top of page

CLASSICAL

CHRISTUS APOLLO

​

    GOLDSMITH CANTATA

​

TELEVISION ACADEMY

FOUNDATION

CHARLTON HESTON

EIRIAN JAMES

ANTHONY HOPKINS

RAY BRADBURY

Cantata celebrating the eighth day

of creation and promise of the ninth

DODECAGOLDSMITH

Tous les 21 juillet, il nous doit de commémorer le jour de la disparition

de Jerry Goldsmith. Oui, il y a quatorze ans ans déjà, le plus grand compositeur d'Hollywood nous quittait en laissant derrière lui un patrimoine musical d'une inestimable valeur.

 

A la fois tonale ou atonale mais surtout cérébrale, l'oeuvre de ce grand maître se distingue non seulement par son originalité mais par sa qualité et son intelligence. Leader depuis longtemps dans son domaine, c'est par son extraordinaire potentiel inventif et son approche unique de la musique de film que Jerry Goldsmith marqua toute une génération de compositeurs voués pour la plupart à marcher sur ses pas. 

 

Depuis sa disparition, les plus grands éditeurs de musiques de films comme Intrada, Varese Sarabande ou La-La Land ont édité en CD des oeuvres rares du musicien. Cependant, l'oeuvre cinématographique et pure de Jerry Goldsmith reste bien trop souvent absente des salles de concert.  

Pourtant il est un des rares musiciens de cinéma à avoir flirté le plus avec la musique intellectuelle, comme en témoigne son travail remarquable sur l’oratorio « Christus Apollo » de 1969 ou sa tumultueuse « musique pour orchestre » de 1970.

La nécessité d'écrire un jour une œuvre plus personnelle issue de ses préoccupations premières

Jerry Goldsmith n’a écrit que très peu de musique hors cinéma. Parmi ses oeuvres de concert présentées sur l’album "Christus Apollo" publiée en 2002 par le label classique Telarc Digital: ‘Music for Orchestra’, œuvre symphonique de 1970 entièrement dodécaphonique, aux harmonies fiévreuses et aux sonorités violentes, la cantate "Christus Apollo" écrite en 1969 d’après un texte du célèbre écrivain de science-fiction Ray Bradbury.

 

Enfin, dernière pièce présentée par l’album de chez Telarc, "Fireworks’", pièce écrite en 1999 pour le final d’une série de concerts donnés par Jerry Goldsmith au Hollywood Bowl avec le Los Angeles Philharmonic Orchestra.

La musique est interprétée ici par le London Symphony Orchestra avec le maestro lui même à la baguette. Evidemment, l’album ne présente qu’une sélection des musiques de concert du compositeur.

Musique pour orchestre : catharsis musicale pour le compositeur

 

‘Music for Orchestra’ a été écrit à une époque plutôt sombre pour Jerry Goldsmith. L’année 1970 a ainsi été marquée par deux drames dans la vie du compositeur : le divorce d’avec son ex femme la chanteuse Sharon Hennagin officialisée le 1er juin 1970, et le décès de sa mère Tessie, succombant à un cancer. La même année, Jerry Goldsmith se vit offrir un travail de commande de la part de Leonard Slatkin, directeur adjoint du Saint Louis Symphony Orchestra dans le Missouri depuis 1968, alors placé à cette époque sous la direction de Walter Susskind.

Goldsmith décida d’écrire pour le Saint Louis Symphony Orchestra une pièce cathartique qui permettrait au compositeur d’exprimer tous ses sentiments personnels sur cette période noire de sa vie : ‘Music for Orchestra’ exprime ainsi la colère, la tristesse et la souffrance du compositeur à travers une forme strictement dodécaphonique, une technique musicale déjà mise en valeur dans des musiques de films telles que ‘Freud’, ‘Planet of the Apes’ ou ‘The Illustrated Man’. ‘Music for Orchestra’ se divise ainsi en trois parties. La première section, plutôt nerveuse et incroyablement intense, développe la série dodécaphonique sous toutes ses formes, avec une instrumentation très riche. Goldsmith maintient a cours de cette première partie une tension et une violence incroyable, proche de certaines sections de ‘Planet of the Apes’ ou de ‘The Illustrated Man’. A noter qu’à l’instrumentation très étoffée de l’orchestre, Goldsmith ajoute une machine à vent, instrument qu’il utilisera quelques années plus tard dans ‘Star Trek The Motion Picture’.

