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JERRY GOLDSMITH    MUSICAL LAW W E B S I T E

UNE MUSIQUE

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LA OU UN
COMPOSITEUR
N'EST JAMAIS ALLÉ !

Tout commence par une fanfare... par Quentin Billard

 

'Star Trek' fut une expérience importante pour Jerry Goldsmith qui, en 1979 (il conçu la même année ses scores pour 'Alien', 'The First Great Train Robbery' et 'Players') composa l'une de ses partitions la plus appréciée. L'univers de science-fiction convenait parfaitement à son style et le compositeur californien eu la possibilité de créer pendant plusieurs mois alloués à son activité créatrice (le film ayant demandé pas mal de temps de réalisation dû aux très nombreux plans d'effets spéciaux), une grande partition symphonique qui lui permettrait d'explorer des techniques sonores nouvelles dont notamment l'utilisation du "Blaster Beam", un instrument crée par le musicien Craig Huxley, un assemblage de pièces métalliques qui, frappées entre elles, produisent un son étrange qui ressemble à un son de synthétiseur. 

Alors que dire de plus si ce n'est que 'Star Trek: The Motion Picture' est une oeuvres de a découvrir de toute urgence si ce n'est pas déjà fait. Il nous montre une fois de plus son talent pour évoquer des ambiances spatiales mystérieuses et pour créer des sonorités et des textures sonores parfaitement unifiées pour un film, en particulier sur les films de science-fiction, là où l'expérimentation et les techniques avant-gardistes sont particulièrement prisées ('Planet of The Apes', 'Outland', 'Alien', etc.).

Un superbe thème principal, des thèmes excellents, des orchestrations de qualité, une partition sombre et mystérieuse...en un mot: une très grande oeuvre ! 

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STAR TREK 5

THE FINAL FRONTIER

 

Jerry Goldsmith revient enfin à la musique de la saga « Star Trek » après sa partition splendide pour le premier épisode sorti en 1979, suivie des deux travaux de James Horner et de la partition humoristique de Leonard Rosenman pour le quatrième opus. Avec « Star Trek V », Jerry Goldsmith saisit l’opportunité de réutiliser le matériau thématique issu de sa musique pour « Star Trek: The Motion Picture », auquel s’ajoute quelques nouveaux thèmes, dont un thème noble et majestueux pour les scènes introductives de la montagne qui illustre symboliquement l’amitié entre Kirk, McCoy et Spock - un motif synthétique pour Sybok, un thème entêtant de quatre notes pour sa quête spirituelle, symbole de l'idéal divin qu’il recherche de manière obsessionnelle tout au long du film (ce fameux motif sera d’ailleurs repris dans les futures partitions de « Star Trek First Contact » et « Star Trek Insurrection ») et enfin, un dernier thème, majestueux et magique, qui apparaîtra vers la fin du film, associé à la découverte de la planète Sha Ka Ree.

 

Le compositeur fait appel à un très grand orchestre symphonique pour parvenir à ses fins, incluant notamment un pupitre de cuivres assez massif, constitué de 9 cors, 6 trompettes, 4 trombones et 1 tuba (une note de l’album précise même que Goldsmith employa exceptionnellement 2 tubas dans le morceau « A Busy Man ») auquel s’ajoutent une pléiade d’effets synthétiques chers au compositeur et typique de ses musiques de film des années 80, effets crées en grande partie sur le traditionnel Synclavier typique de la musique électronique des années 70/80, matériel fréquemment utilisé par le maestro californien et d’autres compositeurs à cette époque. Goldmsith introduit dès le début du film le motif de Sybok dans « Nimbus III » (morceau non utilisé), qui se reconnaît grâce à son motif de quatre notes de synclavier qui imite vaguement le son d’un orgue rappelant l’idée de la quête divine du personnage sur fond de pulsation lente et déterminée. Niveau orchestrations, on notera ici l’utilisation réussie de percussions boisées, un élément récurrent pour Sybok et Nimbus III dans la partition de « Star Trek V ».

 

« The Mind-Meld » évoque les pouvoirs psychiques de Sybok par le biais de sonorités synthétiques mystérieuses. Rapidement, le morceau cède la place à des harmonies de cordes/bois plus majestueuses qui évoquent l’idée de la quête spirituelle. Une brève allusion au thème principal de l’Enterprise et au motif de Sybok permet de conclure le morceau, avec une instrumentation plus exotique et ethnique pour le monde désertique de Nimbus III.

