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UN THÈME

POUR LE MALIN

THE

ALTAR...

​

  Academy award WINNER 

 

 

"Je m'attendais à tout sauf à obtenir

un Oscar© pour une musique de film d'horreur"

Jerry Goldsmith

 

Une anthologie mythique mais démoniaque !

 

Cette anthologie rassemblée dans ce coffret de luxe, éditée par Varèse sarabande, celle de « The Omen ». Afin de marquer à tout jamais cette première trilogie du maestro Jerry Goldsmith, la deuxième étant celle des Rambo, l’éditeur rassemble dans cet étui les trois films de la très célèbre série des « Malédiction », œuvres musicales maîtresses du compositeur.

« The Omen » sera la plus grande surprise de toute la carrière du compositeur puisque pour cette œuvre, le maestro récoltera la célèbre statuette d’or. Jerry Goldsmith, lors de la 49ème cérémonie remporta à sa plus grande surprise, l’Oscar© malgré deux nominations de Bernard Herrmann, celle de Lalo Schifrin et de Jerry Feilding.

 

Récompense amplement méritée pour cette œuvre d’une redoutable d’efficacité, mais qui semble être aujourd’hui une bien pâle reconnaissance pour une carrière d’une telle créativité. (Voir dans la filmographie). Varèse nous présente cette fois-ci un CD complètement restauré et restructuré qui permet une meilleure écoute du score ainsi que des pistes inédites. Comme tout premier Opus, ce sera le meilleur de la trilogie. Sa réussite, donnera même rapidement naissance à une suite : Damien The Omen 2 de Don Taylor. Si le premier volet est effectivement un authentique modèle d’efficacité musicale alors « Damien » l’est tout autant, voire pour certains points, plus violent et plus agressif.

Jerry Goldsmith développe à nouveau les thèmes composés pour le premier film, mais apportera un « son nouveau » de par une combinaison violons -orgue créant ainsi un aspect "cathédralesque" accentuant fortement le concept d’une « Messe noire ».

 

Le deuxième point fort de cette partition sera son générique-intro. Un thème qui après les premières notes connote parfaitement l’indélébile signature et l’indéniable efficacité du maestro. Le compositeur nous réintègre rapidement dans l’univers du premier film tout en apportant une variante orchestre/synthétiseur plus prononcée qui systématiquement modernisera le « son » Omen. Le musicien optera ainsi pour une atmosphère plus menaçante et démoniaque. Le « Ave Satani versus Chrisus », restera toujours « le leitmotiv » principal de la partition. La grande exclusivité Varèse , pour cet album, est la possibilité soit d’écouter le score « Original » du film restauré par Nick Redman (Version film différente) ou celui du vinyle original réenregistré par le compositeur lors de la conception du disque.

Jerry Goldsmith retrouve pour la deuxième fois le metteur en scène Don Taylor avec lequel il avait fait la deuxième séquelle de « Planet of the apes ». Le score de« Damien, The Omen 2 » n’égalera pas le choc musical et l’effet produit par du premier opus mais demeurera un véritable modèle d ‘efficacité, notamment par la dynamique des rythmiques et le degrés de violence atteint dans certains morceaux.

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Pour le troisième volet de cette trilogie, Jerry Goldsmith optera pour une écriture musicale beaucoup plus noble et spirituelle au sens large du terme. Ce sera, musicalement l’opus préféré du maestro.

 

 

Quand la Musique de Film rencontre l'Opéra...

 

OPUS III

THE

FINAL CONFLICT  

 

