Silva Screen FILMCD 045 GB
CD - Cimmerian Records CRCD007 ARGT
CD - Silva America SSD 1138 GB
CD - Music Box Records MBR-199 FR
JERRY AU SUMMUM DE SON ART !
" Pour le score de Legend, j'ai composé dans la douleur mais c'est mon meilleur travail
à ce jour"
Jerry Goldsmith © 1985
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Réalisateur touche à tout, Ridley Scott s'est hasardé sur le terrain du film d'aventure féerique avec le très manichéen 'Legend' sorti en 1985, qui décrit un univers enchanté avec son cortège de lutins, d'elfes et de héros affrontant les redoutables forces du mal. Après des grands classiques de la science-fiction tels que 'Alien' (1979) et 'Blade Runner' (1982), Ridley Scott voulait s'attaquer à un film davantage orienté pour la famille et les enfants, un projet qui lui tenait à coeur depuis quelques années déjà. Inspiré de la mythologie, de mythes religieux et de plusieurs contes pour enfants, le film intitulé au départ 'Legend of Darkness' nous narre l'éternel conflit entre le Bien et le Mal avec un dualisme très enfantin et très simpliste - Sur ce plan, 'Blade Runner' paraissait beaucoup plus subtil, même malgré la différence de caractère et d'esprit des deux films - L'aspect éblouissant de la beauté de la nature est au centre du film, reposant sur des décors de forêt magnifique et enchantée, où animaux et hommes vivent en harmonie et en paix.
Les concepts de Bien et de Mal sont symbolisés respectivement dans le film par les Unicornes, des chevaux imaginaires que l'on retrouve dans des anciens contes médiévaux et qui symbolisaient la pureté de la nature. Le mal est représenté quand à lui ici par le répugnant prince des ténèbres (Tim Curry) qui se dévoile dans la dernière partie du film sous la forme d'un immense satyre diabolique et repoussant, le satyre étant un symbole païen par excellence, représentant la perversion et la tentation - le tout renforcé par la couleur rouge. Le film a malheureusement souffert de très larges coupures imposées par la production à la suite de previews qui se sont avérées peu flatteuses. Parmi les scènes coupées, une séquence contenant une scène de sexe entre le prince des ténèbres et Lily (Mia Sara) a été retirée du film puisque cela rompait totalement avec le climat familial du long-métrage. 'Legend' a malheureusement été un bide commercial pour Ridley Scott, un échec pas forcément mérité mais qui s'explique sûrement à travers l'aspect trop simpliste de ce film féerique essentiellement destiné à un jeune public. C'est d'autant plus dommage que le film est techniquement magnifique (une fois encore) et que les acteurs sont tous très bons, dominés par un Tom Cruise jeunot à l'époque et pas encore très connu (il n'a que 23 ans à l'époque), dont le costume vert d'homme de la forêt rappelle étrangement un mélange entre le Papageno dans l'Opéra 'La Flûte Enchantée' de Mozart et le héros Link du jeu vidéo 'The Legend of Zelda'. A ses côtés, on notera le premier rôle de la discrète Mia Sara pour le personnage de l'innocente Princesse Lily amoureuse de Jack et forcément un brin naïve et rêveuse. Evidemment, 'Legend' est un peu un film à part dans la filmographie de Ridley Scott, qui a tenté une incursion dans l'heroic-fantasy sans vraiment y arriver - ce sera d'ailleurs la dernière fois que le cinéaste anglais tournera un film de ce genre, préférant revenir par la suite à des sujets plus sombres et plus adultes.
Jerry Goldsmith retrouve à nouveau Ridley Scott pour qui il avait déjà composé son chef-d'oeuvre de 1979, l’inoubliable 'Alien', film pour lequel le maestro californien avait connu beaucoup de problèmes. Le sort semble s’acharner sur le compositeur, puisque Ridley Scott va lui réserver le même sort sur 'Legend', le réalisateur ayant en réalité complètement viré sa musique de la version américaine du film pour la remplacer par une nouvelle musique du groupe électro 'Tangerine Dream', qui a écrit un score électronique new age totalement inintéressant, à des années lumières de la richesse d'écriture et de la complexité de l'une des plus belles oeuvres du maestro dans sa période 80’s. Aujourd'hui, le réalisateur admet enfin avoir commis une erreur en rejetant le score de Goldsmith que l'on ne pourra alors entendre que dans la version européenne du film. Décrire le score de 'Legend' est une chose délicate, la musique étant si riche, si puissante et si complexe à l'intérieur du film.