Dans « The Mountain (Main Title) », Jerry Goldsmith reprend enfin la célèbre fanfare d'Alexandre Courage avant de développer son fameux thème principal héroïque issu de « Star Trek: The Motion Picture ». A noter ici l’utilisation d’un nouvel élément sonore : une sorte de glissando synthétique de Synclavier, qui évoque l’univers spatial/futuriste du film, et que l’on retrouvera à plusieurs reprises dans le reste du score. On distingue ensuite un plan d'une montagne dans le Yosemite National Park sur terre, Kirk étant en pleine ascension, peu de temps avant que Spock arrive près de lui avec ses rétro-fusées.

 

C'est lors de l’ascension qu'intervient un autre nouveau thème du film, une mélodie ample qui évoque l'amitié très forte unissant Spock, Kirk et McCoy. Peu utilisé durant le film (on le retrouve aussi vers la fin du récit), ce thème aux allures pastorales apporte une touche d'émotion indispensable pour le relief du score. Avec « Raid on Paradise », Goldsmith nous offre son premier grand morceau d’action pour la scène où Sybok et ses partisans s’emparent de Paradise City vers le début du film. C’est l’occasion pour le compositeur de développer le motif synthétique de Sybok sur fond de rythmes syncopés et de percussions boisées/ethniques pour Nimbus III. La dernière partie du morceau nous permet d’ailleurs de retrouver le thème de l’Enterprise, et, plus intéressant encore, une allusion à l’un des thèmes rejetés de « Star Trek : The Motion Picture », entendu à partir de 1:39.

Le thème de l’amitié revient dans la scène intimiste du feu de camp dans « Not Alone », tandis que Goldsmith réutilise son fameux thème des Klingons dans « Target Practice », un thème lui aussi repris de « Star Trek : The Motion Picture », motif aux accents guerriers, rapide et cuivré, auquel le maestro apporte une nouvelle force dans cette cinquième aventure. Et comme dans sa partition de 1979, Goldsmith accompagne le motif guerrier des Klingons par un ensemble de percussions exotiques/ethniques assez inventives, à base de cloches, d’anklungs et de martèlements répétés sur l’extrémité grave d’un piano. On appréciera d’ailleurs les orchestrations intéressantes de ce thème dans « Without Help », pour lequel Jerry Goldsmith utilise, lors d’une nouvelle apparition des Klingons et de leur vaisseau la sonorité étrange d’un Shofar, qui rappelle parfois certains sons de « Planet of The Apes » (1968), et qui souligne le caractère belliqueux et extra-terrestre des Klingons. « Without Help » développe quand à lui un motif de tension de trois notes que l’on retrouvera beaucoup durant la dernière partie du score.

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La partition de « Star Trek V » nous propose aussi quelques moments plus mystiques et mystérieux particulièrement réussis, comme c’est le cas dans « Free Minds », pour la scène où McCoy assiste à nouveau à la mort de son père : les cordes résonnent ici de manière funèbres, tandis que l’électronique crée avec brio une sensation onirique assez étrange sur fond d’harmonies mystiques empruntes à « The Mind-Meld », sentiment similaire que l’on retrouve ensuite dans « The Birth » lors du flash-back de la naissance de Spock, deux morceaux plus mystérieux et psychologiques particulièrement réussis dans la partition de « Star Trek V ». Avec « A Busy Man », Goldsmith décrit la scène de l'atterrissage sur Sha Ka Ree avec le thème de la quête et le thème lyrique de la planète divine, qui atteint dans cette scène son paroxysme, partagé entre des cordes émerveillées, un orchestre ample et les synthétiseurs à base de sons cristallins et apaisants on a d’ailleurs beaucoup rapproché ce thème du paradis perdu avec celui des Unicornes dans le score de « Legend » (1985), qui possède effectivement quelques similitudes de caractère. Dans cette scène, Goldsmith arrive à capter l'impression d'émerveillement et de découverte du monde tant recherché. L’entêtant motif de la quête, très présent tout au long du score (« Pick It Up », « It Exists », « The Birth », « « The Barrier », « A Busy Man », etc.) est à nouveau développé ici, un motif absolument entêtant que Goldsmith développe à profusion pendant une bonne partie de sa partition, et qui le suivra même dans ses prochaines aventures spatiales avec l’équipage de l’Enterprise dans les années 90.