(La malédiction finale) est assez différent des deux autres scores de la saga des ‘Omen’, et plus particulièrement au niveau de la thématique. Le réalisateur Graham Baker a demandé à Jerry Goldsmith de conclure cette trilogie de manière grandiose, le compositeur ayant opté pour une approche vocale véritablement opératique. Le livret de l'album publié par Varèse Sarabande nous explique que le compositeur lui même a toujours été attiré par les techniques musicales du monde des opéras, 'The Final Conflict' lui ayant ainsi permit de rendre hommage au monde de l'opéra à travers une écriture chorale puissante et terrifiante. Les deux grands thèmes fondamentaux de la partition sont à eux seuls les attractions majeures de cette nouvelle partition riche en frisson et en puissance.Introduit dès le Main Title, le nouveau thème principal qui se trouve être le thème de Damien (Sam Neill) est puissant et imposant. Ce sont les cors qui introduisent le thème principal alors que l'on voit à l'écran les premiers plans des dagues symbolisant l’idée du combat final entre le bien et le mal. Puis, les choeurs en latin font alors leur apparition pour interpréter ce thème dans une forme chorale sombre et épique à la fois, le côté épique de la partition étant ici totalement nouveau par rapport aux deux opus précédents. Le thème de Damien prend une tournure véritablement grandiose et spectaculaire, suggérant en force la puissance du mal toujours symbolisé par les choeurs démoniaques en latin qui prennent une tournure épique dans 'The Final Conflict'. Le deuxième thème du score arrive juste après et contraste radicalement avec celui de Damien. Il en est même l'opposé absolu. Avec ses cors et ses choeurs majestueux soutenant des harmonies quasi debussystes, ce thème grandiose évoque l'espoir de l’humanité symbolisé par la venue du Christ sur terre, un thème choral avec une dimension religieuse, nouveau dans la musique de la trilogie puisque jusqu'à présent, toute la musique se centrait essentiellement autour de l’antéchrist et de ses méfaits diaboliques.

 

Mais l'annonce du thème majestueux du Christ est très vite interrompue par l'intervention du choeur d'hommes prononçant discrètement le mot 'satani' alors que l'on voit un plan des prêtres amenant les dagues dans leur repère secret. Cette brève utilisation du mot 'satani' par les voix d'hommes semble surgir subitement de manière isolée au sein de la séquence à consonance plus positive (les prêtres symbolisent la lutte contre le Mal).

L'opposition du mot 'satani' sur cette scène pourrait tout simplement être considérée comme une opposition Bien (les prêtres)/Mal (le mot 'satani'). La mise en parallèle des deux principaux thèmes évoquant respectivement Damien (le Mal) et le Christ (le Bien) symbolise déjà cette idée de conflit qui sera à la base de l'histoire du film.'The Ambassador' nous plonge immédiatement dès le début du film dans la terreur avec le premier méfait commis par Damien qui envoie son chien devant l'Ambassadeur d'Angleterre en train de se promener dans un parc et qui retourne à son bureau, possédé par un esprit maléfique. Les choeurs sataniques et l'orchestre installent avec différents ostinatos un climat pesant qui ne cesse d'accroître la tension jusqu'à l'inévitable conclusion de la séquence: le suicide de l'ambassadeur. On retrouve ici le style satanique de ‘The Omen’ et ’Damien: Omen 2’ mais amplifié par des orchestrations et des choeurs massifs. Goldsmith évoque les premiers signes envoyés par le ciel et les astres pour annoncer la venue du Christ avec une flûte gracieuse, des cordes majestueuses et des choeurs spirituels, en opposition totale avec la partie chorale de 'The Ambassador', qui évoque clairement les méfaits diabolique de Damien. '

 

The Monastery' prolonge l'aspect spirituel et religieux de l'oeuvre avec un orchestre plus recueilli (essentiellement au niveau des cordes et des cuivres) alors que les prêtres prient pour que Dieu les aide à accomplir leur mission. A noter la réutilisation du thème de Damien aux cors alors que les prêtres, déterminés, prient pour trouver le salut de leur âme dans cette mission périlleuse.'A.T.V. First' permet à la partition de ‘The Final Conflict’ de prendre un autour tournant puisque le morceau évoque la première tentative d'assassinat contre Damien. Ici, il s'agit d'un prêtre venu dans les studios de télévision où Damien offre une interview à la journaliste Kate Reynolds. A noter ici la façon dont Jerry Goldsmith fait monter la tension avec cette nappe de choeurs féminin terrifiant (on pense au style vocal du Requiem de Ligeti ici), illustrant à la fois le suspense et le danger. Les choeurs installent ici un rythme saccadé avec cordes/bois/cuivres d'une grande violence (soutenu par une très discrète ligne rythmique de synthétiseur) alors que le prêtre meurt carbonisé, ayant échoué sa mission.