On y retrouve ici le style orchestral habituel du compositeur avec l’interprétation solide du traditionnel National Philharmonic Orchestra qui avait déjà interprété à merveille le fabuleux score d'Alien de Goldsmith, orchestra attitré de Jerry Goldsmith depuis la fin des années 60, mélangé à un travail passionnant autour des synthétiseurs analogiques ‘eighties’ (un mélange de Yamaha DX-7, Roland JP-8, Memorymoog, Oberheim OB, -8 DMX et DSX et un Sequential Prophet-T8), et d’une grande chorale en hommage au fabuleux 'Daphnis et Chloé' de Maurice Ravel, chef-d’oeuvre musical français qui reposait déjà sur un très intéressant travail de choeur sans paroles à une époque où Debussy avait ouvert la voix à une autre conception de la musique chorale, notamment dans sa fameuse pièce 'Sirène' des 3 Nocturnes pour orchestre ('Sirènes' ayant inspiré beaucoup de compositeurs par la suite). Dans 'Legend', l'écriture des choeurs sans paroles apporte une touche féerique et magique à la musique et au film tout en renouant avec l’esprit des compositions de Ravel, qui a servi d'inspiration principale pour le style et l’esthétique de la musique de 'Legend' (mais sans réelle citation thématique). On y retrouve aussi les harmonies modales si belles et élégantes de cette musique impressionniste française typique du début du XXème siècle, servies par un excellent travail d’écriture, de contrepoint et d’orchestration. Quand au travail de l’électronique, credo du compositeur depuis les années 70, il reste capital dans ‘Legend’ dans le sens où, comme toujours chez Goldsmith, les synthétiseurs sont utilisés comme des instruments solistes à part entière de l’orchestre, et constituent un vrai pupitre en prolongement de la formation symphonique utilisée sur ‘Legend’.
Le film s'ouvre sur le mystérieux 'Main Title/The Goblins', qui débute sur des cordes mystérieuses et des sons étranges du synthé, sons évoquant clairement ici un monde fantastique peuplé d'hommes et de créatures étranges, l'orchestre étant très vite rejoint par des choeurs mystérieux et sombres en même temps (le début commence dans le monde sinistre du seigneur des ténèbres). Le morceau possède un côté très 'impressionniste' (les flûtes imitant des sons d'oiseau comme dans la fameuse séquence du 'lever du jour' dans 'Daphnis et Chloé'), renvoyant une fois de plus à la période française de Ravel et Debussy. Le travail autour des différentes textures synthétiques est incroyable dans ce score et dans ce premier morceau qui donne clairement le ton du film. A noter un petit motif de synthé plutôt grotesque qui représente les personnages des sinistres goblins envoyés par le seigneur des ténèbres pour tuer les deux Unicornes et dominer le monde à travers le royaume des ombres. Dans la deuxième partie du score, Goldsmith développe le thème grotesque des Goblins avec ce mélange de sonorités électroniques étranges et complètement farfelues. On découvre dans ce premier morceau une grande part de fantaisie et d’invention assez éblouissante. A travers le thème grotesque des Goblins, on ressent clairement l’aspect méchant et espiègle des ces créatures évoquées par des sons bizarres assez vulgaires - la seconde partie du morceau avec des choeurs féeriques alternant avec le motif des Goblins n’a hélas pas été retenue pour le film – L’ouverture de ‘Legend’ est un grand moment de musique, pas forcément le passage le plus mémorable du score, mais un pur exercice narratif et musical pour lequel Goldsmith évoque le lever du jour et la découverte d’un monde rempli de mystères, de formes, de créatures, un fait qu’il suggère de façon remarquable avec une utilisation incroyablement inventive et quasi impressionniste des synthétiseurs, qui fourmillent de nombreux détails sonores passionnants, et parfaitement mixés avec l’orchestre.
