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LES CHEF-D'ŒUVRES DE   

 

1981

 

  UNIVERSAL -  ABC

ORIGINAL SOUNDTRACK

 

AN IMPORTANT SCORE

MASADA

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« Masada » est l’adaptation télévisée du roman d'Ernest K.Gann, « The Antagonists », connu également au cinéma sous le titre éponyme. Cette mini-série américaine réalisée en 1981 par le vétéran de la télévision américaine Boris Sagal

 

 

JERRY GOLDSMITH PHOTO BY

RUDY KOPPL/SOUNDTRACK MAGASINE

Gigantesque téléfilm en quatre parties, Masada de Boris Sagal raconte la fameuse histoire d’un groupe rebelles juifs enfermés dans la forteresse imprenable de Masada et qui feront tout pour résister aux attaques et à l’invasion des Romains. Peter O’Toole incarne le Général romain Cornelius Flavius Silva qui se retrouve confronté à son adversaire juif Eleazar Ben Yair (excellent Peter Strauss), les deux acteurs campant à merveille leurs rôles respectifs.

Le Peplum selon Jerry Goldsmith

 

 

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MASADA 1981 - ABC UNIVERSAL PRODUCTIONS- ALL RIGHTS RESERVED

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Si le réalisme des décors est aussi saisissant, c’est tout simplement parce que le film a été directement tourné à la forteresse de Masada, perché en haut d’une montagne. Le téléfilm prend bien le temps de développer l’histoire et les différents personnages jusqu’à l’inévitable final où tout va se jouer pour les juifs de Masada. Si il est rare de voir ce téléfilm passer à la télévision, il est certain que Boris Sagal a pourtant réussi là un téléfilm de très grande qualité qui mérite réellement la peine d’être visionné au moins une fois, ne serait ce que pour le talent d’interprète que déploient Peter O’Toole et Peter Strauss dans ces deux antagonistes qui iront jusqu’au bout pour accomplir leur but.

Jerry Goldsmith a composé pour Masada un superbe score avec une thématique très forte et bien ancrée dans le téléfilm. Superbement orchestrée, la musique de Masada évoque l’affrontement entre les juifs rebelles et les romains, en donnant à chacun d’eux un thème spécifique, sans oublier les deux autres thèmes, celui des esclaves juifs des romains et celui de la ravissante Sheva dont Silva tombe follement amoureux malgré le dédain qu’elle ressent pour lui (elle est juive, il est romain et sait qu’il persécute son peuple). Avec ses sonorités orientales et ses accents guerriers, Masada est un score sombre qui évoque cette dramatique prise de la forteresse réputée être imprenable et ce depuis plus d’un siècle. Le thème des rebelles juifs est assez populaire parmi les grands thèmes de Goldsmith.

Moins connu que ceux de Star Trek ou de Patton, le thème des juifs n’en demeure pas moins mémorable, exprimant avec un certain entrain la ténacité des juifs avec un petit côté mélodie populaire. Goldsmith exprime la bravoure de ces hommes et leur attribue un aspect valeureux, enjoué et rythmé. Quand au thème des Romains, il est totalement différent bien évidemment: moins mélodique, il se distingue par ses cuivres et ses accents guerriers qui évoquent le côté militaire et le danger qu’ils représentent pour les rebelles de Masada.

 

L’un des grands moments de la partition, qui est aussi celui que le compositeur lui même joue très souvent dans ses concerts, c’est la marche romaine au générique de début du deuxième épisode, alors que les troupes romaines se mettent en marche pour se poster au pied de la montagne de Masada. Pendant plus de 5 minutes, Goldsmith développe le thème guerrier des romains avec une orchestration et un souffle symphonique incroyable. Un véritable tour-de-force orchestral généralement très apprécié par les béophiles et les fans de Goldsmith (et ils sont nombreux). Dans ce morceau épique, Goldsmith oppose de manière très radicale le thème des romains et le thème des juifs, comme pour évoquer l’affrontement inévitable que le réalisateur va particulièrement accentuer dans les épisodes 2, 3 et 4, le quatrième épisode étant le plus sombre et le plus tragique de tous. La marche romaine du début du deuxième épisode rappelle fortement les grands moments du Golden Age Hollywoodien avec les partitions titanesques de Miklos Rosza pour ‘Ben-Hur’ ou celles de Bernard Herrmann et de Max Steiner pour des péplums Hollywoodiens de cette époque. En tout cas, les influences sur la composition épique de Goldsmith son indéniables, même si l’on reconnaît très clairement le style du compositeur sur cette somptueuse partition symphonique.

 

Le thème des esclaves est lui aussi assez présent, avec ses harmonies et ses courbes mélodiques inspirées de l’orient. Quand au thème de Shela, il s’agit d’une pièce dramatique évoquant l’amour impossible entre Shela et Silva qui aimerait tellement qu’elle lui rende son amour qu’il ressent pour elle. Goldsmith le développe particulièrement bien dans le deuxième épisode, privilégiant des cordes romantiques et torturées à la fois pour un thème qui sonne finalement assez tragique, voire résigné, et qui apporte une grande touche d’émotion au sein de cette partition épique.

Les orchestrations sont généralement très amples, et l’on ne doit pas oublier de mentionner que c’est le compositeur Morton Stevens qui a assuré les scores du troisième et quatrième épisode en reprenant les thèmes de Goldsmith pour proposer un travail d’adaptation et de développement très intéressants et nettement abouti, même si le score de Stevens est en lui même bien moins intéressant que ne l’était celui de Goldsmith. Mais l’unité thématique et le travail de développement de la partition y est. (Morton Stevens a déjà écrit de la musique additionnelle pour une autre BO de Goldsmith, ‘Outland’, et plus particulièrement la séquence de la bataille finale. Il a par ailleurs écrit beaucoup de musiques pour des séries et des téléfilms divers. Mais il est malheureusement mort d’un cancer en 1991.) D’une manière générale, le score de Goldsmith reste très sombre, comme pour la scène où les troupes s’avancent vers la montagne en deux rangées dans le deuxième épisode, Goldsmith maintenant un certain suspense avec des cordes tendues et des orchestrations sinistres évoquant l’incertitude du combat. Le travail des percussions est lui aussi très important, de la caisse ou des tambours pour les romains en passant par le tambourin pour les juifs, tout y est. Stevens a complété le travail effectué par Goldsmith sur le premier et deuxième épisode et sa contribution est tout sauf négligeable. De la préparation du siège de la forteresse au tragique final, la partition de Stevens possède de grands moments, en particulier pour le très sombre final du film, là où l’usage de solistes et l’incroyable tension qui résulte de la pièce traduit l’horreur de cette séquence de fin.

Vous l’aurez donc compris, Masada est une partition épique et solide de la part d’un Goldsmith visiblement inspiré par ce grand téléfilm.

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Rares ont été les occasions de Goldsmith pour mettre des téléfilms en musique après les années 60. Sur Masada, il semble avoir tout le temps pour travailler sa musique et élaborer une partition développée, réfléchie, maîtrisée et parfaitement aboutie sur le plan de la thématique. Le thème des juifs et la marche romaine du début du second épisode restent deux grands moments de musique dans l’immense carrière de Goldsmith. En conclusion: un score épique et dramatique superbe !

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Analyse par Quentin Billard

L'impact de la signature du compositeur sur ces images épiques.

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