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LES CHEF-D'ŒUVRES DE
20TH CENTURY FOX
ORIGINAL SOUNDTRACK
1973
AN IMPORTANT SCORE
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PAPILLON
Beaucoup considèrent que c’est probablement avec les films Franklin J. Schaffner que Jerry Goldsmith a écrit quelques unes de ses meilleures musiques de film. "Planet of The Apes", "Lionheart", "Patton", "Island in The Stream", etc. Toutes ces partitions sont restées des chefs-d’œuvre dans l’immense carrière du maestro californien. "Papillon" est généralement considéré comme l’une des meilleures partitions qu'ait écrit Goldsmith pour un film de Schaffner.
JERRY GOLDSMITH PHOTO BY
RUDY KOPL/SOUNDTRACK MAGASINE
La célébrité de sa musique tient avant tout de son inoubliable thème principal, une mélodie inspirée qui hante l’esprit longtemps après écoute. Le dit thème principal évoque le personnage d'Henri Charrière allias "papillon" (Steve McQueen), facilement identifiable à son utilisation d'un accordéon qui demeure un stéréotype typique lorsqu’il s’agit d’évoquer la France en musique. Jerry Goldsmith fait aussi débuter son thème avec l'utilisation d'un clavecin qui accompagne l'accordéon avant que l'orchestre ne reprenne ce thème en forme de valse possédant à la parisienne. Le compositeur apporte une certaine pointe de nostalgie et de mélancolie à cette valse, exprimant les regrets d'un homme qui a gâché sa vie, qui a perdu toutes ses précieuses années à vivre en prison à cause d'un crime qu'il n'a pas commis. Le superbe thème de ‘Papillon’ sert d’axe principal à la partition de Jerry Goldsmith.
Prenante, rebondissante, impressionnante, pour beaucoup
le chef-d'œuvre des chefs d'œuvre !
On le retrouvera sous diverses formes tout au long du film. A noter cependant que, comme dans 'Patton', il y'a assez peu de musique dans le film. Du coup, les moments où la musique apparaît deviennent plus intenses et mémorables.
Jerry Goldsmith a voulu évoquer dans un premier temps l'environnement terrifiant et inhumain de la prison de l'île du Diable. Goldsmith décrit l'arrivée des prisonniers vers le début du film avec une lente marche sombre et inquiétante, utilisant un motif que l'on retrouvera plus tard dans le film, le motif associé dans le film à la sinistre prison. L’orchestre demeure sombre (cordes, cuivres, bois et timbales accompagnent la marche des prisonniers), Goldsmith accentuant déjà ici ce que le réalisateur cherche à montrer dans son film: les conditions inhumaines des prisons françaises du début du siècle. Le style d'écriture de ‘Papillon’ rappelle beaucoup le Goldsmith de "Planet of The Apes" et "Patton", le côté extrêmement avant-gardiste en moins.
'Papillon' est une partition teintée de nombreuses émotions et d’une très grande richesse. Après la séquence de l’arrivée des prisonniers, on découvre ensuite une autre facette de la partition de Goldsmith durant la fameuse scène de la chasse aux papillons. L'orchestre devient ici plus souple et aérien, les flûtes et les hautbois sautillants expriment la légèreté du vol des papillons durant l’un des rares moments de paix pour les prisonniers, une véritable bouffée de fraîcheur dans un environnement froid et cruel.
Le morceau possède aussi un côté impressionniste qui doit beaucoup à la musique de Debussy. On alterne ensuite tout au long de la partition entre des moments plus légers et d’autres plus sombres, comme la scène de l’évasion de Charrière et de ses deux amis qui débarquent sur une île étrangère avant d'être pris en chasse par des gardes du coin et des indigènes. Papillon y fait la connaissance d'un nouvel ami, Antonio, avec qui il ne passera pas beaucoup de temps puisque ce dernier mourra dans un piège tendu par les indiens. On retrouve dans cette séquence le Jerry Goldsmith action que l'on apprécie tant dans un moment musicalement intense, l'orchestre résonnant dans toute sa puissance (écriture virtuose des cuivres assez impressionnante, durant le plan où l'on aperçoit papillon se jeter du haut d’une falaise pour semer ses poursuivants). Ce bref morceau d’action rappelle beaucoup certains passages de 'Planet of The Apes' ou les morceaux d’action étonnamment modernes de 'Von Ryan's Express'. Avec ces quelques rares passages action, Jerry Goldsmith démontre une fois de plus à ses auditeurs qu'il sait maîtriser l'orchestre avec une complexité et une virtuosité rare, une complexité simplement du au fait de la rapidité de mouvement de ces scènes impliquant justement une synchronisation adéquate.