Avec une mélodie exprimant sans équivoque le caractère magique, naïf et enchanté du film, ce thème tendre et poétique est évoqué dans le magnifique 'My True Love's Eyes/The Cottage', introduit par le chant de Lily qui fredonne à l’écran l'air de Goldsmith alors qu’elle se ballade en pleine forêt, tandis que le compositeur va progressivement rajouter son orchestre et ses sons électroniques plus cristallins pour accompagner ce moment charmant où Lily débarque joyeusement dans un champ et vient rendre visite à des paysans. On ressent ici toute la fraîcheur et la jovialité innocente (et enfantine) du personnage de Lily, qui alterne de manière brutale avec le thème grotesque des Goblins qui traînent toujours dans les parages, Goldsmith nous rappelant par la même occasion que tout n'est pas rose et idyllique dans ce monde, et que le destin de Lily est sur le point de gravement s’assombrir. Cette magnifique séquence de la chanson introduisant le thème principal 'My True Love's Eyes', chanté dans le film par Lily et développé ensuite à l'orchestre, donne une aura complètement féerique et poétique au film : c'est aussi l’occasion rêvée pour Jerry Goldsmith de nous rappeler brillamment que c’est aussi cela la magie de la musique de film, lorsqu'une musique fait partie intégrante d'une scène et qu'un personnage du film contribue à créer cette magie. Ce sont ces moments uniques propres à la musique de film qui font toute la richesse de cet art musical ! La magie est ensuite développée par un choeur de femmes paisibles et angéliques alors que Lily rentre dans la ferme d'une paysanne, le choeur étant suivi par ce son électronique cristallin qui évoque l’univers féerique du film. On retrouve donc ici une atmosphère pastorale paisible et idyllique, alternant avec la poésie du magnifique thème principal incroyablement touchant, nous renvoyant à une époque d'innocence et de pureté à travers la simplicité de cette ligne mélodique émouvante. Le morceau dévoile ensuite le thème de Lily, autre mélodie charmante et intime que Goldsmith développera aussi par la suite.
Dans 'The Unicorns', on débute dans une ambiance encore paisible alors que Lily rencontre Jack dans la forêt : à noter un très bref passage cuivrée pour l'arrivée de Jack, évoquant l’héroïsme du personnage de Tom Cruise. Les choeurs féeriques rejoignent très vite l'orchestre avec les sonorités cristallines du synthé, et ce au fur et à mesure que Goldsmith reprend le thème de Lily (ici avec un hautbois puis des cordes, puis plus tard avec une flûte et une harpe). La musique devient plus intense alors que Jack montre à Lily les Unicornes, considérées comme des animaux sacrés symbolisant la pureté et l'immense beauté de la nature. Le thème grotesque des Goblins est toujours présent et semble s'infiltrer dans le morceau comme un élément parasite et dérangeant qui n’a de toute évidence pas sa place au sein de ce climat féerique. Alors que les chevaux magnifiques apparaissent dans le film de manière quasi divine, Goldsmith nous fait entendre le superbe thème des Unicornes, confié aux cordes avec un choeur angélique et puissant à la fois symbolisant la pureté des ces créatures divines. Mais la musique devient alors soudainement plus sombre lorsque l'on comprend que les Goblins se préparent à tuer les Unicornes. Goldsmith réutilise alors le thème des Unicornes en y rajoutant astucieusement un petit groupe de deux notes qui suggèrent clairement l'idée de la menace qui pèse sur ces animaux. Pour attirer un des Unicornes et le toucher de sa main, Lily rechante sa chanson innocente au début de 'Living River/Bumps and Hollows/The Freeze', la poésie étant une fois de plus très vite interrompue par un retour du thème synthétique grotesque des Goblins alors que ces derniers blessent l’animal en lui tirant dessus à la sarbacane, tandis que l’autre cheval prend la fuite, pris de panique. La musique devient ici plus agitée, plus sombre : les choeurs prennent une connotation soudainement plus menaçante, avec des sons synthétiques plus inquiétants et plus tendus. Goldsmith nous fait alors comprendre que Lily a commis l’irréparable, et qu’il est trop tard pour l’Unicorne agonisant, et ce en ayant recours à des sonorités plus sombres qui viennent se faufiler sous le chant naïf de Lily. On retrouve le thème de Lily alors que cette dernière affirme plus tard que son prétendant sera celui qui ira lui ramener l'anneau qu'elle a jeté dans une rivière. Amoureux de sa jolie princesse, Jack saisit son courage à deux mains et se jette à l'eau pour y récupérer l'anneau, mais les ennuis commencent alors que la glace et le froid tombent soudainement sur la forêt. Les sonorités électroniques sont ici plus sombres, le choeur se fait de plus en plus menaçant et la tension monte crescendo pour évoquer l'anarchie du Mal qui commence à s’abattre sur la forêt. Alors que Jack est sous l'eau et qu'il se retrouve piégé par la glace, le choeur intervient ici avec des paroles de manière quasi épique pour évoquer le danger qui s'abat sur ce monde soudainement en proie à une vision d’apocalypse. Le mal est fait, un Unicorne va mourir alors que l'un des Goblins va couper sa corne et la ramener à son maître (d'où un dernier rappel du thème synthétique des Goblins à la fin du morceau).