 

Le premier morceau inédit arrive enfin dans le sinistre 'The Statue', scène clé du film où Damien s'adresse de manière haineuse à la statue du Christ. Goldsmith nous fait ressentir ici toute la noirceur du personnage et de sa haine implacable contre Dieu et son fils à travers des cordes extrêmement tendues dans un passage qui rappelle beaucoup le style de 'Alien' de Goldsmith. Les effets de glissandos de cordes renforcent l'aspect sinistre et angoissant de ce morceau à l'ambiance suffocante et infiniment sombre. Notons le sursaut orchestral alors que Damien s'enfonce les épines de la couronne du Christ dans ses mains, faisant alors couler du sang le long de la tête de la statue en signe de défi contre Dieu. 'The Second Coming' est quand à lui important puisqu'il évoque la naissance du Christ sur terre symbolisé par l'alignement des astres dans le ciel, et ce jusqu'à ce plan illuminé d'une lumière éblouissante rendue grandiose par le magnifique et triomphant thème du Christ exposé ici dans une sorte de climax, l’hymne du libérateur venu sauver l'humanité.'The Hunt' est généralement considéré comme l'un des meilleurs morceaux de la partition de ‘The Final Conflict’. Ce véritable tour de force orchestral accompagne la séquence de la chasse avec Damien et ses chiens, amorcé par un rythme de chevauchée entraînant renvoyant aux grands moments des partitions guerrières pour les films d’aventure à l’ancienne. Jerry Goldsmith s’offre ainsi le luxe de nous offrir une superbe reprise du thème de Damien avec des cuivres guerriers soutenu par une rythmique de chevauchée soutenu par les percussions (notons l'utilisation du tambourin pour accentuer la rythmique de la reprise du thème version chevauchée). Le maestro renforce ici cette impression de chevauchée énergique avec l'utilisation d'un motif de chasse aux cuivres.

 

Le réalisateur Graham Baker semble même avoir particulièrement apprécié ce morceau puisqu'il en parle de façon élogieuse dans son commentaire sur le DVD du film. Il est certain que 'The Hunt' demeure incontestablement l’un des morceaux anthologiques de la partition de ‘The Final Conflict’.'The Blooding' prolonge une fois de plus la terreur alors que Damien supprime deux autres prêtres qui essayaient de le tuer durant la chasse. La reprise terrifiante du thème de Damien aux choeurs semble plus puissante que jamais, illustrant une fois de plus le caractère maléfique du personnage que Sam Neill interprète avec brio. A l'instar du roi Hérode dans l'Ancien Testament, Damien ordonne à ses sbires que tous les bébés nés le 24 mars entre minuit et 6 heures soient tués. Le morceau évoque une fois de plus les sombres méfaits de l’antéchrist qui ne reculera devant rien pour détruire son ennemi. La journaliste Kate Reynolds, qui tombe dangereusement amoureuse de Damien, rencontre alors le père De Carlo qui finit par lui révéler la véritable identité de Damien.Dans '666' (autre morceau inédit),

Goldsmith développe une ambiance atmosphérique sinistre (notons l'utilisation hypnotisante d'une cloche combinée avec un vibraphone pour accentuer l'aspect pesant du morceau), tandis que le père De Carlo fait ses sombres révélations à une Kate incrédule mais qui ne tardera pas à changer d'avis en comprenant à son tour la réelle nature du maléfique Damien. On atteint l'apogée de la terreur dans le terrifiant 'The Iron' alors que Damien demande à son sous-fifre Harvey Dean de tuer son enfant qu'il craint être la réincarnation du Christ. Harvey refuse et s'échappe pour aller sauver sa femme et son enfant. Mais il arrive trop tard: sa femme a été hypnotisée par le chien de Damien et tue leur enfant en le brûlant avec un fer à repasser.

Goldsmith entame un long crescendo de tension au sein de ce morceau terrifiant en utilisant différents effets vocaux: massif et brutal avec des murmures lugubres et diaboliques.Le score trouve enfin sa conclusion sur le très grandiose 'The Final Conflict', ultime confrontation finale entre l'antéchrist et le Christ au sein d'un vieux monastère en ruines. Jerry Goldsmith introduit le morceau de manière pesante avec sa combinaison cloche/vibraphone. Damien sait qu'il a échoué dans sa quête de supprimer le Christ en tuant tous ces bébés et se voit contraint de suivre Kate pour que cette dernière lui révèle l'endroit où se trouve le Christ. Mais il s'agit en réalité d'un piège que Kate lui tend, le père De Carlo sortant soudainement de l'obscurité pour se jeter sur Damien qui esquive le coup de poignard en prenant le fils de Kate devant lui. Son fils Peter meurt alors, et ce sera Kate qui poignardera finalement Damien à l'aide d'une des dagues sacrées. Atmosphérique et extrêmement tendu (notons l'utilisation du synthétiseur ici), ce final évolue très rapidement vers une victoire finale alors que Damien meurt sur l'autel du monastère, le Christ apparaissant dans toute sa splendeur au dessus du corps de l’antéchrist.