Le maestro développe alors le superbe thème de Sha Ka Ree de manière majestueuse et solennelle. Son utilisation dans cette scène est d’ailleurs absolument remarquable. Le spectateur ressent très clairement cette impression d'émerveillement quasi féerique (sans jamais basculer dans le grandiloquent), l’aboutissement d’une longue quête spirituelle et personnel. On retrouve aussi ce thème dans « An Angry God », alors que Sybok a enfin trouvé le Dieu qu'il cherchait tant, mais l'émerveillement évoqué par le dit thème cède très vite la place à un sentiment de menace sous-jacent alors que le Dieu en question se révèle être une entité particulièrement dangereuse. Les harmonies mystiques et religieuses de « The Mind-Meld » reviennent dans « A Busy Man », tandis que l’entêtant motif de la quête est développé ici par les cuivres de manière obsédante et inquiétante (notamment dans l’utilisation particulière de 2 tubas), à l’image du fanatisme religieux aveugle de Sybok.

Le thème de Sha Ka Ree et ses synthétiseurs apaisés reviennent aussi dans « A Busy Man », alors que Sybok a enfin atteint son objectif, thème repris ensuite dans le sombre « An Angry God ». A noter la manière dont Goldsmith fait véritablement exploser le thème de la quête lorsque le Dieu se révèle être une entité maléfique et malveillante : ce motif, plus entêtant que jamais, ne représente désormais plus l’idée de la quête spirituelle mais celle de l’échec de Sybok et de son obsession aveugle pour la recherche de Dieu.

C’est pourquoi Goldsmith développe à loisir ce motif durant la dernière partie de « An Angry God », motif rendu torturé par ses nombreux rebondissements rythmiques et ses développements instrumentaux complexes et réussis. Le thème de Sybok revient quand à lui dans « Let’s Get Out of Here » pour le sacrifice ultime du demi-frère de Spock, dans une version qui rappelle la reprise solennelle du thème dans « It Exists ». Signalons pour finir quelques morceaux d’action absolument incontournables, comme l’excellent « Open the Gates » qui accompagne avec intensité la séquence où Kirk et ses hommes viennent libérer les otages sur Nimbus III : Jerry Goldsmith installe progressivement son climat d'action avec l'utilisation originale de claquements de percussions boisées ethniques et des orchestrations typiques du compositeur à noter l'importance des diverses trompettes en sourdine avec cordes, trombones, cors et percussions rappelant le style action de partitions 80’s telles que « Rambo: First Blood Part II ».

 

Jerry Goldsmith se montre donc à nouveau très inspiré sur « Star Trek V », et ce malgré la médiocrité décevante du film de William Shatner : cette nouvelle incursion dans l’univers Star Trek représenta pour le maestro californien une brillante opportunité de revisiter en partie son travail sur « Star Trek : the Motion Picture » tout en constituant une nouvelle thématique fraîche et originale, dominée par l’entêtant motif de la quête qui deviendra un motif incontournable dans les prochaines musiques de la saga « Star Trek », à l’image de la célèbre mélodie héroïque de l’Enterprise. Grâce à l’excellent double album publié par La La Land, les fans de Jerry Goldmsith pourront enfin redécouvrir l’intégralité du travail du compositeur sur « Star Trek V », appréciant enfin chaque développement thématique et instrumental avec une profusion de détails et d’idées typiques du maestro, car, sans atteindre le génie de « Star Trek : the Motion Picture », la musique de « Star Trek V » n’en demeure pas moins l’une des meilleures musiques de film écrites par le compositeur à la fin des années 80 !

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STAR TREK 8

FIRST CONTACT

 

Jerry Goldsmith revient après le score très décrié de Dennis McCarthy pour 'Star Trek: Generations' (le septième épisode de la saga). Après avoir composé la musique de 'Star Trek: The Motion Picture', 'Star Trek V: The Final Frontier', le maestro revient sur ce huitième épisode avec un score d'action/aventure sombre et toujours aussi réussi. Cette fois, Goldsmith délaisse son fameux thème principal qu'il ne reprendra que pour le 'End Credits' (on le retrouve néanmoins sous forme de petits rappels au sein du score et surtout dans les parties d'action) et se concentre plutôt sur son nouveau thème entendu après la traditionnelle fanfare d'ouverture composée pour la série TV par Alexandre Courage.

La nouveauté de cet épisode est donc que le 'Main Title' ne contient aucune musique héroïque ou majestueuse comme on avait put l'entendre jusqu'à présent dans toutes les ouvertures des 'Star Trek'. Le nouveau thème de Goldsmith apparaît donc tout de suite après la fanfare et se présente comme un thème très mélodique et facilement mémorisable.

