score
analyses )
BILL CONTI UNOFFICIAL WEBSITE
par
quentin billard
Masterpiece
chef-d'œuvre
LLLCD1520
Limited Edition:
3000 UNITS
KARATE KID
original motion picture
35thAnniversary )
LALA LAND SOUNDTRACK
Poursuivant sur sa lancée de film en rapport avec le sport et ses valeurs (courage, persévérance, dépassement de soi), le réalisateur John G. Avildsen nous offrait en 1984 le sympathique « The Karate Kid », divertissement pour ado typique des années 80 - on doit à Avildsen un grand classique du film de sport, « Rocky » (1976).
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« The Karate Kid » raconte l’histoire de Daniel Larusso (Ralph Macchio), un jeune ado ordinaire de 16 ans originaire du New Jersey, qui part s’installer avec sa mère en Californie où elle a trouvé un nouvel emploi. Un soir, Daniel fait la connaissance de la jolie Ali (Elisabeth Shue, toute jeunette à l’époque !) mais se retrouve rapidement dérangé par une bande de motards menée par Johnny (William Zabka), l’ancien petit ami d’Ali qui essaie alors de la violenter.
Daniel tente alors de s’interposer mais se fait brutalement rosser de coups. Le jeune garçon va désormais tout faire pour éviter de croiser la route de Johnny et sa bande, mais continue d’entretenir une relation avec Ali. Un jour, Mr. Miyagi (Pat Morita), le vieux jardinier, décide de lui apprendre le karaté pour qu’il sache se défendre en cas d’affrontement. Convaincu, Daniel accepte de prendre Miyagi comme maître - l’acteur Pat Morita reçut d’ailleurs une nomination aux Oscars 1984 pour ce rôle Son entraînement au karaté commence alors, de la façon la plus improbable qui soit : Miyagi lui demande ainsi de repeindre ses palissades, de laver ses voitures ou d’attraper des mouches avec des baguettes plutôt que de lui enseigner le combat. « Daniel-san » ne comprend pas où son maître veut en venir, et pourtant, ses corvées finissent par devenir payante le jour où le jeune garçon réalise enfin les vertus de son travail. Arrive alors le jour fatidique où, suite à un défi, Miyagi décide d’inscrire son jeune élève dans un important tournoi de karaté.
« The Karate Kid » est donc un véritable film culte des « eighties », un film qui permit à toute une génération de redécouvrir les vraies valeurs du karaté, non plus en tant que sport de combat, mais en tant qu’art martial de défense, avec toute une philosophie, plus profonde qu’elle n’y paraît - le respect des traditions et de la sagesse, la relation maître/élève, les bienfaits du travail et les valeurs du dépassement de soi. Le scénario de Robert Mark Kamen - aujourd’hui un peu daté - fut suffisamment convaincant pour séduire le public et faire de ce film un véritable succès de l’année 1984 : John G. Avildsen réalisera d’ailleurs deux autres suites en 1986 et en 1989, sans oublier un quatrième opus, « The Next Karate Kid » en 1994, réalisé par Christopher Cain, et un remake récent réalisé par Harald Zwart en 2010, avec Jaden Smith et Jackie Chan. Avec le recul, « The Karate Kid » reste malgré tout un divertissement sympathique mais qui a bien mal vieilli : le film met du temps à décoller, reste trop longtemps centré sur les bluettes entre Daniel et Ali - avec tous les clichés des films d’ados américains des années 80 - et les scènes d’entraînement au karaté sont finalement peu nombreuses, le rythme étant un peu trop rapide pour être réellement crédible - Daniel arrive trop vite au tournoi de karaté, là où le remake de 2010 prenait davantage son temps pour évoquer l’évolution et le parcours du jeune garçon. Malgré ses défauts, « The Karate Kid » reste un classique incontournable du divertissement hollywoodien des années 80.
La musique symphonique de Bill Conti reste sans aucun doute l’un des points forts du film de John G. Avildsen, en parfaite adéquation avec cette histoire de dépassement de soi, de persévérance, d’amitié et de courage. C’est la cinquième fois que Bill Conti collabore à un film d’Avildsen après sa célébrissime partition pour « Rocky » en 1976, qui lui permit de décrocher l’Oscar de la meilleure chanson à l’époque pour « Gonna Fly Now », sans oublier les musiques pour les films « Slow Dancing in the Big City » (1978), « The Formula » (1980) et « Neighbors » (1981). La musique de « The Karate Kid » fait appel à l’orchestre symphonique habituel agrémenté de quelques synthétiseurs et rythmes pop typique des années 80, sans oublier l’apport essentiel du célèbre musicien Gheorghe Zamfir à la flûte de pan, qui apporte une couleur particulière essentielle à la musique de Bill Conti. Le score repose essentiellement sur deux thèmes, un thème joyeux et enjoué pour Daniel, et un thème plus sage et asiatique pour Miyagi. Après une ouverture rafraîchissante et bondissante, le thème de Daniel est introduit par une flûte sur fond de petites percussions au milieu du « Main Title », avec des orchestrations riches et soignées typiques du compositeur.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le score de « The Karate Kid » ne fait pas particulièrement appel aux traditionnelles sonorités asiatiques, mais préfère se concentrer plutôt autour des sonorités de l’orchestre et du jeu éthéré de la flûte de pan de Gheorghe Zamfir - Bill Conti ayant toujours été fan de cet instrument. Conti privilégie donc le côté occidental dans sa musique, même si certaines idées viennent rappeler les éléments asiatiques du film (Miyagi, les arts martiaux, etc.).