 

La seconde section, plus nuancée et discrète, se veut plus intime et réservée, avec une mélodie sérielle des violons sur un fond plus dissonant et entêtant des cordes. A noter que le compositeur tente d’apporter un brin de lyrisme dans cette partie de violons ambiguë, mais un lyrisme froid, désespéré, à bout de souffle, réellement impressionnant (se pourrait être la partie résumant la tristesse du compositeur). Les heurts harmoniques instaurés par l’utilisation de la série sous une forme verticale provoquent une tension permanente tout au long du morceau. Goldsmith n’hésite pas à utiliser toutes les techniques instrumentales héritées d’une esthétique avant-gardiste proche de l’école viennoise de Schoenberg, Berg et Webern. Le contrepoint instauré dans les cordes au cours de la seconde partie provoque un sentiment de froideur absolue. Enfin, la troisième partie, plus agitée, renoue avec le style violent et agressif du début avec une très importante partie de percussions typique du compositeur et quelques traits instrumentaux qui annoncent clairement le style virtuose de ‘Total Recall’, que Goldsmith écrira 20 ans plus tard. L’écriture des cordes et des cuivres dans les dernières mesures semble déjà évoquer de façon prémonitoire les élans orchestraux complexes de ‘Total Recall’.

 

Comme toujours, Jerry Goldsmith fait preuve d’une très grande maîtrise de l’orchestre, imposant à l’orchestre un rythme continu, passant en revue chaque pupitre de l’orchestre avec une frénésie rare. A noter, comme souvent chez Goldsmith, un recours quasi permanent aux sourdines dans le pupitre des cuivres, et une section des percussions très étoffée. Enfin, la série de 12 sons reste très présente, du début jusqu’à la fin, et ce même si Goldsmith s’autorise quelques libertés musicales par rapport à l’emploi strict de la série selon les règles instaurées par l’école viennoise de Schönberg au début du 20ème siècle. Jerry Goldsmith exprime donc tous ses tourments personnels à travers une pièce symphonique d’une très grande richesse, d’une densité et d’une violence incroyable. La pièce aboutit à un climax musical chaotique et cathartique d’une puissance redoutable, idéal pour conclure la pièce en beauté.

 

Christus Apollo : voyage dans un autre univers

 

Cette cantate profane post-moderne a été écrite en 1969, à la suite d’une commande du California Chamber Symphony. La cantate s’articule autour d’un livret original de Ray Bradbury, avec lequel Jerry Goldsmith avait déjà travaillé sur certaines de ses émissions radio des années 50 et sur ‘The Illustrated Man’ pour le film de Jack Smight. La cantate ‘Christus Apollo’ réunit ainsi une grande formation orchestrale, avec un chœur, une mezzo-soprano et un narrateur. L’œuvre se structure en quatre parties, chacune délimitée par le récit du narrateur (ici, Sir Anthony Hopkins en personne !). Chaque partie suit le schéma suivant : narrateur – chœur – narrateur et orchestre – mezzo-soprano, avec le chœur qui conclut les parties 2 et 3. C’est le narrateur qui, après avoir introduit l’œuvre sur les mots ‘A voice in the dark’, conclut la partition de façon affirmée : ‘Christus Apollo’. Le caractère spirituel, mystique et métaphysique du texte de Ray Bradbury inspira au compositeur un mélange entre un langage à la fois impressionniste et sériel, Goldsmith utilisant tout comme dans ‘Music for Orchestra’ des techniques dodécaphoniques (12 sons) pour créer une atmosphère particulière dans sa cantate.