Lyrique, émouvant et solennel, ce nouveau thème lent et très touchant évoque l'espoir de paix de la race humaine grâce au 'premier contact' et apporte une dimension universelle à la musique: l'idée de la fraternité entre les hommes. (on pense un peu au style de thème que composera Goldsmith pour 'Air Force One' --- on retrouvera d'ailleurs le style des parties d'action de 'Star Trek: First Contact' dans 'Air Force One' en 1997 ) Ce thème sera toujours assez présent tout au long du film pour rappeler au spectateur que Picard et ses amis se battent avant tout pour que les humains survivent et trouvent la paix. Goldsmith réutilise les éléments issus de ses anciens scores pour les deux 'Star Trek' qu'il a déjà mis en musique (sans oublier sa participation à la série TV où il a composé le thème de 'Star Trek: The Next Generations'), c'est-à-dire le thème principal (dans le 'End Credits'), le thème de la quête repris de 'Star Trek V' et l'excitant thème des Klingons, lié ici au personnage de Worf (du côté de Picard), sans oublier l'utilisation traditionnelle du synthétiseur mélangé aux orchestrations typiques du compositeur.

A noter que pour ce score, Goldsmith a fait appel à son fils Joel Goldsmith (de toute sa carrière, cette co-composition père/fils est inédite!) pour composer la musique additionnelle, la partie de Joel se mélangeant très bien à la partie composé par son père.

Le score adopte comme le film le ton sombre de l'histoire. C'est surtout grâce aux Borgs que le score de Goldsmith s'entiche d'un climat résolument aussi sombre, en particulier par le biais du thème des Borgs (composé par Joel Goldsmith!) qui n'est pas vraiment très mélodique mais qui se reconnaît surtout par son utilisation de son de synthés métalliques/froids et par un motif de 3, 4 notes assez difficilement identifiable aux premières écoutes (mais néanmoins très présent dans les passages d'action et souvent assez développé).

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L'effet voulu fonctionne parfaitement à l'écran: les Borgs sont des êtres dénoués de toute humanité et complètement lobotomisés, et le danger qu'ils représentent est très bien retranscrit dans leur thème auquel Goldsmith rajoute des orchestrations sombres (on a par exemple ces petits effets de glissendi dissonants des trombones qui donnent un côté très menaçant à ces personnages lugubres). A noter que l'on entend ce thème au tout début du film, lors de l'introduction qui présente Locutus/Picard prisonnier dans le vaisseau des Borgs (un début étonnement très sombre pour un 'Star Trek'), le morceau étant ici aussi composé par Joel Goldsmith.

Les parties d'action sont elles aussi très réussies, dans la même veine que 'Star Trek V'. Que ce soit les attaques contres les Borgs ou la scène à la 'Outland' sur la coque du vaisseau avec les bottes magnétiques, Goldsmith maintient toujours un tempo action toujours un peu trop répétitif dans le film (même défaut que dans 'Star Trek V') mais néanmoins très réussi et peut être même encore plus puissant au niveau des orchestrations que son précédent score de 1989 (le synthé reste toujours très prisé dans ces passages, avec des sonorités toujours très familières du compositeur). Les parties suspens illustrant la menace des Borgs sont aussi saisissantes dans l'album que dans le film et Goldsmith arrive parfaitement à retranscrire le sentiment d'une sombre menace imposé par ces créatures perfides.

Goldsmith reprend alors son nouveau thème solennel pour le superbe final du film avant que le fameux thème principal de Goldsmith fasse son apparition pour le 'End Credits'. Malgré les bons points de ce score (parties suspense pour les Borgs style thriller parfaitement maîtrisées, parties action toujours aussi percutantes, nouveau thème très touchant, réutilisation de matériau thématique aussi maîtrisé et partie additionnelle de Joel Goldsmith s'incluant sans problème dans le reste du score de son père, impact musical très efficace à l'écran), 'Star Trek: First Contact' ne pourra malheureusement pas prétendre rivaliser avec la qualité du premier opus qui reste décidément imbattable dans son domaine, même par Goldsmith lui même. Il manque toujours un petit quelque chose à ces scores, que ce soit celui de 'Star Trek V' ou celui de 'First Contact'. Malgré tout cela, 'Star Trek: First Contact' reste un score solide dans la saga 'Star Trek.

Nous terminerons cette critique en évoquant la puissance des deux thèmes, celui du 'Main Title' décidément très prenant et les parties concernant les Borgs avec leurs sonorités métalliques/synthétiques très sombres, deux éléments qui rendent ce score action/aventure vraiment intéressant. Les fans de 'Star Trek' apprécieront, même si l'ensemble s'avère être sans surprise.