La reprise grandiose et triomphante du thème du Christ vient éblouir la scène dans un final choral épique et puissant, un magnifique final se transformant en Messe dédiée à la gloire de Dieu (la scène ne contient alors plus aucun dialogue et permet à la musique de Goldsmith de s'exprimer pleinement). Le thème de Damien revient une dernière fois comme il était exposé au début du Main Title, concluant alors le générique de fin de manière sombre, la boucle étant bouclée.La trilogie des ‘Omen’ de Jerry Goldsmith aura décidément été riche et chargée en émotion, la confrontation éternelle du Bien et du Mal trouvant alors une conclusion épique et grandiose dans cet ultime volet.

Les trois partitions de Jerry Goldsmith auront finalement dévoilées toute la maîtrise et la richesse d'écriture du compositeur, tant du point de vue des parties orchestrales que des parties chorales, pleinement utilisées dans les musiques de la trilogie. 'The Final Conflict' est une partition grandiose qui reste un véritable classique du genre et une oeuvre majeure dans l'immense carrière du compositeur californien, qui a véritablement transcendé à travers sa musique l’affrontement apocalyptique entre Dieu et Satan, d'une manière jamais entendu auparavant. Au final, 'The Final Conflict' apparaît comme le final rêvé d'une trilogie terrifiante et épique à la fois. Une très grande réussite, une autre oeuvre incontournable de Jerry Goldsmith!

 

OPUS I

THE

OMEN

Une analyse signée Quentin Billard ( Goldenscore )

 

 

Le film de Richard Donner, The Omen ('La Malédiction') se place très clairement dans la perspective d'une exploitation du thème de l'Antéchrist amorcé par le succès commercial de 'The Exorcist' (1973) de William Friedkin.

 

Loin des scènes chocs de l'Exorciste, le film de Donner est largement plus soft. A ce propos, les fans de film d'horreur bien gore seront déçus: cela n'a visiblement pas été le but du réalisateur sur ce film mélangeant sombre prémonitions, mystères angoissants et thèmes religieux. L'ambassadeur américain Richard Thorn (excellent Gregory Peck) se rend un jour à l'hôpital pour apprendre que sa femme Katherine (Lee Remick) était enceinte mais que le bébé est mort et n'a pas survécu à l'accouchement. Pour lui éviter un chagrin profond, Thorn décide d'adopter un enfant et de le faire passer pour son nouveau-né. Mais cette décision va l'entraîner progressivement dans une sombre descente aux enfers. Sans le savoir, Thorn a adopté Damien, un enfant qui est en réalité la réincarnation de l'Antéchrist, celui qui devra venir sur terre le jour de l'Apocalypse pour répandre l'enfer chez les hommes et asseoir le royaume de Satan. Malgré les avertissements d'un prêtre qui le conjure de se débarrasser de cet enfant, Thorn ne voudra rien entendre jusqu'à ce que les choses tournent mal et que Katherine se retrouve à l'hôpital alors que Damien l'a poussé dans le vide. Menant sa propre enquête avec l'aide d'un photographe, Thorn ne va pas tarder à découvrir la véritable identité de Damien lorsqu'il observera cette mystérieuse marque sous ses chevaux, 666, le chiffre de la bête selon un verset de l'Apocalypse dans la Bible. Le film joue habilement sur l'idée (comme dans The Exorcist) d'un enfant faussement innocent renfermant un véritable démon suppôt de Satan. Si dans ce premier épisode Damien est moins agressif que dans le second opus, il n'en demeure pas moins un être cruel et sans pitié prêt à écraser tout le monde sur son passage alors qu'il n'est même pas plus haut que trois pommes. Donner a aussi beaucoup insisté sur les mythes religieux et les nombreuses allusions et citations à la Bible, donnant une couleur mystique à cette sombre histoire qui joue sur une peur ancestrale: celle du diable, de l'inconnu, celle du mal suprême. Beaucoup de suspense et très peu de sang pour un premier épisode réussi sans être inoubliable, probablement l'épisode le plus réussi de toute la trilogie (on mettra à part le quatrième épisode tourné pour la télévision).