 

Voici le texte de la première partie de l’œuvre :

 

I.

NARRATOR
A voice spoke in the dark,
And there was Light.
And summoned up by Light upon the Earth
The creatures swam
And moved unto the land
And lived in garden wilderness;
All this, we know.
The Seven Days are written in our blood
With hand of Fire.
And now we children of the seven eternal days
Inheritors of this, the Eighth Day of God,
the long Eighth Day of Man,
Stand upright in a weather of Time
In downfell snow
And hear the birds of morning
And much want wings
And look upon the beckonings of stars,
And need their fire.

 

CHORUS
In this time of Christmas,
We celebrate the Eighth Day of Man,
The Eighth Day of God,
Two billion years unending
From the first sunrise on Earth
To the last sunrise at our Going Away.
And the Ninth Day of the History of God
And the flesh of God which names itself Man
Will be spent on wings of fire
Claimed from sun and far burnings of sun starlight.
And the Ninth Day’s sunrise
Will show us forth in light and wild surmise
Upon an even further shore.

 

NARRATOR & ORCHESTRA


And send us forth in wandering search.
Apollo’s missions move, and Christus seek,
And wonder as we look among the stars
Did He know these ?

 

MEZZO-SOPRANO


In some far universal Deep
Did he tread Space
And visits worlds beyond our blood-warm dreaming ?
Did He come down on lonely shore by sea
Not unlike Galilee
And are there Mangers on far worlds that knew His light ?
And Virgins ?
Sweet Pronouncements ?
And, shivering vast light among ten billion lights,
Was there some Star much like the star at Bethlehem
That struck the sight with awe and revelation
Upon a cold and most strange morn ?

 

Le texte de Ray Bradbury, brillamment récité ici par l’acteur Anthony Hopkins, s’avère être comme toujours chez l’écrivain assez provocateur. En entête de l’œuvre se trouve une phrase qui résume parfaitement l’idée principale de ‘Christus Apollo’ : « cantate célébrant le huitième jour de la Création et la promesse du neuvième jour ».

 

Le texte fait donc ainsi référence à un thème biblique, celui de la Création et du huitième jour durant lequel Dieu aurait crée l’Homme. Ensuite, il est question d’un neuvième jour fictif dans lequel le texte va développer le thème de la conquête spatiale des missions Apollon et de l’idée du Christ venu de l’espace. Sur le fond, le sujet de la cantate est religieux, et son traitement n’est guère éloigné par moment de la ‘Passion selon Saint Luc’ (1966) de Krzysztof Penderecki. Mais dans la forme, Goldsmith aboutit à une œuvre mélangeant profane et religieux avec un ton souvent mystérieux, planant et quelque peu obscur. Dans la première partie, il règne un mystère absolu, comme si l’on assistait à la naissance du monde.

​

Des chuchotements sur le nom ‘Christus’ semblent flotter mystérieusement dans l’air, alors qu’un chœur d’hommes entame les premières paroles du texte, en réponse au chœur de femmes, le tout sur fond de coups de gong mystérieux. Puis, hommes et femmes s’unissent alors que les instruments semblent résonner de façon plus étrange (contrebasses, cloches, crotales, etc.). Progressivement, les instruments semblent surgir du néant, comme pour évoquer la création de l’Homme lors du huitième jour. Les harmonies reflètent les tourments du langage dodécaphonique avant-gardiste de l’œuvre : heurts harmoniques constants, intervalles creux, dissonants, exploration des registres extrêmes dans les cordes, etc.

​

L’arrivée de la mezzo-soprano apporte une nuance supplémentaire à cette première partie, avec une coda quasi angoissante alors que le chœur scande le nom ‘Christus Apollo’ (élément musical récurrent de l’œuvre de Jerry Goldsmith), en contrepoint de la chanteuse et de l’orchestre – évoquant « la révélation » divine au fin fond de l’univers. Cette première partie se conclut finalement de façon plus apaisée sur les derniers mots, ‘Christus Apollo’.