 

 

STAR TREK 9

INSURRECTION

 

Jerry Goldsmith revient à la charge sur ce neuvième épisode. Pour 'Star Trek: Insurrection', Goldsmith a composé une partition pleine de nouveaux thèmes avec un côté paisible original dans la saga musicale des Star Trek. Dès le générique de début (Ba'ku Village), Goldsmith ouvre le film sur la sempiternelle fanfare d'Alexandre Courage mais plutôt que d'utiliser son thème de 'Star Trek: The Motion Picture', le compositeur a décidé d'ouvrir le film sur le nouveau thème principal de ce neuvième opus, un thème très surprenant dans la saga musicale des Star Trek. Après le superbe et grandiose thème d'ouverture dans 'Star Trek: First Contact', Goldsmith ouvre cette nouvelle aventure spatiale avec un thème de caractère pastorale, plein de tendresse et aussi plutôt romantique de caractère. S'ouvrant sur une harpe et un hautbois, ce très beau thème évoque la vie paisible de Ba'ku et le bonheur de ces gens vivant en paix en harmonie avec la nature. Avec une certaine touche de lyrisme, le compositeur nous offre une certaine bouffée de fraîcheur nouvelle dans l'univers musical de Star Trek et véritablement très agréable. Ce nouveau thème a suscité la surprise de plus d'un béophile à la sortie du film et des fans de Goldsmith qui ne s'attendaient pas à une musique pareille pour un nouvel épisode de Star Trek. Ce paisible thème de Ba'ku sert donc à plonger le spectateur dans l'univers pacifique et harmonieux de la planète et des habitants qui ne veulent qu'une seule chose: vivre en paix en communion avec la nature. En ce sens, 'New Sight' est exemplaire. Très romantique, utilisant les synthétiseurs pour créer une certaine ambiance d'émerveillement, le morceau développe une atmosphère paisible et douce pendant plus de 5 minutes, alors que les hommes de l'équipage descendent sur Ba'ku et profitent de leur bain de jouvence, tandis que Picard est avec la ravissante Anij qui lui apprends à profiter des petits moments paisibles de la vie (le temps n'a pas d'emprise sur eux dans cette planète). Goldsmith utilise d'ailleurs un autre thème, confié généralement aux vents (ici la flûte), une sorte de Love Theme paisible évoquant la tendresse qui se crée progressivement entre Picard et Anij (on le retrouve aussi dans le joli 'Children's Story' et vers la fin de 'The Healing Process') Symbolisant cette tendresse naissante entre Picard et Anij, ce thème évoque une fois encore l'idée de donner une tournure plus douce et plus humaine à un score partagé entre moments paisibles et passages d'action bruts. Notons l'utilisation des synthés dans 'New Sight' et 'Children's Story' et qui donnent un côté vaguement féerique à ce bain de jouvence auquel Picard et ses hommes profitent sur cette planète qu'ils veulent protéger.

Mais après avoir bien exposé son nouveau thème principal dans le Main Title, la musique prend soudainement une tournure plus sombre et plus menaçante. Data fait des siennes et semble devenu incontrôlable. Goldsmith utilise ainsi son deuxième nouveau thème, qui évoque dans un premier temps le danger de la situation et qui deviendra par la suite une sorte de leitmotiv d'action soulignant la menace des Son'a. Souvent exposé aux trombones, ce thème d'action possède une très forte ressemblance avec le thème principal de 'US Marshals', ce que l'on a d'ailleurs très clairement reproché à Goldsmith à propos de ce score. Même le style action du score se rapproche beaucoup de 'US Marshals' et des récents scores d'action de Goldsmith depuis les années 90, le tout sans aucune originalité particulière. Effectivement, le compositeur ne cherche nullement à innover mais ne fait qu'appliquer des formules déjà âgées. Quoiqu'il en soit, ce nouveau thème évoque le danger constant et sert à renforcer la tension dans les passages d'action (très nombreux une fois de plus). Le troisième thème est celui des Son'a, entendu dans 'The Drones Attack' et 'Not Functioning'. Plus imposant que le thème d'action, Goldsmith en propose une large utilisation dans l'excitant 'The Drones Attack' alors que les vaisseaux des Son'a lance des capsules servant à téléporter les habitants de Ba'ku fuyant leur village avec l'aide de Picard et de ses hommes. Une fois de plus, on retrouve le Goldsmith de l'action typique de ce que le maestro fait depuis de nombreuses années déjà dans ce domaine. A l'aide de ses traditionnelles synthétiseurs, le compositeur renforce la rythmique de ses morceaux d'action, 'The Drones Attack' étant un développement intéressant du sombre thème des Son'a exposé au sein de ce passage d'action montrant un Goldsmith toujours en pleine forme. (notons le rappel au thème d'action présent lors de cette séquence de combat contre les Drones, sans oublier un très bref rappel au thème des Klingons de 'Star Trek: The Motion Picture', servant ici à évoquer la bravoure de Worf, le Klingon ami de Picard et qui l'aide dans sa quête depuis le début) Avec des morceaux tels que 'In Custody', 'The Riker Maneuver', 'Not Functioning' ou 'The Drones Attack', le compositeur réutilise ses traditionnels mélanges orchestre/synthé avec ses orchestrations typiques de sa musique d'action des années 90. Dans 'The Riker Maneuver', Goldsmith montre son talent à installer une rythmique au sein de son écriture orchestrale pour ensuite la développer et lui donner des proportions plus imposantes à l'aide de différentes techniques de travail sur les mesures et les rythmes (principalement syncopés, souvent à l'aide de nombreux changements de mesure). C'est ce que l'on retrouve aussi dans 'The Healing Process', évoquant la confrontation finale entre Picard et le sinistre Ru'afo qui est prêt à tout pour arriver à ses fins. (notons l'utilisation d'un chœur samplé montant en puissance vers la fin du morceau pour évoquer les derniers instants du méchant, et ce d'une manière très efficace à l'écran et dans la musique)