Le thème principal revient à plusieurs reprises dans la partition de Jerry Goldsmith et ce sous différentes formes, parfois aux cordes, parfois à l'accordéon, et toujours avec cette lenteur et cette émotion qui colle au plus près des différentes expériences de 'Papillon' dans un univers carcéral déshumanisé. L’émotion atteint d’ailleurs un climax durant la scène où Charrière réussit son évasion en bateau avec ses deux amis. Pendant près de cinq minutes, Goldsmith accompagne la scène en suggérant différentes émotions avec une certaine subtilité. Tout d'abord, la sensation d'être enfin libre et le soulagement enjoué qui en résulte, traduit à l’orchestre par des cordes plus denses et un motif dérivé du thème de la prison.
Puis, la musique nous amène progressivement vers la séquence où papillon et son ami doivent soigner la jambe blessée de Delga qui souffre de sa blessure. Goldsmith modifie ici le ton de sa musique qui devient subtilement plus dramatique et tragique, illustrant à la fois la douleur de Delga mais aussi l'amitié forte qui unie les deux hommes. Autre grand moment d'émotion, celui des adieux entre les deux compagnons à la fin du film, le compositeur reprenant pour la dernière fois le thème principal avec l'accordéon pour suggérer l'évasion finale de papillon hors de l'île du diable.
L'idée de liberté apparaît plus particulièrement lors de la séquence où papillon est recueilli par des indigènes dans un petit village d’une île exotique. Cette longue séquence sans paroles est une aubaine pour Jerry Goldsmith car elle permet au compositeur de laisser librement s’exprimer sa musique sur les images sans aucune contrainte sonore. Goldsmith utilise pour cette séquence un motif qu'il développera tout au long du morceau, et qui exprime à la fois la liberté (provisoire) de papillon après son évasion de la prison et le caractère paradisiaque de ce coin exotique. Les sonorités orchestrales de la musique se tournent davantage ici vers un caractère plus léger et enjoué, suggérant habilement cette idée de paradis gagné/liberté retrouvé. Le dit morceau permet de respirer un grand coup entre deux passages plus sombres et agités, laissant ainsi la possibilité au compositeur de développer une séquence musicale majeure pour ce qui demeure sans aucun doute l'un des plus beaux passages de la partition de 'Papillon'.
'Papillon' reste sans aucun doute l'une des plus belles partitions écrites par Jerry Goldsmith pour un film de Franklin J. Schaffner, annonçant déjà le style impressionniste et lyrique de ‘Islands in the Stream’.
Avec 'Papillon', Goldsmith démontre une fois encore toute l’étendue de son talent au sein d’une partition subtile, contrastée, riche en émotion. La musique tire sa force du jeu nuancé de l’orchestre, des sonorités instrumentales mais aussi de la manière qu’a le compositeur d'aborder les scènes et d'approfondir toujours plus l'émotion d'une séquence (la mort d'Antonio, le voyage en bateau, les adieux finaux, etc.).
Bien plus qu'un thème principal extrêmement inspiré et inoubliable, 'Papillon' est avant tout un monument dans la carrière de l'un des maîtres de la musique de film, aux côtés de 'Patton', 'Planet of The Apes', ou même d'autres partitions hors des films de Schaffner. Un trésor du maestro californien, à connaître absolument
UN CLIMAT PESANT AU RYTHME DE LA PUISSANTE EMOTION !
AU DELA DE L'IMAGE, LA MUSIQUE​,
PUISSANTE, INDISPENSABLE,
PRÉSENTE, PARTICIPANTE,
ERRANTE COMME
LE FANTÔME DE PAPI.
FORTE COMME SA DÉTERMINATION
ET BELLE COMME L'ESPOIR.
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UNE ŒUVRE QUI BOUSCULE
LES CODES DE L'HUMANITÉ !
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MERCI JERRY GOLDSMITH
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MUSICAL LAW.