 

II.

NARRATOR
On worlds gone wandering and lost from this
Did Wise Men gather in the dawn
In cloudy streams of Beast
Within a place of straw now quickened to a Shrine
To Look upon a stranger Child than ours?

How many stars of Bethlehem burnt bright
Beyond Orion or Centauri’s blinding arc?
How many miracles of birth all innocent
Have blessed those worlds?
Does Herod tremble there
In dread facsimile of our dark and murderous King?
Does that mad keeper of an unimaginable realm
Send stranger soldiers forth
To slaughter down the Innocents
Or lands beyond the Horsehead Nebula?

 

CHORUS
For in this time of Christmas
In the long Day totaling up to Eight,
We see the light, we know the dark;
And creatures lifted, born, thrust free of so much night
No matter what the world or time or circumstance
Must love the light,
So, children of all lost unnumbered suns
Must fear the dark
Which mingles in a shadowing-forth on air.
And swarms the blood.
No matter what the color, shape or size
Of beings who keep souls like breathing coals
In long midnights,
They must need saving of themselves.

 

NARRATOR & ORCHESTRA


So on far worlds in snowfalls deep and clear
Imagine how the rounding out of some dark year
Might celebrate with birthing one miraculous child !

 

MEZZO-SOPRANO


A child ?
Born in Andromeda’s out-swept mysteries ?
And count their hands, the fingers,
Eyes, and most incredible holy limbs !
The sum of each ?
No matter. Cease.
Let Child be fire as blue as water under Moon.
Let Child sport free in tides with human-seeming fish ?
Let ink of octopi inhabit blood
Let skin take acid rains of chemistry
All falling down in nightmare storms.

Christ wanders in the Universe

 

NARRATOR & ORCHESTRA

A flesh of stars,

 

MEZZO-SOPRANO

He takes on creature shapes

 

NARRATOR & ORCHESTRA
To suit the mildest elements,

 

MEZZO-SOPRANO
He dresses him in flesh beyond our ken.

 

NARRATOR & ORCHESTRA
There He walks, glides, flies, shambling of strangeness.

 

CHORUS
Here He walks Man.

 

Le ton est ainsi donné. Dans la seconde partie, à nouveau introduite par la narration d’Anthony Hopkins, le chœur évoque l’époque de Noël sur un ostinato mélodico rythmique entraînant tandis que les harmonies demeurent imperturbablement dissonantes, basées sur la série de 12 sons. A noter ici l’arrivée d’un orgue qui apporte une dimension clairement religieuse à l’œuvre. L’orgue accompagne ici le texte évoquant la naissance des premiers êtres vivants sur terre.

 

L’orgue apporte une dimension baroque étonnante à l’œuvre, tandis que la séquence de l’arrivée des créatures de dieu et du monde des constellations permet au compositeur de lancer une phrase plus rythmée qui annonce clairement par moment le style de sa musique pour le film d’horreur ‘The Omen’ (1976). Goldsmith apporte ici un rythme saisissant à cette partie médiane de la seconde partie, mais n’estompe pas pour autant le caractère chaotique et tourmenté de l’œuvre. S’en suit alors la séquence de la naissance du Christ, avec un chant plus apaisé de la mezzo-soprano entouré de quelques instruments solo (violon, orgue, etc.). La coda finale se conclut avec la phrase du chœur ‘Here He walks Man’ avec un effet de figuralisme impressionnant, un accord de do majeur extrêmement serein et épuré, faisant brusquement son apparition sur le mot ‘Man’ (l’homme). Goldsmith introduit ici un bref élément de tonalité dans un langage résolument dodécaphonique et dissonant, un effet qui n’est pas sans rappeler là aussi certains passages de la ‘Passion’ de Penderecki qui introduisait aussi de façon similaire certains éléments de tonalité au milieu d’un langage essentiellement atonal.

 

 

>>> SUITE PAGE 2

 

 

The-classical-Goldsmith.jpg
dos-programme-Apollo.jpg
bottom of page