Le traditionnel 'End Credits' reprend la fanfare d'Alexandre Courage et le traditionnel thème héroïque de 'Star Trek: The Motion Picture', un thème qui, comme dans 'Star Trek: First Contact', aurait mérité à être un peu plus présent au sein du score de 'Star Trek: Insurrection' (Goldsmith y fait brièvement allusion vers la fin de 'Ba'ku Village' alors que l'on voit les premiers plans de l'Enterprise D) Après une première exposition du célèbre thème héroïque de Star Trek, Goldsmith réutilise le thème de Ba'ku réexposé d'une similaire au Main Title.

Avec la douceur de sa harpe, la tendresse de ses vents (hautbois et flûte) et la délicatesse de ses cordes, ce nouveau thème aura véritablement permit à l'univers musical de Star Trek de prendre une autre tournure, apportant une touche d'humanité dans des scores souvent agités et parfois très sombres (Star Trek VI par exemple). Le thème héroïque conclut le générique de fin comme à l'accoutumée. En bref, passé la très agréable surprise du nouveau thème de Star Trek: Insurrection, il n'y a rien de bien nouveau dans ce score d'action/aventure. Même si Goldsmith évite de trop réutiliser certains de ses anciens thèmes pour en créer de nouveaux (thème des Son'a, thème d'action, thème romantique, nouveau thème principal, etc.), l'ensemble donne une fois de plus l'impression d'avoir déjà été entendu maintes et maintes fois, surtout dans le style action du score, les parties d'action étant parfois un peu trop longues et surtout trop nombreuses dans le film (même problème pour 'Star Trek: First Contact'). Cela n'empêche pas de considérer 'Star Trek: Insurrection' comme un nouveau grand score de Goldsmith dans la saga musical des Star Trek, même si l'on est loin de la qualité et de l'originalité de la musique du premier épisode en 1979.

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STAR TREK 10

NEMESIS

 

Jerry Goldsmith retrouve pour la cinquième fois la saga ‘Star Trek' pour lequel le maestro nous livre son ultime partition orchestrale, nettement plus sombre que son précédent opus musical pour 'Star Trek Insurrection' (qui avait d’ailleurs reçu un accueil plutôt mitigé). C'est la troisième fois que le compositeur collabore avec Stuart Baird puisque ce dernier avait déjà fait appel au maître californien sur 'Executive Decision' et 'U.S. Marshals'. Avec ‘Star Trek Nemesis’, Jerry Goldsmith semble s'être clairement orienté ici vers le style de ses partitions d’action/suspense habituelles telles que 'U.S. Marshals' ou 'Deep Rising', qui semblent avoir tout deux servi de point de repère majeur pour ‘Star Trek Nemesis’, à tel point que Goldsmith est même allé ici jusqu'à imiter son fameux thème en tritons associé au monstre aquatique dans le film de Stephen Sommers. Ainsi donc, le nouveau thème de 'Star Trek Nemesis' risque fort de passer inaperçu à la première écoute, un fait assez regrettable étant donné que 'First Contact' et 'Insurrection' possédaient pourtant un thème particulièrement mémorable. ‘Star Trek Nemesis' se veut ainsi plus distant, plus froid et surtout beaucoup plus noir, avec un nouveau thème qui rappelle d’ailleurs un motif d’action entendu dans ‘U.S. Marshals’.