Dès lors, la musique de Jerry Goldsmith va explorer l'univers sinistre et mystérieux du monde des ténèbres et de son maître cruel et prêt à tout, durant la seconde partie du film. Dans le très fantaisiste 'The Faeries/The Riddle', Jack rencontre une fée et des petits elfes, dont le chef, qui possède les traits d'un jeune enfant, répond au nom de Gump. On notera ici les orchestrations plus farfelues et l'utilisation fantaisiste d'un violon soliste pour le personnage du chef elfe (qui porte justement un violon dans l’une de ses mains). Sur un climat de danse étrange avec le violon soliste, Gump pose alors une énigme à Jack pour racheter sa faute. Le mélange des diverses couches sonores des synthétiseurs et de l'orchestre est ici particulièrement intéressant, alors qu’un air aux consonances populaires est entendu d'abord aux vents puis aux cordes pour évoquer les elfes. Goldsmith reprend ensuite ce refrain d'allure populaire dans 'Sing The Wee', la chanson des elfes absente du film. Dans ‘Forgive Me’, Jack et les elfes retrouvent l'Unicorne mort dans la neige alors que le jeune homme croise l'autre Unicorne femelle encore vivante qui semble lui en vouloir pour ce qui est arrivé à son mâle. On retrouve ici le thème des Unicornes, mais il s’est métamorphosé en un motif froid et sombre alors qu'un petit groupe de deux notes vient obscurcir le climat d’un morceau plus sombre et menaçant. A noter le très surprenant et délirant 'Faerie Dance', malheureusement absent du film : confié à un violon soliste avec l'orchestre, le synthé et une basse électrique inattendue, le morceau devait servir au départ à évoquer le sort que Gump lance à Jack alors que ce dernier lui explique sa faute, dans le but de le punir en le faisant danser de manière incontrôlable jusqu’à l’épuisement total. L'orchestre devient de plus en plus intense avec cette danse qui prend une tournure frénétique et enragée avant d'être brutalement interrompue lorsque Jack explique qu'il avait fait tout ça par amour pour Lily. Le jeune Jack est alors choisi pour devenir le héros qui partira combattre le Mal et rétablir la paix en détruisant une bonne fois pour toute le Seigneur des ténèbres. Dans 'The Armour', Goldsmith dévoile un motif de cuivres plutôt héroïque et solennel pour évoquer la transformation de Jack en un chevalier combattant désormais les forces du Mal.
'The Dress Waltz' est à son tour l’un des passages les plus impressionnants de la partition de ‘Legend’ : il nous permet de découvrir une valse frénétique et diaboliquement séductrice, à l'image du diable qui séduit et pervertit l'âme faible des hommes en les soumettant à la tentation et aux pêchés (thème religieux abordé très clairement dans le film de Ridley Scott), alors que Lily se retrouve seule dans la salle du trône du prince des ténèbres et entame une danse frénétique avec un individu sans visage entièrement vêtu de noir, tandis qu'elle porte elle même une bien étrange robe noire. Confié à l'orchestre et aux choeurs, Goldsmith développe ici un thème de valse hypnotisant qui renvoie clairement ici à la fameuse 'Valse' de Maurice Ravel, superbe page symphonique intense qui semble avoir quelque peu inspirée le maestro californien sur 'The Dress Waltz'. La valse ne cesse de monter crescendo jusqu'à se conclure de manière puissante et chaotique avec des choeurs insistants qui expriment son état d’hypnose, Lily étant en réalité plongée dans une sorte de transe incontrôlable. Dans un passage absent du CD, Jack et les elfes affrontent alors les deux gardiens des cuisines avant d'entendre un passage qui, comme dans 'Alien', est une fois de plus repris du temp-track du film : il s'agit en fait du 'Main Title' du film ‘Psycho II’ écrit par Goldsmith en 1983, et que Ridley Scott a décidé d’incorporer dans le temp-track du film, et qu’il conservera finalement dans le montage final du film – et ce encore une fois au grand dam de Jerry Goldsmith, confronté à nouveau au problème récurrent des temp-tracks et de l’influence écrasante qu’ils ont sur les réalisateurs et les producteurs de certains films.