 

En 1976 et à la sortie du film, personne ne s'attendait au choc qu'allait créer la terrifiante musique de Jerry Goldsmith pour The Omen, un score pour lequel le célèbre 'Ave Satani' lui a permit de remporter haut la main le seul oscar de toute son immense carrière pour ce très bon score (c'est à mon avis très injuste car il aurait dû être récompensé pour de nombreuses autres œuvres!) en 1977. Je parle de choc car la musique de Goldsmith a littéralement fait une très forte impression à la sortie du film de part son caractère satanique et démoniaque. Tout repose en fait sur l'utilisation d'une chorale en latin qui proclame dans l'Ave Satani du générique de début un terrifiant hymne à Satan chanté en latin dans une messe noire sous forme de procession macabre et démoniaque. Alors que le chœur entame les paroles "Sanguis bebimus, Corpus bebimus" (le sang nous buvons, le corps nous dévorons), les plus sombres sonorités orchestrales installent le rythme de procession de cette terrifiante messe noire qui sera vite rejointe par un orgue alors que le morceau va monter en puissance pendant que l'on voit un plan fixe dans le générique de début avant la silhouette menaçante du petit Damien à droite de l'écran et sur fond rouge/noir. Saisissant, cette messe noire servant d'introduction au film nous plonge tout de suite dans l'ambiance satanique de ce très sombre score. On notera que le thème de la famille apparaît dès le début de l'Ave Satani et dont on peut entendre un bout du motif de quelques notes au piano. L'astuce est de mélanger ce thème à consonance positive (il évoque le côté rassurant et uni de la famille Thorn ainsi que son bonheur au début du film) sur la toile cauchemardesque tissé par la chorale satanique de cette sombre ouverture. Le message est clair: les Thorn vont plonger dans les enfers à cause du jeune Damien.

 

'On This Night' impose dès le début du film un climat grave alors que Thorn apprend que le bébé de sa femme est que le père Spiletto lui conseille d'adopter un enfant et de le faire passer pour ce bébé sans rien dire à sa femme. Avec des cordes graves, quelques vagues notes de piano et quelques vents, Goldsmith utilise le 'Love Theme' évoquant la famille mais ici sous une forme sombre qui évoque à la fois le drame de la scène et les conséquences dramatiques que vont entraîner le choix de Thorn. Les orchestrations oscillant entre cordes, vents et harpe sont très intéressante et la musique se conclue sur le 'Love Theme' alors que le couple Thorn célèbre l'arrivée de leur nouveau fils. Le climat de la musique du début du film est évidemment encore très douce et tendre, le calme avant la tempête. Dans le très beau 'The New Ambassador', Goldsmith expose pleinement son superbe 'Love Theme' très chantant, d'abord aux cordes, ensuite au piano. Il évoque le bonheur du couple au début de cette histoire: le couple est comblé car ils ont un enfant. Par ailleurs, Katherine apprend que Richard est devenu le nouvel ambassadeur américain. Bref, tout va bien pour eux et le très beau Love Theme que Goldsmith développe à son orchestre est là pour soutenir cette idée de famille unie et heureuse.

 

La fausse alerte évoquée aux cordes au début de 'Where Is He?' apporte le premier élément sombre du score alors que le couple en promenade perd de vue le jeune Damien pendant quelques instants. Les problèmes commencent vraiment avec le sombre 'I Was There' qui évoque un sentiment sous-jacent de menace alors que le père Brennan arrive dans le bureau de Richard Thorn pour l'informer et le mettre en garde du risque qu'il court lui et sa femme à cause de Damien en tentant de lui expliquer de manière confuse que leur nouveau fils n'est pas le jeune enfant innocent qu'il croit être. Notons la réutilisation de ce motif descendant aux cordes déjà présent dans 'On This Night' et qui évoque la menace et la sombre prémonition du prêtre. Passé l'Ave Satani du générique de début, 'Broken Vows' est le premier morceau à faire intervenir les choeurs dans le film. Alors que le couple veut se rendre avec Damien à l'église, ce dernier commence à se comporter bizarrement alors que la voiture s'approche de l'église. Pris d'une soudaine colère inexplicable, Damien se jette de rage sur Katherine. Les choeurs apparaissent alors pour évoquer l'identité diabolique de Damien qui ne supporte pas les églises et ne peut y rentrer dedans. On appréciera ici la manière dont Goldsmith installe ses ostinatos rythmiques avec des effets de pizzicati au début du morceau sur un tempo lent au caractère inexorable. On retrouve ce passage dans 'A Safari Park' lors de l'attaque des singes dans le zoo. Les choeurs sont là pour évoquer le caractère diabolique de Damien qui effraie les animaux et qui rend fou les singes. On retrouve le thème de la famille dans 'A Doctor, Please' alors que Katherine avoue à Robert un soir au lit qu'elle est prise d'angoisse et qu'elle a besoin de voir un psychiatre. Lent, le motif est exposé au piano tout en étant confronté de manière astucieuse au thème de la menace de 'On This Night' aux cordes, la juxtaposition de ces deux thèmes ayant évidemment un rapport avec ce qu'il va se passer par la suite.