Le film débute au son de 'Remus', morceau qui nous fait rentrer d'emblée dans le caractère plus mystérieux de ce nouveau score. Cette introduction offre à Goldsmith l’occasion d'asseoir son matériau électronique qui rappelle beaucoup ici les sons de synthétiseur employés dans 'Executive Decision' ou 'U.S. Marshals'. Après la traditionnelle fanfare d'Alexandre Courage toujours parfaitement ancrée dans l'univers musical des 'Star Trek' (même la fanfare résonne ici de manière un peu plus sombre), Jerry Goldsmith enchaîne directement sur le nouveau thème principal, associé ici à la menace de Praeter Shinzon, un mystérieux clone rajeunit du capitaine Picard. Confié aux cors avec quelques cordes en suspend et une rythmique électronique renforcé par les timbales, ce leitmotiv du grand méchant de service renforcera tout au long du film le sentiment de menace et de tension. 'The Box' prolonge l'ambiance sombre de la fin de 'Remus' pour la séquence du carnage dans le sénat Romulien au début du film. C'est dans ce morceau que le compositeur installe ses nouvelles sonorités électroniques parfaitement associées au sinistre Shinzon, sonorités synthétiques qui côtoieront le motif menaçant afin de renforcer à leur tour l'idée du danger associée au nouvel ennemi du capitaine Picard. Traversé par une très grande noirceur, 'The Box' s’agite soudainement avec un rythme agressif et soutenu illustrant la mort des sénateurs par le biais d'un nouveau rappel énergique du thème de Shinzon, qui fait immédiatement penser ici au motif principal de ‘Deep Rising’.

Après un bref 'My Right Arm' plutôt paisible et tendre (scène du mariage de Riker et Troi, Picard en profitant pour rendre hommage à son vieil ami), 'Odds and Ends' nous permet d’entendre le premier grand morceau d'action de la partition de ‘Star Trek Nemesis’. Le morceau débute avec les inquiétantes sonorités électroniques plutôt graves et menaçantes qui instaurent une fois encore une ambiance musicale particulièrement noire et pesante dans le film. Le morceau intervient durant la séquence du désert où Picard et Data récupèrent les restes de l'androïde 'Proto', clone parfait de Data, et ce avant que des mystérieux ennemis surgissant de nulle part attaquent les héros. La seconde partie du morceau s’oriente alors vers l'action pure et dure dans un style qui rappellera beaucoup 'The Mummy', ‘U.S. Marshals’ ou même encore 'The 13th Warrior'. Nouveau morceau d'action tonitruant, 'Odds and Ends' permet au compositeur de faire monter la tension au cours de ce bref affrontement dans le désert, le tout dominé par le style rythmique et sophistiqué typique du compositeur.

'Repairs' nous permet de respirer un peu avec ici une allusion au motif de cinq notes de 'Star Trek First Contact'. L’ambiance tourne à nouveau au suspense pour rappeler le fait que la menace de Shinzon est toujours omniprésente (excellente utilisation des sonorités électroniques qui créent ici une atmosphère assez lugubre, très éloignée des précédentes partitions de la saga ‘Star Trek’!). Le compositeur fait brièvement allusion à son célèbre thème de 'Star Trek The Motion Picture' pour une séquence à bord de l'Enterprise, la dernière partie du morceau reprenant à nouveau le motif menaçant de Shinzon soutenu par des rythmiques synthétiques plus présentes. 'The Knife' est quand à lui l’un des plus sinistres morceaux du score de ‘Star Trek Nemesis’, une pièce atmosphérique plus proche des partitions thriller/suspense du compositeur que de l'univers musical 'Star Trek' en général. Dans cette scène, Shinzon utilise son couteau pour y faire couler dessus une goutte de son sang et l’offrir à Picard afin qu'il puisse analyser l'ADN et constater par lui même qu'ils sont tout les deux issus du même sang. Une fois encore, ce sont les sonorités électroniques sinistres associées au redoutable Shinzon qui renforcent l'ambiance glauque du morceau avec des cordes lentes et des bois froids qui rappellent vaguement par moment les passages plus mystérieux de la partition de 'Leviathan' .