La dernière partie du film débute avec 'Darkness Fails', ultime affrontement entre les forces du Bien (Jack et les elfes) et du Mal (le prince des ténèbres et ses sbires). 'Darkness Fails' est un morceau d'action puissant, sombre et déchaîné, le maestro nous dévoilant une fois de plus sa maîtrise incroyable de l'écriture orchestrale dans un style virtuose et complexe incarnant l'affrontement final entre Jack et le maître des ténèbres. Le motif héroïque de Jack se retrouve confronté ici à une écriture orchestrale plus chaotique évoquant le monstrueux satyre rouge, tandis que des choeurs puissants interviennent enfin pour évoquer la mort du maître des ténèbres, blessé par la lumière et achevé par un ultime coup fatal de Jack, la mort du méchant débouchant sur un véritable climax musical conclusif. Finalement, l'histoire trouve un heureux dénouement sur les superbes 'The Ring' et 'Re-United'. Jack se jette de nouveau à l'eau pour y chercher l'anneau de Lily et le lui ramener après l'avoir libérée de son sortilège. Le thème de Lily réapparaît alors de manière plus paisible tandis que les deux amoureux connaissent une conclusion pleine de tendresse en tombant enfin dans les bras l'un de l'autre. Finalement, le conclusif 'Re-United' démarre sur la chanson 'My True Love's Eyes' du thème principal chantée une fois encore par Lily pour célébrer le retour de l'été dans la forêt et la victoire du Bien sur le Mal. 'Re-United' débouche ensuite sur une magnifique reprise aux cordes du thème principal, cette fois ci complètement débarrassé de toutes sonorités vulgaires parasites liées auparavant à la présence menaçante des Goblins. Ce thème apporte enfin la touche finale de poésie et de magie au film, alors que le générique de fin continue sur sa lancée avec une reprise grandiose du thème des Unicornes par des choeurs angéliques, suivi de 'Sing The Wee' qui revient lui aussi.
Que dire de plus face à un monument musical tel que 'Legend', un des plus beaux scores du compositeur dans les années 80, composé la même année qu'un autre score assez similaire d'esprit, 'Baby Secret of The Lost Legend'. Dans 'Legend', le compositeur a laissé son inspiration le guider pour construire une partition aux harmonies et aux orchestrations complexes et magnifiques, des textures synthétiques élaborées et incroyablement inventives, et des choeurs féeriques et impressionnistes pour une oeuvre alliant la beauté avec la noirceur, retranscrivant idéalement la richesse et la complexité de la vie. L’album s'est assez mal vendu à cause de l'échec commercial du film, et pourtant, 'Legend' n'en demeure pas mois une petite merveille musicale démontrant une fois de plus la magie de la musique de film lorsque film et musique ne font plus qu'un, alliés dans une symbiose parfaite.
Pour le film de Ridley Scott, c'est ce que l'on ressent de manière très forte tout au long du film. Plus subtil qu'il n'y paraît, 'Legend' est un score qui nécessite plusieurs écoutes avant de pouvoir adhérer à la grandeur de cette somptueuse partition riche et complexe à la fois. Goldsmith nous démontrait encore une fois toute l’étendue de son talent pour mélanger les diverses sonorités synthétiques à l'orchestre ('Legend' est probablement la BO de Goldsmith la plus réussie dans ce domaine là).
Au final, le score enchanteur, envoûtant et féerique de 'Legend' reste un incontournable dans l'immense carrière de l'un des plus grands maîtres de la musique de film, un incontournable que tous les fans du musicien se doivent de connaître absolument, sous peine de quoi ils pourraient bien passer à côté de l’un des chef-d’oeuvres incontestés de Jerry Goldsmith !
Etude de Quentin Billard