 

'The Killer Storm' est le premier morceau véritablement terrifiant où il y'a un mort dans le film. Comme souvent, Goldsmith installe un ostinato avec la chorale en latin et l'orchestre alors que le père Brennan se retrouve coincé devant l'entrée d'une église, pris au piège par une mystérieuse tempête qui est apparue soudainement alors qu'il se venait une fois de plus de parler à Thorn des dangers qui menaçaient lui et sa femme. Les ostinatos qu'installe Goldsmith ne servent qu'à renforcer l'aspect inexorable de ce qui va se passer à la fin de la séquence, à savoir la mort inévitable du père Brennan. Le morceau finit de manière chaotique avec des choeurs puissants et infernaux. Ce morceau terrifiant permet à la partition de prendre une tournure plus chaotique et infernale alors que Damien provoque ses premiers grands méfaits. Dans le sombre 'The Fall', on retrouve le principe des ostinatos choeur/orchestre alors que Damien fait tomber Katherine par dessus la balustrade, l'envoyant à l'hôpital, et tout cela sous l'oeil mauvais de Mrs.Baylock, l'inquiétante nouvelle gouvernante. Notons l'utilisation intéressante d'une machine à vent (Maurice Ravel en a déjà utilisé dans certaines de ses oeuvres...)lors de la fin chaotique du morceau alors que Katherine fait sa chute mortelle.

 

Le drame se joue dans 'Don't Let Him' alors que Thorn vient voir sa femme à l'hôpital et qu'un docteur lui apprend que l'enfant qu'elle attendait est mort à la suite de cette chute, et ce avant que Katherine demande à son mari de ne pas laisser Damien tous les tuer, sa femme ayant compris le monstre qu'est Damien en réalité. Goldsmith utilise de manière triste et morne le thème de la famille au piano rivalisant avec des cordes sombres et dramatiques à la fois, la scène prenant une tournure de lente et douloureuse tragédie où le couple s'enfonce de plus en plus dans les enfers. De son côté, Thorn va mener son enquête avec le photographe dans le très sombre 'The Day He Died' où il en apprend un peu plus sur Damien et ses mystères. Après la très macabre scène dans le cimetière, Thorn et le photographe Keith Jennings se retrouvent confrontés à une meute de chiens enragés qui se jettent sur eux dans 'The Dogs Attack', les choeurs sataniques revenant une fois de plus en ostinatos pour évoquer l'attaque démoniaque de ces chiens enragés, et ce de manière chaotique alors que les deux hommes doivent fuir à tout vitesse de ce cimetière. Pour accentuer cette attaque, Goldsmith réutilise un bout de l'Ave Satani (il conserve surtout le caractère ainsi que les paroles du chant) accentuant la scène de manière chaotique.

 

Thorn approche de sa fin dans 'A Sad Message', là où Goldsmith réutilise le Love Theme qui ne sera jamais plus comme avant. Triste et déprimé, le thème apparaît sec et froid ici alors qu'un coup de fil apprend à Thorn que sa femme est morte, jeté par une fenêtre de l'hôpital. Le motif de la famille revient de manière délicate au piano sur fond de trémolos de cordes mais il est déjà trop tard, Thorn a perdu sa femme et il ne peut désormais plus reculer: sur les conseils d'un certain Bugenhagen, Thorn doit tuer Damien avec 7 dagues sur l'autel d'une église. Après le très sombre 'Beheaded' marquant la mort de Jennings décapité, et après le très mystérieux 'The Bed' qui marque la dernière utilisation du thème de la famille devenu plus sombre que jamais (notons les effets de cordes et de sombres glissendi), c'est le sinistre '666' qui marque l'inévitable alors que Thorn a enfin la preuve que Damien est bien la réincarnation de l'Antéchrist.