Après un « Main Title » enthousiasmant et rafraîchissant, Conti introduit un son pop/synthétique typiquement années 80 dans « First Nite », avec ses synthétiseurs typés et sa guitare électrique rock un brin datée. Même chose pour « Bumpy Ride » où le thème de claviers/guitare n’est pas sans rappeler certains passages pop de « Rocky ». On nage ici en plein kitsch, même si la musique reste agréable et décomplexée. Conti évoque dans le film l’univers des ados américains des années 80 avec les inévitables touches pop/rock alors en vogue à l’époque. Même chose pour « Dan Ducks Out » et son ensemble guitare/boîte à rythme/basse/claviers. Le compositeur évoque aussi la romance entre Daniel et Ali avec un motif de clavier électrique plus intime et doux. Dommage cependant que Conti ne développe pas particulièrement ce motif par la suite - un problème récurrent dans le score de « The Karate Kid ».
Dans « Bonsai Tree », Conti introduit le thème de flûte de pan associé dans le film au personnage de Miyagi, évoquant l’idée des valeurs que défend le personnage de Pat Morita dans le film (sagesse, persévérance, dépassement de soi). En revanche, l’ambiance se veut plus douce et intime dans « Decorate the Gym » avec une reprise du thème de Daniel, plus apaisée. Enfin, « Miyagi Rattles Bones » évoque la séquence où Miyagi intervient pour sauver Daniel d’une embuscade. Conti met ici l’accent sur des cordes plus agitées et quelques sonorités plus sombres avant de céder à nouveau la place à la flûte de pan pour évoquer la philosophie plus « zen » de Miyagi. Son thème est alors repris dans « Miyagi Intercedes », avec un motif simple de 4 notes de pizz répété plusieurs fois - un élément caractéristique du matériel thématique associé à Miyagi dans le film. « On to Miyagi’s » reprend le motif de pizz du vieux maître d’arts martiaux développé ici dans sa version intégrale de 9 notes, évoquant cette atmosphère de zen, de sagesse et de détente avec brio. A noter l’utilisation d’une flûte à bec qui vient parfois relayer la flûte de pan, et de quelques sonorités cristallines discrètes de waterphone en arrière-fond pour apporter une couleur plus particulière à la musique de Miyagi dans le film. Seule ombre au tableau : toute la partie centrale du score de « The Karate Kid » est malheureusement saturée de reprises trop identiques et répétitives du thème de Miyagi mais dans le film, le résultat est en parfaite adéquation avec les images : la musique reflète clairement la sagesse du vieux maître et la philosophie du karaté qu’il tente d’enseigner à son jeune élève.
« Daniel Sees the Bird » permet à la partition d’atteindre un premier point culminant pour un morceau au classicisme pur typique de Bill Conti : à la manière de la fugue finale à la fin de « Rocky », Conti nous offre ici une très belle pièce pour cordes et flûte à bec imitant le style des concertos pour flûte à bec baroque d’Haendel, Telemann ou Vivaldi, évoquant l’accomplissement de Daniel au cours de son entrainement. Conti en profite pour nous rappeler à quel point il a toujours été très proche du répertoire classique qu’il maîtrise sur le bout des doigts avec une classe et une élégance rare.
Dommage qu’il s’agisse du seul morceau écrit dans ce style-là pour « The Karate Kid » : on aurait bien aimé en entendre plus ! « Fish & Train » poursuit l’évocation de l’entraînement de Daniel-san, avec une nouvelle reprise de l’entêtant motif de pizz/flûte de pan de Miyagi. L’entraînement s’intensifie dans « Training Hard » où la musique nous propose une envolée orchestrale majestueuse avec la flûte de pan pour l’entraînement au bord de la plage. Conti se fait plaisir en reprenant le thème de Daniel (« Main Title », « Feel the Night ») pour un bref mais sympathique Love Theme dans « The Kiss », évoquant encore une fois la relation entre le jeune garçon et la jeune Ali, dans un arrangement kitch tendance pop 80’s. Enfin, « Japanese Hand Clap » accompagne la séquence du duel final au cours du tournoi de karaté, qui se prolonge dans le sombre « No Mercy » avant de céder la place au triomphant « Daniel’s Moment of Truth », véritable moment de concrétisation lorsque Daniel effectue son spectaculaire coup de pied retourné final et met son adversaire au tapis.
Bill Conti signe donc au final une très belle partition « The Karate Kid » qui possède un charme tout particulier, surtout grâce au jeu nuancé et élégant de la flûte de pan de Gheorghe Zamfir et des nombreuses reprises du thème zen de Miyagi. Ce solide score n’en demeure pas moins très réussi, une musique parfaitement indissociable de l’ambiance du film culte de John G. Avildsen et qui a sans aucun doute grandement contribué à asseoir la popularité du film auprès du public, un score attachant et plein de charme.
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