IRISH
SCORE !
LE DÉPASSEMENT DE SOI... UNE COUTUME POUR LE MAESTRO
GOLDSMITH
Un nouvel essai réussit pour le compositeur
Jerry Goldsmith a toujours, tout au long de sa riche carrière, afficher son talent et son savoir-faire pour la musique complexe et sophistiquée.
Il lui ait arrivé aussi, pour des films au message sincère et humain d'écrire des partitions sobres dans la thématique tout en restant puissant dans la dramatique, inventif et évocateur pour les scènes fortes du film. On pense bien évidemment à QB 7, Papillon, le final d'Hoosier, Jamais sans ma fille mais ce que jerry à écrit pour le film Rudy restera pour longtemps, l'une des musiques les plus "humaines" et touchantes qu'il soit.
Son travail s'apprécie sur les images, ce pour quoi il a été conçu mais aussi en concert avec magie et surtout chez soi, en cd et sans les images. C'est certainement, avec celui d'Angie, le score de Goldsmith le plus accessible et le plus agréable à écouter en dehors de son contexte filmique.
On ressent bien que le compositeur y a mis beaucoup de son âme, de ses tripes avec un objectif concret, celui de viser juste, d'écrire le score le plus évident, résonnant comme un doublon avec les images mais aussi comme un être spécifique qui a cette possibilité de sortir du film pour nous transmettre des émotions directes et vibrantes. Une fonction de la musique que Jerry goldsmith connais bien, et c'est bien là le talent des génies comme lui de savoir impulser les sentiments par les notes là ou l'image peine à insuffler le message sensible. Jerry Goldsmith prouve une nouvelle fois avec Rudy que le cinéma et une symbiose, un relais constant entre l'image et la musique qui permet au téléspectateur de ressentir des émotions extrêmes qui bien souvent dépassent la réalité. Le cinéma est magique, il offre au regardeur la possibilité de voir des choses et de ressentir des effets extraordinaires que la vie de tous les jours ne nous propose pas. Avec son coeur et son amour pour sa passion, Jerry Goldsmith a toujours oeuvrer dans ce sens avec brio.
Avec certitude, nous ne prendrons pas de risque à dire qu'aucun compositeur n'a su écrire autant de notes aussi magiques et transcendantes que Jerry Goldsmith et que le prochain n'est pas encore né.
Notre petit merci parait bien faiblard à côté de ce que nous procure la musique de ce grand compositeur cependant nous espérons dans notre prière, qu'il entende, de là ou il est, la vibration sensible de notre reconnaissance. Merci pour le score de Rudy, merci Jerry de nous rendre toujours joyeux par ton travail.
La musique de Rudy est un hymne à la réussite, au dépassement de soi et la joie tout simplement.
Musical law.
RUDY FILM photo DR - Cary Woods PRODUCTIONS © 1993
Original varese LP
CD - VSD-888072413566 - The DeLuxe Edition
CD - Telarc 80433 USA
CD - Soundtrack Listeners Club SLCS 7222 Japan
CD - Varese Sarabande VSD-5446 USA
CD - Varese Sarabande 302 065 446 2 USA
CD - Varese Sarabande CD Club USA
CD - Varese Sarabande 302 066 460 2 USA
QUAND UN COMPOSITEUR TRANSCENDE L' HEROÎSME !
Spécialiste des films traitant de la passion du sport, David Anspaugh nous offre avec ‘Rudy’, l’un de ses meilleurs films, un hymne vibrant au dépassement de soi, au courage, à la ténacité, des vertus très (trop?) souvent vantées par ces films typiquement américains qui évoquent le parcours d’hommes et de femmes qui se battent pour accomplir leurs rêves à travers un sport. Ici, le réalisateur – qui s’était déjà frotté à ce sujet avec ‘Best Shot/Hoosiers’ en 1986 – s’inspire de l’histoire vraie de Daniel E. ‘Rudy’ Ruettiger, qui s’était battu pendant des années pour accomplir son rêve le plus cher, s’inscrire à la prestigieuse université de Notre Dame et rentrer dans l’équipe de football, et ce alors que tout le monde ne cessa de le rabaisser tout au long de sa jeunesse en lui faisant comprendre qu’il n’aurait jamais les capacités pour accomplir un tel objectif. Rudy (Sean Astin) croit pourtant en son rêve, lui qui a grandit devant les matchs de football à la télévision, considérant les joueurs de Notre Dame comme de véritables héros. Il s’est mit en tête qu’il deviendrait plus tard l’un des leurs, mais son physique n’est pas à son avantage.
Il fait 1 mètre 60 et n’a qu’une force très limitée. Mais ce qu’il lui manque en force physique, Rudy le compense par une ténacité et un moral en acier trempé, car malgré les mises en gardes et les moqueries qui devraient le décourager, Rudy s’obstine bien au contraire à croire en ses rêves et à se battre pour donner le meilleur de lui-même et rejoindre l’université de Notre Dame. Il pourra ainsi prouver à tout le monde et à lui-même qu’il est capable d’accomplir cet exploit. ‘Rudy’ est donc une énième variante sur le thème du film de sport qui, comme l’indique le titre en V.F., nous offre une bien belle ‘leçon de courage’, réunissant tous les ingrédients habituels de ce type de film typiquement américain. Le personnage de Sean Astin, qui n’avait pas encore été révélé à l’époque par la trilogie ‘The Lord of the Rings’, s’impose tout au long du film par son enthousiasme et sa passion obstinée pour ses rêves, le jeune acteur nous offrant ici une très belle performance, à laquelle le véritable Daniel Ruettiger a participé durant l’élaboration du film de David Anspaugh.