 

L'un des meilleurs morceaux de terreur de la partition fait son apparition dans 'The Demise of Mrs.Baylock' fonctionnant une fois de plus sur le principe des ostinatos et des choeurs en latin agressifs alors que Mrs.Baylock s'attaque à Thorn pendant que ce dernier tentait de s'emparer Damien pour l'emmener dans une église. L'affrontement entre Thorn et Baylock est accentué par un orchestre très agité, une écriture orchestrale et des choeurs magistralement écrits et interprétés de manière chaotique sur fond d'ostinato implacable et inexorable (l'inexorabilité étant le sentiment principal qui se dégage dans ces passages de terreur pure). Le récit trouve sa conclusion sur 'The Altar' dont la première partie satanique n'a pas été utilisé dans le film. Goldsmith reprend tout simplement l'Ave Satani pour le générique de fin, et pour se faire plaisir, Goldsmith s'est amusé à écrire une chanson adapté du Love Theme et chanté par sa propre femme Carol Goldsmith qui a aussi écrit les paroles de cette très belle chanson qui rompt complètement après tout le chaos et la terreur entendue dans ce sinistre score.

 

Que dire de The Omen si ce n'est qu'il s'agit bien là d'une oeuvre majeure dans la carrière de Goldsmith, une oeuvre très clairement inspirée dans laquelle il a sut trouver le ton juste pour aborder cette très sombre histoire d'Antéchrist. Rarement un compositeur aura su utiliser une chorale en latin de cette façon là tout au long du film. Si l'on pouvait formuler une petite critique, on pourrait dire que les ostinatos des morceaux de terreur du score ont tendance à être un brin trop métronomique et un peu trop carré sur le plan purement musical (et aussi un brin systématique mais c'est l'unité de la partition qui veut cela). Ceci dit, ce petit reproche ne pèse pas bien lourd face à la splendeur de cette partition atonale, dissonante et terrifiante tempérée par un très beau Love Theme et des passages plus dramatiques. En clair: un des chefs d'œuvre de Goldsmith !

 

OPUS II

THE

OMEN 2: DAMIEN

Une analyse signée Quentin Billard ( Goldenscore )

 

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Jerry Goldsmith reprend son travail sur ‘The Omen’ pour l'amplifier et lui donner une dimension encore plus satanique sur ‘Damien : Omen II’.

 

Toujours construite sur le même schéma choeurs sataniques en latin avec orchestre, la partition de ‘Omen II’ est un excellent opus pour tout ceux qui ont adoré la musique du premier épisode, partition inoubliable récompensée en 1976 par un Oscar amplement mérité. Le problème de ‘Omen II’ c'est que, à la différence du troisième épisode, cette nouvelle partition n'apporte rien de bien neuf par rapport au premier épisode. Certes, le thème de l'Ave Satani (hymne au diable) du générique de début et de fin est totalement nouveau ici avec une rythmique très appuyée, l'utilisation des cordes et de trompettes en sourdine, sans oublier une touche très kitsch de synthétiseurs années 70 aujourd’hui très démodé. Mais le reste de la partition est sans surprise car reprenant exactement toutes les formules développées par Goldsmith dans le premier ‘Omen’.

Qu’à cela ne tienne, le compositeur en profite pour approfondir son travail et nous offrir quelques nouvelles grandes idées comme l'évocation du corbeau lié aux maléfices du jeune Damien (Jonathan Scott-Taylor) dans le film. Pour illustrer la présence clairement menaçante de l'oiseau (considéré dans le collectif populaire comme un animal portant malheur), Goldsmith a recours à des choeurs d'hommes menaçants qui imitent en onomatopée le croassement de l'animal, une idée intéressante qui évoque non seulement la menace de l'animal mais aussi l’idée de la malédiction, puisque tout ce qui est illustré dans le film par les choeurs est automatiquement synonyme de mal à l’écran. Ce "leitmotiv" du corbeau apporte vraiment quelque chose de réellement nouveau par rapport au premier épisode. Son efficacité à l'écran reste donc indiscutable et parfaitement redoutable pour le climat de terreur du film de Don Taylor.

