Giant in scope and sound, Jerry Goldsmith’s rip-roaring action score is an indestructible, hard-charging marvel of orchestration. This remastered, deluxe “Expanded Archival Collection” presentation showcases the maestro’s film score on Disc One, while Disc Two presents the CD world premiere of the original 1978 LP program, featuring unique edits and takes, and additional bonus cues! Produced by Bruce Botnick and Neil S. Bulk and entirely re-mixed and mastered in high resolution by Botnick from first generation ½’’ analog studio vault elements, this special release is limited to 3000 units and features exclusive, in depth liner notes by “The Fantasy Film Worlds of Irwin Allen” author Jeff Bond and stingingly sharp art direction by Dan Goldwasser...
Jerry Goldsmith signe avec 'The Swarm' l'un de ses derniers grands scores orchestraux de la fin des années 70, le compositeur atteignant l'apogée de son art en 1979 avec deux de ses plus grands chef d'oeuvre: 'Alien' et 'Star Trek: The Motion Picture'. 'The Swarm' est une grande partition symphonique dotée d'une thématique forte. Le 'Main Title/Red Two Reporting' débute le film avec énergie, sur un espèce de bourdonnement orchestral de cordes et de cuivres (utilisation impressionnante de tremolos de cuivres) imitant astucieusement le bourdonnement des abeilles (certains ont même rapprochés cet effet orchestral au fameux 'Giant Bee' du score de 'Mysterious Island' de Bernard Herrmann). Après cette brève introduction, Goldsmith utilise son premier passage d'action sur une série d'ostinatos rythmiques à rôle martial pour l'arrivée des militaires dans le silo antimissile, au début du film. Le motif rythmique de ce premier passage d'action 100% Goldsmith n'est d'ailleurs pas sans rappeler le thème en rythmes syncopés de 'Capricorn One' (1978), un score auquel le compositeur semble parfois faire référence au début du film. Après ce premier passage martial annonçant le thème principal (motif d'action) de 5 notes sur un rythme très soutenu, on entre dans le côté plus sombre de la partition avec 'The Black Mass' et 'What Happened', et c'est 'The Bees Picnic' qui développe le thème des abeilles, motif de 7 notes menaçant, souvent confié à des cuivres graves pesants. 'The Bees Picnic' décrit avec fureur la première attaque d'abeilles lors de la séquence du pique-nique, qui débute au son d'une petite musique sautillante et gentillette, qui jure un peu avec le début assez agressif du score. On retrouve ici aussi les bourdonnements de cuivres évoquant à merveille le bruit des abeilles, un nouveau morceau d'action tonitruant et virtuose dans lequel le compositeur démontre, une fois encore, sa maîtrise de l'écriture orchestrale.
Très vite, Goldsmith installe une sinistre ambiance de psychose grâce à sa musique, nettement plus convaincante que le film en lui-même. La partition est essentiellement dominée par de très larges morceaux d'action excitants à souhait, preuve que le maestro était déjà un grand maître de la musique d'action à cette époque (on regrettera juste le côté un peu répétitif du score).
Si 'The Swarm' est un très mauvais film, il aura au moins permit à Jerry Goldsmith de mettre en avant certains de ses plus beaux morceaux d'action des années 70. Le reste de la partition oscille entre deux axes majeurs: le suspense et la romance, essentiellement concentré autour de quelques rares pièces telles que 'Oh Maureen', séquence où Clarence (Fred MacMurray) déclare sa flamme à Maureen (Olivia de Havilland). 'Oh Maureen' permet donc au compositeur de relâcher la tension de manière assez brutale, en rompant totalement avec le ton sombre et martial du reste de la partition: Goldsmith présente ici un petit 'Love Theme' très gentillet et nostalgique dans lequel il met l'accent sur les vents et quelques cordes intimes.
On pourra peut-être trouver que ces quelques morceaux romantiques jurent beaucoup avec le reste de la partition, mais ils apparaissent néanmoins comme de véritables pauses dans lesquelles l'auditeur/spectateur peut prendre sa respiration, avant de repartir de plus belle dans l'action. A noter un passage mélancolique poignant pour la séquence où Jud Hawkins (Slim Pickens) pleure sur le corps de son fils, vers le début du film, un rare moment d'intimité et de tristesse, qui nous rappelle discrètement que derrière cette attaque d'abeilles tueuses se cache aussi une véritable tragédie humaine.
Le thème des abeilles reste omniprésent, comme pour rappeler que ces bestioles sont partout et peuvent surgir d'un moment à l'autre. Les différentes séquences d'attaque contiennent quelques grands moments d'action tels que 'The Bees Arrive' ou 'Train Wreck', pour la séquence spectaculaire de l'attaque du train, excellent déchaînement orchestral virtuose dans lequel le compositeur nous propose une série de développements intéressants sur le sombre thème des abeilles, toujours entouré d'un bourdonnement de cuivres sauvages. Goldsmith a parfaitement réussi à capter dans sa musique toute la sauvagerie des attaques d'abeilles et des dégâts qu'elles laissent derrière elle. Visiblement, comme à l'accoutumée, le maestro californien est le seul sur ce film à avoir fourni un travail remarquable et inspiré. 'Burn E'm Out!' et 'Get Reinforcements!' font monter la tension lors de passages d'action toujours très excitants, évoquant la contre-attaque désespérée contre les abeilles.
On retrouve, au final, le thème d'action du 'Main Title' et le motif rythmique inspiré de 'Capricorn One' dans un 'The Bees Inside' au rythme martial, lors de la destruction finale des abeilles.
La partition trouvera finalement une conclusion grandiose et triomphante avec le superbe et incontournable 'End Title' développant un thème héroïque constitué de 3 notes qui, en anglais, donnent: 'B-E-E (un octave au dessus)'.
Evidemment, certains y ont vu une petite plaisanterie de la part du compositeur, puisque 'Bee', en anglais, signifie 'abeille'. Quoiqu'il en soit, ce superbe 'End Title' nous propose un dernier récapitulatif du motif martial entendu dans certains morceaux d'action de la séquence à Houston, et c'est un pur sentiment de triomphe qui se dégage de ce superbe morceau épique, toujours aussi rythmé. Il est même dommage d'être obligé d'attendre la fin du film pour entendre un morceau aussi excellent.
Au final, si 'The Swarm' s'avère être un gros navet qu'on oubliera très vite, le score de Jerry Goldsmith est, paradoxalement, l'une de ses partitions incontournables de la fin des années 70, le genre de score inspiré qui nous prouve à quel point une musique peut aisément dépasser un film en s'inscrivant dans une dimension musicale plus réfléchie, plus aboutie, plus maîtrisée, et foncièrement plus intéressante que le film en lui-même.
'The Swarm' fait donc partie de ces grandes partitions symphoniques écrites pour un film peu consistant, un score d'action/aventure dans lequel le compositeur nous aura une fois de plus prouvé qu'il est bel et bien un des grands maîtres de la musique d'action survitaminée. Une partition incontournable, à redécouvrir grâce à cette excellente réédition complète de La La Land.
Quentin Billard