Jerry Goldsmith avait déjà écrit la musique d’un précédent film de David Anspaugh qui n’était autre que ‘Best Shot/Hoosier’. Quelques années plus tard, le maestro californien retrouvait donc Anspaugh sur ‘Rudy’, pour lequel le compositeur nous offre une très belle partition teintée d’espoir, de poésie, d’émotion et de passion. La partition orchestrale de Goldsmith s’articule autour de deux thèmes mémorables, le thème principal (très présent durant la première partie du film) et un thème plus majestueux et héroïque pour toute la partie finale dans l’équipe de football de Notre Dame.
Avec le ‘Main Title’, Goldsmith nous dévoile son très beau thème principal, confié à une flûte douce sur fond de harpe, de cordes chaleureuses et d’un choeur qui chante avec une infime douceur, conférant à cette gracieuse mélodie un côté onirique qui renvoie clairement aux ambitions de Rudy qui ne cessera jamais de se battre pour accomplir ses rêves. Les voix renforcent ici le caractère chaleureux et humain de ce très joli thème intimiste, preuve que le compositeur a toujours eu un certain talent pour ce type de mélodie intimiste et lyrique. Le thème de ‘Rudy’ évoque donc à merveille tout au long du film les rêves du protagoniste principaux, accompagnant ses différents sentiments tout au long de son parcours et de son ascension vers Notre Dame. ‘A Start’ renforce quand à lui le côté intimiste de la partition en nous proposant une nouvelle variante du thème de flûte accompagné ici par quelques notes de piano et de cordes. On est guère loin par moment du thème de ‘Sleeping with the Enemy’ (1991) ou du début de ‘The River Wild’ (composé un an après ‘Rudy’, en 1994). La musique apporte donc au film de Anspaugh un éclairage émotionnel particulièrement agréable, avec, comme toujours chez Goldsmith, cette sincérité de ton qui ne peut que nous toucher, surtout avec un sujet pareil.
Que ce soit pendant les moments d’espoir, de doute ou de mélancolie, la musique conserve toujours ce côté intimiste. Goldsmith accompagne donc le long parcours de Rudy dans sa quête, la musique évoluant jusqu’à l’espoir, la détermination et le courage comme nous le suggèrent ‘Waiting’, ‘Back on the Field’ ou le superbe ‘Take Us Out’. Ce dernier reste d’ailleurs sans aucun doute l’un des plus beaux morceaux du score, dévoilant le superbe thème héroïque durant la scène d’entraînements de l’équipe de Notre Dame, accompagné par un rythme entraînant avec cordes, cuivres et percussions du plus bel effet (tambourins et timbales notamment).
Ce sont les cuivres qui s’imposent ici par leur force, suggérant un nouvel espoir pour Rudy qui a enfin réussi à rejoindre Notre Dame, comme le suggère l’émouvant ‘To Notre Dame’ et son caractère plus introspectif, associé aux sentiments de Rudy lors de la nouvelle de son admission à Notre Dame – on appréciera par exemple la façon dont Goldsmith accompagne la scène où Rudy reçoit sa lettre lui annonçant enfin la très attendue bonne nouvelle, la musique passant de l’inquiétude quasi mélancolique à la joie et l’espoir avec une nouvelle très belle reprise du thème principal avec ses cordes chaleureuses et ses choeurs d’une infime tendresse. Le thème héroïque de Notre Dame apparaît à la trompette dans ‘Waiting’, le superbe ‘Back on the Field’ et son rythme entraînant, ‘Tryouts’ et son mélange entre espoir et détermination sans oublier ‘The Final Game’, excellent morceau conclusif de plus de 6 minutes accompagnant fièrement la scène du match final avec une série de développements autour du thème héroïque passant des cordes aux cuivres avec une grande fluidité, porté par une énergie et un enthousiasme toujours très communicatif, agrémenté au passage d’un soupçon d’americana dans la façon dont Goldsmith utilise un pupitre de cuivres aux accents héroïques.
Il se dégage au final une certaine émotion de cette très belle partition qui reste incontestablement l’une des plus belles œuvres écrites par Jerry Goldsmith durant la première partie des années 90, une BO que l’on pourra mettre aux côtés du magnifique ‘Powder’ dans le registre des partitions plus intimistes et poétiques du compositeur. Bien loin de l’univers sonore fracassant de ses tonitruantes musiques d’action, Jerry Goldsmith prouve qu’il possède une très grande sensibilité en nous offrant une belle petite partition toute en finesse, servie par un thème simple et mémorable et un mélange entre espoir, positivisme, émotion et détermination.
Simple, sincère et modeste tout en restant très dynamique, la musique de ‘Rudy’ rappelle par moment le style de ‘Best Shot/Hoosiers’ mais sans l’utilisation des synthétiseurs, Goldsmith préférant privilégier ici l’orchestre et les choeurs pour une émotion encore plus directe et accessible. Plus que n’importe quel autre élément dans le film, c’est la musique qui apporte ici toute cette poésie et cette sensibilité au long-métrage de David Anspaugh, renforçant avec justesse la lutte d’un homme en quête de ses rêves.
On en viendrait presque à regretter le fait que les deux hommes n’aient pas plus souvent collaborés ensemble par la suite.
Quentin Billard