‘Damien : Omen II’ est moins axé sur la thématique par rapport au premier épisode qui contenait au moins deux thèmes bien distincts. Au lieu d'avoir un thème bien clair et bien précis (malgré la présence de l'Ave Satani, que Goldsmith conserve assez peu durant le film), le maestro a préféré se concentrer sur son écriture orchestrale/chorale dissonante et toujours aussi spectaculaire et agressive. A noter qu’une scène de terreur du film permet au maestro de réutiliser ‘The Demise of Mrs.Baylock’ issu du premier opus de 1976, une des rares concessions que fait le compositeur à sa toute première partition, Goldsmith ayant vraiment voulu écrire quelque chose de nouveau tout en gardant les mêmes formules et style que ‘The Omen’.

 

L'ensemble de la partition de Jerry Goldsmith s’uniformise quelque peu durant le film. On pourra ainsi regretter le manque de relief malgré une ou deux petites pauses entre deux morceaux de terreur, car la peur est bien le sentiment récurrent dans ce score diabolique et prenant. Néanmoins, un morceau du score semble s’évader de l’atmosphère angoissante et satanique de la partition, celui qui accompagne la scène avec les motoneiges, probablement le seul véritable moment où l'on peut respirer un peu dans cette sinistre partition. ‘Snowmobiles’ évoque donc une certaine exubérance naïve et une "fausse" innocence de la part de Damien qui s’amuse avec son cousin et son père adoptif Richard Thorn (William Holden), et ce bien avant que Damien ne découvre qui il est réellement.

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L'aspect satanique est tout aussi présent que dans le premier ‘Omen’. Après l'hymne au diable du ‘Main Title’, Goldsmith se concentre ensuite sur son écriture de choeurs latin terrifiants sur les paroles de l'Ave Satani, et ce du début jusqu'à la fin du film sans apporter le moindre repos (à part lors de quelques rares moments plus calmes qui restent assez peu nombreux dans le film!). Ainsi, la musique ne nous lâche jamais vraiment et cherche à nous étouffer, au fur et à mesure que la malédiction diabolique de Damien détruit progressivement ses proches.


Les choeurs restent toujours très présents ici. Basé sur les mêmes principes d'écriture avant-gardiste, les choeurs connaissent ici plusieurs variantes sonores: tutti ténébreux, glissandi vocaux effrayants ou chuchotements angoissants (l'ensemble est inspiré du style de certaines compositions contemporaines savantes du 20ème siècle), sans oublier les imitations de croassements de corbeaux (dans ‘Broken Ice’ par exemple, pour signaler la présence du corbeau avant la mort d'un des invités des Thorn qui se noie sous la glace lors d'une partie de hockey sur glace), le tout soutenu par des orchestrations toujours très colorées et typiquement de Jerry Goldsmith. N'oublions pas non plus de relever l'utilisation d'un orgue (assez discret dans l'orchestre) qui renforce l'aspect satanique de la partition du maestro californien, orgue que l'on trouvait déjà dans l'Ave Satani du premier ‘The Omen’.

’Damien: Omen II’ est encore plus ténébreux que le premier score. La musique paraît encore plus agitée, déchaînée, angoissante et sans aucun temps mort. Dommage que Goldsmith ait décidé de délaisser ses éléments thématiques du premier opus pour nous servir un score plus atmosphérique d’esprit, mais qui rend l'écoute dans le film un peu plus difficile et moins passionnante que celle de ‘The Omen’.

 

Parfois pesante mais toujours aussi maîtrisée d’un point de vue choral et orchestral, ‘Damien: Omen II’ est une oeuvre terrifiante, un voyage en enfer dans le prolongement direct du premier opus, qui paraissait tout de même bien plus intéressant que cette suite. Jerry Goldsmith saura se démarquer du premier ‘Omen’ dans le troisième opus en choisissant de partir sur la base d'un nouveau thème et d'une écriture plus orchestrale malgré la présence toujours aussi importante de la partie chorale. On aurait tout de même aimé que Jerry Goldsmith prenne déjà cette direction pour ‘Damien : Omen II’. Malgré tout, cette séquelle n'en demeure pas moins une oeuvre absolument réussie autant dans le film que sur l’album de Varèse Sarabande (qui contient un morceau malheureusement détérioré par l’usure du master original : ‘Runaway Train’), et un score d'horreur véritablement prenant et terrifiant.

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