'The Mirror' permet alors à Jerry Goldsmith de revenir progressivement vers l'action après de nombreux passages plus lents et atmosphériques. Si l’ouverture du morceau débute sur une atmosphère mystérieuse à la 'Leviathan', c'est après une longue montée de tension qui le compositeur va renouer avec son matériau action tandis que Picard et Data tentent de s'échapper du vaisseau de Shinzon en empruntant un des véhicules Scorpion. Goldsmith illustre cette scène d’affrontement avec les sbires du méchant dans les couloirs de son vaisseau en installant une rythmique orchestrale excitante constituée de rythmes syncopés et de formules rythmiques qui évoquent beaucoup ici une sorte de mélange entre Stravinski et Bartok - excellent contre-chant mélodique à 4:30, confié à un mélange piano/xylophone, véhiculant par dessus la rythmique imposé par les cuivres et les timbales. Le morceau débouche sur l'excellent 'The Scorpion' dont le début ressemble étrangement à la rythmique du ‘The Dream’ de 'Total Recall'. 'The Scorpion' est sans aucun doute l'un des meilleurs morceaux d'action du score de Goldsmith, reposant ici sur une excellente écriture de cordes avec une rythmique synthétique soutenue, un mélange caisse claire/timbales et des cuivres déterminés typiquement du compositeur. On regrettera simplement le côté trop bref voire épisodique de ces morceaux d'action qui ne sont pas assez long sur l'album et qui nous donnent toujours envie d'en entendre plus (le morceau se conclut sur un bref rappel héroïque du thème de 'Star Trek The Motion Picture').

Avec 'Lateral Run', Goldsmith illustre la confrontation finale entre l'Enterprise et le vaisseau Scimitar de Shinzon. Ce nouveau morceau d'action fait monter la tension au cours de cet affrontement sans pitié qui offre enfin l'occasion à Jerry Goldsmith de réutiliser une série de variantes basées sur le motif de Shinzon, l'affrontement se poursuivant sur le sombre 'Engage' (tentative désespérée de la part de Picard qui fonce comme un fou sur le vaisseau de Shinzon). C'est l'excellent 'Final Flight' qui évoque finalement la conclusion de cet affrontement avec un bref passage de cors héroïques lorsque Data fait son grand saut dans le vide pour rejoindre le vaisseau de Shinzon qui se prépare à lancer son attaque de gaz mortel sur l'Enterprise. L'action culmine ici dans un climax particulièrement puissant où le thème de Shinzon subit de nombreuses mutations au sein même des différents pupitres de l'orchestre (cors, trombones, cordes, bois, etc.). On notera ici l'utilisation d'un ostinato martial qui évoque assez clairement le fameux 'Mars' des 'Planètes' de Gustav Holst, une figure emblématique quasi obligée dans la représentation musicale de scènes de bataille épiques.

L’aventure touche à sa fin avec le paisible 'A New Friend' (Picard a recueilli Proto, le clone de Data), apportant une petite touche d'humanité au sein même d’un score somme toute extrêmement sombre et froid (on retrouve une fois encore le motif de cinq notes de 'Star Trek First Contact'), un morceau plus émouvant suggérant les dernières pensées existentielles de Picard lorsque ce dernier s'adresse avec mélancolie à Proto. La partition s’achève enfin avec 'A New Ending' - qui reprend au passage un bout de la chanson 'Blue Skies' d'Irving Berlin – ‘A New Ending’ nous offre ainsi la traditionnelle reprise du célèbre thème de 'Star Trek The Motion Picture' que Goldsmith réadapte ici sous une forme un peu plus lente, le milieu du morceau dévoilant le côté plus mélancolique et paisible de la partition qui semble annoncer les adieux du compositeur à l'univers instauré dans la saga par de 'Star Trek: The Next Generation', des adieux somme toute assez poignant lorsque l’on sait que Jerry Goldsmith signe là sa dernière contribution musicale à la saga et aussi l’une de ses dernières musiques de film, d’où une certaine introspection émouvante plus inattendue sur la fin de la partition.

La partition de ‘Star Trek Nemesis’ permet donc à Jerry Goldsmith de revisiter une dernière fois la saga musicale ‘Star Trek’ pour une ultime partition résolument tournée vers le passé du compositeur ('Deep Rising', 'U.S. Marshals', 'The Mummy', 'Leviathan', 'Executive Decision', 'Total Recall', etc.). Rappelons qu’en 2002, le maestro est déjà atteint d’un cancer et continue de se battre pour écrire la musique du film tout en luttant contre la maladie. Dans ce contexte, nul ne peut nier que 'Star Trek Nemesis' s’avère être une partition somme toute très réussie, compensant son manque d’idées par une noirceur étonnante et un punch particulier dans les morceaux d’action. Plus introvertie et radicalement plus sombre que les précédents opus de la saga, ‘Star Trek Nemesis’ offre aussi l’occasion au compositeur de se souvenir de certaines de ses anciennes partitions action/suspense des années 90, une façon pour le compositeur de dire adieu à la saga qu’il aura côtoyé à quatre reprises à travers quatre grandes partitions musicales.

 

 

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Le Chef-d'Å“uvre musical de Jerry Goldsmith 
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